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     mary |
Grosby le Magnifique avait écrit à Stan : "Trop de pensées qui font des nœuds. Nous avons oublié ce qu'est être, aimer, courir, danser. Parce que nous cherchons trop souvent une pensée à exprimer qui surprenne le monde. Nous devrions pleurer. Nous pensons. Nous devrions rire. Nous pensons. Nous devrions partager. Nous pensons. Nous devrions aimer. Nous pensons. Nous mesurons. Nous évaluons. Nous discutons. " ..... Ces paroles ont quelque peu secoué Stan, du coup il décide de se remettre en question. Il faut reconnaître que depuis quelque temps Stan se laisse aller. Il ne lit plus les journaux et n'écoute plus la radio. Il n'analyse plus rien, ne débat sur rien. D'un autre coté, il ne profite pas de la vie non plus. Il mène une vie morne, vide, sans aucun but. Pire encore, même s'il ne faut pas le dire à tout le monde, il ne se lave que rarement et la bouteille de son parfum préféré reste intacte. Oh ! Ceci est mauvais signe. Son cerveau est noué par ce manque de pensées ou peut-être est-ce son corps qui est noué. Va savoir ! Stan a toujours besoin de se sentir libre dans son corps, d'écouter son corps, de vivre. ..... Il décide donc de se prendre en main. Il va suivre les méthodes des anciens. D'abord il va libérer son corps, puis il remplira son esprit. ..... Ah! Il va mener la vie de Grosby. Il a aussi une Daisy au fond de son cœur. Toutefois comment éblouir cet être exceptionnel ? Comme son héros, les autres femmes ne l'intéressent pas. Stan a beaucoup d'appréhensions dans ce domaine, il faut dire que la divine Daisy n'était vraiment pas à la hauteur. Se condamner à une autre déception ? Non décidément cette histoire ne lui dit rien. Selon un philosophe dont le nom échappe à Stan, mais quelque chose comme « Construction », une personne se remplace par une autre. Stan avait déjà vérifié empiriquement cette affirmation et dans son cas ce remède ne fonctionne pas, il ne donne que des désastres ! ..... Il prend donc un verre de vodka, puis un autre, puis un autre, pleure un bon coup sur son sort et s’endort. ..... Le lendemain, se sentant toujours triste, il se rend chez ses amis russes. Il prend sa trompette, il va jouer Armstrong et Sacha va jouer du violon. Ils burent, ils pleurèrent, ils rirent, ils chantèrent La thérapie dura un bon moment, combien de jours exactement? Personne ne se souvient. C'est ce qu'on appelle une véritable thérapie de groupe. Donc au programme : du sport, des jeux et du pain. ..... Il accomplit facilement la première étape de son programme. Il rentre dans le jeu et s'amuse. C'est une situation exceptionnelle. Il a soudainement envie des faire des bêtises. Il s'inscrit dans un cours de danse. Il s'éclate. Il faut admettre qu'il n'est pas le premier élève de sa classe mais ceci n'a aucune importance ! Déjà il a une idée dans la tête. Il improvise la danse, il va révolutionner ce domaine, plus personne ne comptera les pas, la musique elle-même va les dicter. Tout le monde va improviser, créer dans la joie. Il se voit déjà en tant que créateur d’un nouveau courant, son nom sera sur les affiches et dans les livres d'histoires. Finalement, comme d'habitude, il devient un artiste non reconnu et il est obligé de redoubler la classe. Il persiste mais il n'y a rien à faire. ..... Son chagrin était grand et il s'est consolé à sa manière : il est allé boire et chanter chez ses amis russes. La fête dura jusqu'au petit matin mais le deuil était fait. ..... Tant pis, il va essayer de changer un autre domaine complètement sclérosé. Il s'inscrit à des cours d'équitation. Là aussi il y a des choses à faire ! Il faut retrouver l'équilibre ancestral entre l'homme et l'animal. Cette équitation à l’anglaise est trop superficielle. Trop de rigueur, tout contre la nature. Cette fois-ci ses innovations n'ont pas eu le temps d'être mises en place, il a été tout simplement viré des cours pour manque de discipline. Autant pour l'inventivité ! ..... Stan a mal partout, il est obligé d’arrêter un peu de s'agiter. Le seul sport qu'il peut pratiquer ces sont des promenades autour de sa table. Il fait d'habitude soixante tours. Ceci est très confortable : il ne rencontre personne, il n'est pas obligé de s'habiller et il peut le faire même quand le temps est mauvais. Peu à peu, au cours de ses promenades, il commence enfin à se remettre à réfléchir. Puis il s’entoure de livres sur la philosophie. Il en choisit un et analyse le sommaire : "Connaissance, Esprit, le Moi, Dieu, Raisonnement, et …Que faire." Evidemment, il va commencer par le dernier chapitre, de cette manière il comprendra TOUT : Que faire ? Cette fois-ci, il s’est endormi sur le livre. Les jours suivants il se promène autour de sa table en culpabilisant et en se demandant : Que faire ? Au cours d'une de ses promenades rituelles il eut une soudaine illumination. Mais oui ! Il se souvient d’une vieille anecdote qui répond à sa question. C'est l'histoire d'une famille très pauvre. Les parents ne savaient plus quoi faire pour s'en sortir. Après réflexion, ils décidèrent d'envoyer l'aîné de leurs sept enfants faire des études de philosophie. Ils espéraient que, à son retour, il pourrait à son tour aider tout le monde. En bon fils, il travailla comme un acharné, jour et nuit. La famille s’était privée de tout pour lui payer ses études et il ne voulait pas les décevoir. Un jour, le fils rentra enfin, diplômé et très instruit. Le sacrifice, pensèrent les parents, va enfin pouvoir trouver sa récompense. Ils lui laissèrent un moment pour réfléchir et répondre enfin à la question : Que faire maintenant pour gagner de l'argent ? Le fils s’enferma dans sa chambre et se mit à réfléchir, réfléchir, réfléchir. La famille tourna sans arrêt autour de la porte sans oser la franchir. Il faut lui laisser le temps de réfléchir, se disaient-ils. Au bout d’un long moment ils commencèrent à s’impatienter. Quand va-t-il trouver la solution, peut-être est-elle déjà prête ? Sans le brusquer, ils lui demandèrent s'il avait fait le tour de la question. Oh oui ! Il a pensé longuement. Le sujet est, il est vrai, passionnant. "Voici ma conclusion", raconte enfin le fils prodige à toute sa famille réunie autour de lui. "Si nous ramassons toutes les pierres de la terre (cela est facile et gratuit). Si, de même, nous ramassons ensuite tous les verres de la terre (c'est aussi possible)." - Et alors ? demandèrent-ils tous, très intrigués. On pourrait faire un commerce ? C'est ça ton idée géniale? Le fils reprit : "Patience. Voilà : Si, après avoir tout ramassé, nous faisons ensuite deux grands tas et que nous jetions le tas de pierres sur le tas de verre : quel bruit cela ferait-il ?" Je raisonne, je présume et alors ? je n'arrive pas trop peu sait-on et de soi- même et du raisonnement jamais on ne sait si c'est raisonnable |