Rien Log Out | Thèmes | Recherche
Modérateurs | Fiche Personnelle

66 zone franche - Le forum de Francopolis » Romans, nouvelles » Rien « précédent Suivant »

Auteur Message
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

mary
Envoyé lundi 15 mars 2004 - 12h01:   

….. Stan flâne en ville, regarde les autres courir, se précipiter quelque part et il se demande où ? Il aurait aimé pouvoir les suivre et voir tout ce qu'ils font, connaître leurs occupations.
Lui, il n'a absolument 'rien' à faire.


…..Il se souvient de la phrase d'Alphonse Daudet : "Et tandis qu'on philosophait sur le rien de cette existence, il triomphait, ce rien, jusque dans la mort."

…..Il décide d'aller au parc et de réfléchir sur le sens du mot 'RIEN'.
Il essaie de plonger dans ses souvenirs d'école. C'est vrai, souvent ils parlaient de 'rien', toutefois ils n'ont jamais défini ce mot. Lors d'un examen Stan n'avait 'rien' écrit, ceci est sûr, mais on ne peut pas dire qu'il n'avait 'rien' rendu, il a rendu une feuille blanche. Il ne peut même pas se vanter de n'avoir 'rien' écrit car malheureusement il a été obligé d'écrire son nom.


….. Stan décide de se rendre à la bibliothèque et de faire des recherches.
En chemin, il analyse des chansons qui contiennent le mot 'rien'. Là, il est un peu embêté car en général 'rien', dans ces chansons, sous-entend une douleur. Edit Piaf " Rien, rien de rien, rien, je ne regrette rien"
Mais ce 'rien' semble avoir un passé bien lourd.
Julien Clerc, lui, dédramatise le temps qui passe :
"Ce n'est rien, tu le sais bien, le temps passe et ce n'est rien (…)
Et ce n'est qu'une tourterelle qui revient à tire d'aile en rapportant le duvet qui était ton lit un beau matin"
D'ailleurs ne dit-on pas "ce n'est rien" quand on se fait mal ? Ah, le problème se complique.


…..Bon, ce n'est 'rien', les philosophes ont certainement inventé une théorie, ils sont capables de tout. A la surprise de Stan, les philosophes sont décevants dans ce domaine, ils ne se sont pas penchés sur le sujet. A force de recherches, Stan trouve dans une encyclopédie une loi "Tout ou rien" mais elle concernait un phénomène de fibres nerveuses et Stan n'a rien compris.


Ah ! Ce n'est pas si facile de décourager Stan, il va chercher dans le nouvel outil miracle qu'est le net : en recherche simple il a quand même trouvé 86 pages contenant le mot 'rien', mais 'rien' de concluant.
Il y avait bien un site "rien" mais l'annonce était claire : "Le site rien est mort de sa belle mort". Tout ceci n'avançait pas beaucoup Stan.
Il lance donc une recherche avancée et là au moins il trouve une phrase qui lui convient "Un Ricard sinon rien"
Bon, tout ceci ne le rapproche guère de la vérité tant recherchée.


Récapitulons : les philosophes ne disent 'rien' sur 'rien', les encyclopédies non plus et Internet propose un Ricard. Stan commence à se dire que la dernière solution sera la meilleure.
Mais attention, pour avoir la conscience tranquille il faut encore vérifier les dictionnaires.


……Bien sûr il trouve rapidement la définition :
"RIEN : pronom indéfini, nom masculin et adverbe.
Quelque chose (dans un contexte qui n'est pas affirmatif). - Chose (quelque chose), quoi (que ce soit). "
Alors si 'rien' "est quelque chose que ce soit", il n'est qu'un TOUT ?
Ah non ! Là, Stan refuse catégoriquement cette solution. 'Rien' a toujours été pour lui le contraire de tout. Mais cette fois-ci il ne va pas faire la recherche sur Tout, ce sera pour une autre fois.
…… Sur le chemin du retour Stan, s'arrête dans un bar pour boire son Ricard bien mérité.
Il y rencontre son copain Romejko qui est constamment dans de bonnes dispositions pour boire et pour discuter. Stan partage avec lui son souci.
Romejko n'en n'est pas à son premier Ricard, cet état le rendait d'une humeur plutôt lyrique et sentimentale. Ils commencent à penser à leur enfance et se souviennent …
- Mais oui, peut -être cela va t'aider, tu ne te souviens pas du poème de Szymborska ?
Nous étions obligé de réciter par cœur un poème. Romejko, un fois échauffé, ne va pas se gêner. Il monte sur la table afin de partager tout avec tout le monde sa science et récite :


