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mary
Envoyé dimanche 28 mars 2004 - 20h04:   

Depuis un moment Stan a oublié le temps.
Il se sent mal. Il manque de motivations, néglige ses obligations, s’ennuie et a envie de ne rien faire. Il arrive même que de ne rien faire soit au-delà de ses forces.
Manifestement, quelque chose ne va pas.
Oh, il ne s’en veut pas du tout.
Pourquoi s’en voudrait-il ?
Pour lui tout est déjà clair et prouvé du point de vue scientifique. Il a lu les ouvrages des universitaires et des chercheurs.

Stan a un ami psychologue, Pierre, un véritable ami avec lequel on peut faire la fête et parler de tout et de rien. Pierre essaie de le comprendre, d’être tolérant et indulgent. Son métier l’oblige à un tel comportement.
Pierre se sert de Stan pour écrire sa thèse. Il l’observe et lui fait passer de nombreux tests.
Stan se prête au jeu, il trouve ces expériences très amusantes et attend impatiemment le diagnostic. Cela serait bien flatteur si sa personne pouvait s’avérer intéressante et donner lieu à de nouvelles découvertes, et quelle utilité pour la postérité !

Comme il aime également relever les défis, il se met devant sa glace et s’analyse attentivement, pour devancer Pierre.
Mais il ne voit pas grande chose, seulement un homme, vieux, fatigué et désabusé. Il est vraiment loin d’en tirer une quelconque conclusion.
Il faudra bien faire confiance à la science et attendre Pierre et les résultats de ses tests.

Enfin Pierre arrive ; il porte un dossier plein de courbes et de signes qui ont l’air sérieux. Selon tous ses calculs, très compliqués, et malgré des résultats ambigus, la conclusion est la suivante: Stan aurait manqué, on ne sait comment, une étape dans son développement.
Très bien se dit Stan, la vieillesse viendra donc plus tard, on ne sait jamais, on peut toujours rêver.
Surtout que selon J. Duval :
"La jeunesse ? Une merveilleuse chose !
Mais quel crime de la laisser gaspiller par les enfants !"
Pour une fois elle ne sera pas gaspillée !
Stan saura s’en servir.

Donc ce n’est ni une crise d’adolescence, ni un syndrome du démon de midi.
Ces termes sont inadéquats dans son cas, tant mieux.
Ils discutent sérieusement pour déterminer au mieux son état.
Le nom le plus proche pour définir le malaise de Stan est finalement évident !
Stan fait tout simplement des « crises existentielles ». On peut les faire à tout âge, on peut rechuter à souhait et en plus leurs survenues sont imprévisibles.
Ouf ! Au moins ils savent de quoi il s’agit, c’est toujours un pas de fait.
Il est donc évident que Stan ne peut pas avoir envie de travailler, on peut même aller plus loin, il a déjà, peut-être, développé une grave allergie au travail.
Tout s’explique : les étouffements, la tête qui tourne, les problèmes de vision, une surdité passagère…etc.

Il existe une devise communément admise :
« C’est très bien de savoir tout faire mais c’est encore mieux de ne pouvoir rien faire du tout ».

L’affaire n’est de toute évidence d’aucune gravité, une crise de plus ou de moins …
Malheureusement la médecine ne considère pas ces crises comme une maladie.
Le médecin, en prenant en compte le cœur fragile de Stan et sa sensibilité exacerbée, l’arrête pour un moment par simple précaution avec comme motif : temporairement inapte à s’adapter à la société.
Mais attention, un programme d’intégration sera bientôt mis en place. On ne peut pas rester éternellement dans cet état.
Il n’est pas question d’échapper au système si laborieusement mis en place et qui décide tout pour vous.

