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Aglaé
Envoyé dimanche 22 août 2004 - 09h22:   

On efface et on recommence…



Un rayon de soleil farfouille mes paupières… je n’ai pas fermé les volets hier soir. J’ouvre un œil tout en assommant un vieil air de jazz qui déborde, furibond, de mon enfance.
Nous sommes Samedi… Les parents sont partis en week-end et la classe de math élem du Lycée Jules Ferry se passera de ma présence pour les deux heures de logique plus appliquée aux élèves de terminale qu’aux sciences…

Café, toilette. Jupe corolle en vichy à petits carreaux rouge et blanc, style new look de chez Dior, uniforme indispensable en ce mois de mai 1947.

Le copain de toute mon enfance m’attend sur un banc, toujours le même. Pour une balade, souvent la même. Ascension de la Butte Montmartre par la face nord. Pâtisserie en bas de l’avenue Junot… deux éclairs au café pour lui, deux meringues pour moi. Un peu plus haut, notre terrasse préférée : quatre mètres carrés, deux tables. Le patron nous connaît et apporte deux cafés et un paquet de dix cigarettes anglaises.

C’est le moment de déplier « L’Os à Moelle » que J.L. a acheté en descendant du train à Saint Lazare. Rigolades.

On remonte vers les Sacré Chœur. Toujours aussi moche avec son galurin en sucre glace. Une fleuriste pousse une sorte de brouette pleine de fleurs… une rose pour moi… on dévale les escaliers… pas ceux du milieu… les marches sont si plates qu’on descend les trois niveaux en courant.
Je ne sais plus si on s’embrasse… je crois…

Le Boulevard Rochechouart et des centaines de tableaux ringards exposés généreusement sur le trottoir. J.L. est le fils d’un peintre tchèque émigré… il raconte…

Pigalle… son jet d’eau… sa station de métro… comme dans la chanson de George Ulmer. Des haltérophiles gras et musclés entament un baratin si long que nous partons avant la fin.

L’un de nous est riche aujourd’hui. Le métro nous conduit à l’Opéra. Plus précisément au Ciné-opéra, toute petite salle, pour découvrir le film vedette de l’année « Citizen Kane ».
Une vraie claque dans la gueule. Nos parents n’y comprendront rien, c’est sûr…

Lessivés en sortant. Je largue J .L . à la station. Saint Lazare. Il me dit : « T’es belle avec cette jupe-là ». Je hausse les épaules. A la maison, vite… coup de pompe…



La note très douce de mon radio réveil m’extrait d’un mauvais sommeil. Pas de douleurs. Ou presque. Normal. Soixante dix ans. Pas de mémoire non plus.
Mon agenda :

- Neuf heures trente : enterrement de Henri Poupard à l’église de Sainte Adresse.
- Onze heures : Hôtel des finances, RV avec le contrôleur des contributions… un gag dans notre déclaration d’impôts et c’est encore moi qui me coltine le Père Soupe !
- Dix-sept heures : Mammographie au Petit Colmoulin… la dernière était pas très chouette…

Debout. Espérons qu’il reste des filtres à café dans la cuisine.

Aglaé

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Aglaé
Envoyé dimanche 22 août 2004 - 10h09:   

Erratum

Dans la première phrase:
"...qui déborde furibond du réveil Jazz de mon enfance..."
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Cécile
Envoyé dimanche 22 août 2004 - 12h05:   

Bonjour Aglaé !!!!

C'est chouette de voir Paris à travers tes mots et de le voir comme je ne l'ai pas vu... il devait être chouette le Paris de ta jeunesse.

En ce qui concerne ce texte je le trouve très bien écrit... Retour au temps présent après un voyage dans le passé... Je suis toute émue en lisant ce texte...
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aglaé
Envoyé dimanche 22 août 2004 - 12h10:   

Emue!!!le seul mot qui me fait plaisir!!!Merci!!!
C'était fait pour!!!l'écriture est ma drogue préférée... Mais on réussit pas à tous les coups

Aglaémotion
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Ali
Envoyé lundi 23 août 2004 - 17h17:   

Quelques remarques sur "on efface et on recommence"

"Un rayon de soleil farfouille mes paupières… je n’ai pas fermé les volets hier soir. J’ouvre un œil tout en assommant un vieil air de jazz qui déborde, furibond, de mon enfance. " Et l'hisoire commence!!
L'oeil fermé (l'oeil interne)du narrateur regarde passer un souvenir d'enfance/adolescence;elle et lui deux copins/amoureux qui passent ensemble une belle journée-jazz d'un certain samedi loin des yeux des parents:
Voici les séquences de la nouvelle:
-absence des parents
-école buissonnière du narrateur (des deux élèves même si l'auteur ne le dit pas.)
-préparation à la sortie;le copain attend.(moment opportun pour le narrateur(trice) de rappeler l'année de l'histoire ,1947, pour dire en filigrane que c'est la fin d'une guerre et le début d'une autre ére,car il aura affaire dans le texte à des images,à des noms,à une ambiance peut etre qui n'existe plus).
-destination:rues,cafés,places,cinéma..et description en bribes de quelques souvenirs ,arts artistes espaces,objets,moments,envies ,caprices.;etc
- retour à la maison avec une certaine peur d'avoir commis un délit d'amour mais surtout celui de l'absence des cours.
*L'oeil fermé du narrateur(trice)(l'interne )s'ouvre ;la note douce de son reveil de radio l'extrait de ce beau souvenirs que lui juge de "mauvais sommeil"( dire qu'il s'agit d'un sommeil est une petite cachette de l'auteur lui même pas celle du narrateur)
-La boucle est bouclée;la fin rejoint le début,c'est plus un passé mais un présent ,qui avec l'âge avancé du narrateur à besoin pour son quotidien d'une agenda ;et qui sous entend dans un autre niveau "journal du narrateur où sa biographie" .
ce qui m'a attiré dans ce texte:
* son style simple mais combien difficile à reproduire!!
*les marges et les points de suspenssion que le narrateur laisse au lecteur pour les emplir lui de ses sentations,des suites d'évenements et de gestes à imaginer...
*"Le copain de toute mon enfance m’attend sur un banc","L’un de nous est riche aujourd’hui" deux phrases du présent en plein passé.
*"Il me dit : « T’es belle avec cette jupe-là "une belle phrase que j'ai bcp aimé;ça marque un certain amour et beauté imperrissables;et ça révèle une certaine nostalgie nourrissante.
*le declic de la narration est déclencher interieurement par un temps musical(le jazz/interieur;la madeleine de Proust/exterieure.
y a bcp de choses à écrire sur ce beau texte d'Aglaé. bisousaliens .Merci mon Ag et à toi ma Céci!!


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Ali
Envoyé lundi 23 août 2004 - 17h25:   

Erratum
pardon une petite phrase s'est égarée de ma dernière note;je reprend toute la phrase:
*le declic de la narration est déclenché exterieurement par un rayon du soleil et interieurement par un temps/ton musical(le jazz/interieu)(la madeleine de Proust/exterieure)

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Aglaé
Envoyé lundi 23 août 2004 - 20h04:   

Cher Ali

Tu trouves tout dans un texte même ce que le scribe a mis involontairement, c'est donc ton talent de lecteur et de prof qui fait tout!!!
Un vrai bonheur pour moi
Des bisous énormes
Aglaé

PS ça suit pour Bénédicte...je te tiens au courant.A;

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