"Vivre c'est au moins une fois
Trébucher sur une pierre
Recevoir la pluie
Perdre ses clefs dans l'herbe,
Suivre du regard une étincelle du vent
Et
Rester sans rien savoir"


…..Stan est fatigué et plus du tout réceptif. Il n'a pas envie d'entendre la phrase de Socrate et on ne sait pas quoi encore.
Il rentre à la maison tout abattu. Il est inquiet.
S'il n'est pas capable de parler de 'rien' alors il est bon à 'rien' !

….. En s'allongeant sur son lit, il se dit :
Combien de temps peut-on penser à 'rien' ?

Sa tête était vide. 'Rien' de plus normal, quand Stan avait passé sa tête dans un scanner, le diagnostic des médecins avait été unanime : "Vous n'avez 'rien' dans le cerveau !"
Il prend un livre, pour lui le meilleur des somnifères. Il va lire "Proverbes dramatiques" de Carmontelle.
Et que lit-il ?


"Vous ignorez donc combien un rien a d'empire sur nous. Un rien nous attriste, un rien nous console; un rien nous élève, un rien nous détruit. Un rien révèle les charmes d'une jolie femme, un rien nous fait perdre ses bonnes grâces; mais un rien nous fait adorer d'elle. Près des femmes avec un rien on obtient tout, et bientôt le dégoût de la possession succédant au plaisir, ce tout charmant n'est plus à nos yeux qu'un rien très ordinaire qui n'a de prix que pour celui qui ne le connaît pas."



Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

mary
Envoyé lundi 15 mars 2004 - 12h39:   

J’ai oublié !
Rien n’est pas écrit pour rien.
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

Noel
Envoyé lundi 15 mars 2004 - 12h42:   

avec deux fois rien , on a déja quelque chose )))
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

JG
Envoyé lundi 15 mars 2004 - 23h46:   

Rien qu’un mot

J’effleure de mes ongles, aux sources du hasard, La Superbe d'un Rien.
Parfois d'autres beautés, un envers de moi-même, juste haut dessus des phrases, qui me tardent à venir…
Le beau d'un petit Rien, les matins retournés, dans la brume qui pousse
En phrases échafaudées à la force des mots, comme on monte un bateau…
La superbe d'un Rien, supposant la falaise, la mer… et puis les voiles, touchant l'autre coté.
A chercher dans ma tête, ces pages non écrites, mes armes à contre nuit
A me chercher des vagues, qu'on creuse et que l'on vante
Au vague qui s'emmêle, aux couleurs de l’ennui
Jusqu'à tomber de haut de mon alpe céleste
A se réveiller mort de l'avoir tant rêvé
A se créer des peurs.
De ne savoir le dire
De ne pouvoir l’écrire
Aux pages non écrites, blanches comme la nuit

Effleurant de mes ongles, aux sources du hasard, La Superbe d'un Rien
Superbe, blanche et brillante… Affûtée comme une arme, échangée contre un " mot "
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

mary
Envoyé mardi 16 mars 2004 - 16h46:   

IL FAUT PASSER LE TEMPS (J. Prévert)

On croit que c’est facile
de ne rien faire du tout
au fond c’est difficile
c’est difficile comme tout
il faut passer le temps
c’est tout un travail
il faut passer le temps
c’est un travail de titan

Ah !
du matin au soir
je ne faisait rien
rien
ah ! quelle drôle de chose
du matin au soir
du soir au matin
je faisais la même chose
rien !
je ne faisait rien (…)

Message:
Identificateur : Information d'envoi:
Cet espace est public. Entrez votre nom d'intervenant et votre mot de passe si vous avez un compte. Sinon, entrez vos Nom, Prénom et votre nom d'intervenant si vous avez un compte . Laissez le champ 'mot de passe' vide. Votre adresse E-mail est optionnelle.
Mot de passe :
E-mail:
Options: Ecrire en tant que "Anonyme"
Code HTML non valide dans un message
Activation automatique d'URL dans un message
Envoyer:

Thèmes | Depuis hier | La semaine dernière | Vue d'ensemble | Recherche | Aide - Guide | Crédits programme Administration