Au bout d’un certain temps on oblige Stan à rejoindre la société et toutes ses règles de fonctionnement.
On lui propose une intégration toute en douceur, un travail aménagé.
Effectivement, Stan est même amusé par la tache qu’on lui confie.
Il va travailler la nuit dans un centre d’hébergement pour travailleurs.
Sa tache principale est de veiller au calme la nuit, sinon il peut tranquillement dormir.
Etre payé pour dormir quelle veine ! Cette occasion ne se présente pas à tout le monde.
Stan, plein de bonnes intentions, se rend au travail.
Lors de son entretien, il apprend cependant que, en plus de dormir, il est obligé de réveiller tous les pensionnaires. Il s’agit tout simplement de frapper à six heures du matin à chaque porte, en s’assurant bien que chaque travailleur est prêt à se rendre dans son lieu de devoir.

La nuit se passe difficilement, il n’y pas un seul bruit, mais Stan a des états d’âme qui le torturent, il est en sueur, il s’étouffe, son cœur bat trop vite.
Comment lui qui est contre les obligations pourrait-il en infliger aux autres ?
Comment pourrait-il empêcher les gens d’oublier et de rêver ?

A six heures du matin Stan médite encore.
Tout est relatif… donc supposons que sa véritable obligation soit d’apprendre aux gens à rêver, que la société se trompe et que ses objectifs soient faussés depuis le début ?
L’histoire, cet éternel désordre, nous démontre bien que des sociétés entières peuvent faire fausse route !

Il lit le recueil d’Edward Stachura :
« La vie est un cheminement d’homme
La vie est un cheminement d’homme
Il se dirige là-bas,
Va là,
Il manque de souffle !
La vie d’un homme est un spectre fantasmagorique
L’apparition
Tu veux la toucher,
Elle fuit
Ce n’est rien !
Tant que dure la force,
Il faut rêver !
Je veux rêver !
Ce n’est rien !
Tant que dure la force,
Je veux marcher
Je veux courir
Elle ne m'aura pas ! »

Sa décision est prise ! Tant pis pour son insertion.
NON, NON et NON ! Il ne réveillera pas les gens. Stan va réparer les fautes de ses prochains. Il les laissera dans leur sommeil et dans leurs rêves.

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j-p
Envoyé dimanche 28 mars 2004 - 21h27:   

J'aime pas les pseudo;
mon vrai nom est Stan !
...Mary.... c'est mon psy
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mary
Envoyé lundi 29 mars 2004 - 13h33:   

Jean-Pierre, en espérant que tu ne m’assassineras pas,
je rajoute ton poème, mon préféré :


Amie,

impossible à dissoudre
tu te dérobes
nue

diagonale d'un frisson
l'aube tremble
libre

danse
....danse
.......danse !!

Avant que je ne tombe.

et puis...

Et puis ,je l'ai aimée
à longs traits
bue

comme une soif immense

danse
....danse
amie....danse

avant que je ne tombe

Jean-Pierre Clémençon
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mary
Envoyé lundi 29 mars 2004 - 17h31:   

En supplément la citation d’aar :


« il y a des jours comme ça,
sans raisons,
où l'air semble léger »

et

« La conscience est une danse de joie.
ma conscience danse
.. devant une aura de pluie
.. devant un pan du mur
.. devant une épicerie couronnée de choux
.. devant les lèvres des amis parlants
.. devant ma propre main qui me surprend
.. devant la sculpture de la réalité -
dans la splendeur d’une suprême soirée dansante
et dans la noblesse du service religieux
indifféremment ma conscience danse. »

J’ai l’ai déjà posté mais peut-être j-p n’a pas lu ?

Miron Baialoszewski


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Noel
Envoyé lundi 29 mars 2004 - 21h47:   

( je le mets moi , comme ça tu déculpabilises et on en reprofite ;)))

« La conscience est une danse de joie.
ma conscience danse
.. devant une aura de pluie
.. devant un pan du mur
.. devant une épicerie couronnée de choux
.. devant les lèvres des amis parlants
.. devant ma propre main qui me surprend
.. devant la sculpture de la réalité -
dans la splendeur d’une suprême soirée dansante
et dans la noblesse du service religieux
indifféremment ma conscience danse. »



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