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kor
Envoyé lundi 17 janvier 2005 - 03h42:   

Première danse : Tezcatlipoca

Nous traversions la multitude verte, traversions la multitude bleue. Sous les cris des orthocéras de mer qui planaient au dessus de nous, de temps à autre. Sous les remous. Le dessin se précisait des longues poudres rouges de ce pays connu des écrivains couverts de plumes. Et d'avant à la droite, et d'arrière en dessous. La troupe, soudée contre les parois croches du navire se frottait aux ouvertures ovales, fourmillant, engrappée. Toujours braqués, nos regards s'effilaient à l'ouest, surfaient sur des serpents entrelacés, se délectant de pyramides quadrillées, évoquaient parfois nos mathématiques pâles, sous un ruban de lumière.

Silences. Seuls parmi tous, au creux des vagues fébriles - il n'y avait plus que les dents pour étinceler. Très vite, on fit taire les armures, les lames oxydées, chacun tendait de tout son corps vers l'inconnu.
Au loin : l'écho des jeûnes et des danses. Des colliers tracés à même le sol.
En ce pays du noir.

Soeur-et-femme du Soleil, étendue là. Soeur-et-femme du Soleil, nous scrutait la Lune. Résineuse, face-duvet décidée, comme son tendre flou bavait dans l'air accidentel... On y ajoutait parfois l'incidence d'une brune paresseuse, à l'image des territoires irrésolus. Et nos allures de terre blême s'apparentaient alors à l'audace. Croyez-donc, tout était prétexte d'un cap, alternative, insurrection, démence. Et c'est un fameux roi qui nous tenait brandis, dernier flambeau d'inquisition, des jungles barbelées...
Mais je vous parle tant.
Prenez un siège, quelque raisin, du cognac.
Etendez lentement ces tendinites, qu'on devine à l'interrupteur sous votre nuque,
-Je vous en prie-

Pressentant la voix des ombres qu'éveillaient nos lendemains de conquête, les déluges s'accomplirent.
Renversant le miroir fumant, dieu du sorcier, des jaguars, du scorpion, des grottes
Du nord et du ciel nocturne,
En ce pays du rouge.

Et le ciel s'apprêta pour sortir.
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kor
Envoyé lundi 17 janvier 2005 - 03h44:   

Deuxième danse : Huitzilopochtli

L'étrange survenu - l'étrange, mon ami. Dans le ciment du feu. Des indigènes digérés (recyclés), rendus sous le feulement des voix (crépuscule), sous le clinquant des croix. L'Avatar de ces mondes entre nos griffes. Nous avons revêtu les lances des Archanges. Claironné. Réclamé notre dû. D'étranges palindromes se tenaient à nos côtés, dans la pénombre des sanctuaires en flammes. Une cérémonie d'aveugles effilochait les visages des hommes bruns.

Débraillant nos épées -comme le buffle charge-, notre croix fit Miracle, Sainte-Joie, Caillots. Mes compagnons d'alors ignoraient le tonnerre, tenus sur leurs chevaux de bile. Sur les chromes sanglants d'Aigle-qui-tombe. Puis les doigts de l'Espagne claquèrent d'un seul gant. Vendu, le sel des grands soleils. Peuplées, les mines livides. Nous avons, en somme, tout enchanté, tout ravi.
Au delà du bien.

D'or et d'argent. De force et de diamant, soleil dérobé, ne tarde plus, montre-nous la Colline du Grillon, les terriers de tes ermites, la tripe grasse de ton continent. Tu vois -n'oublie jamais-, les lourdes plaques d'or du chemin de Tula ne valent pas trois mots, le terme étant qu'on s'accomode vite de ces oripeaux de fondateur satisfait. Qu'on peut tout étreindre des nymphes cactées, si l'on enferre...
Oh,
ne vous fiez pas à ma figure cajolée qui ravine - c'était tout une autre jeunesse, alors,... et l'on enferra, sur l'honneur !!! mais je m'égare...

En ce pays du bleu, ruisselant de toutes les marches... Noche triste,
Sûrement... le dernier bastion, qu'on appelle "Tout-est-passé", nous confine aux canalisations d'un soleil éteint.
Ventres crevés d'herbe épineuse, noyés de sérosités /Tant de vertiges, d'atroces longueurs... on se représente les voiles chargées comme une épidémie tranquille
De sang et d'or
Au delà du mal.


A vingt Tenochtitlán d'ici.


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kor
Envoyé lundi 17 janvier 2005 - 03h46:   

Troisième danse : Xipe-Totec

Ce que nous avons dit, ce que nous avons fait. Xochipilli crevant sur la pierre frappée du sceau de notre monde -, si riche, bouffi, dépecé... Nos compagnies, décimées, renchitinaient leurs sombres cuirasses, toutes lances démenées, vers un ciel indifférent. Ce qui nous permit toutes les prières.
En ce pays du rouge, aux rivières écorchées du changement de saison, de la nouvelle éclipse, du brasier.


La mine à bras le corps, on aurait pu croire... La mine convaincue que tout décédait sous nos lourdes bottes, franches. (Crissements)
Jeunesse, crasse, joie, ressentiment nacré (c'est joliment planté, mais vous ne savez pas : certaines clameurs se font bien écrire, câliner d'une plume, mais faussent le jeu dès qu'on les expose au regard de l'atmosphère, qu'on les sussure violemment).
Cuauhtémoc ne parlera plus.

Rien ne s'entend, rien ne se voit. C'est tout fendu sous le métal, comme un coup d'obsidienne, au coeur des chairs du poisson cru. C'est qu'il s'avère qu'on opérait au grand jour contre une ville fissurée, déliquescente - songez ! l’Anahuac, régulier, pelait des esclaves sanguinolents, puis le prêtre de leur Terre se couvrait des peaux du printemps sacrifié, jusqu'à en devenir maître de l'étoile de l'aube. Et dans les représentations, tout était signe rubescent, fêlé comme d'un trait de l'ongle.
Net.
Aucun pourtant des sacrifices n'atteignait son but immonde, nulle portion du renouveau, ni des floraisons d'orfèvres libres...

Xochiquetzal hérissée ne bourgeonne plus, nous l'avons foudroyée d'une cotonneuse lame, maintenant cimentée, cousue, reprisée comme il se doit, comme on se comporte mal envers les corybantes d'un monde de causes naturelles. Et tous ses ornements sont rouges, figés, brutes flammes d'un continent. Puis notre chant s'éternise
Répète le rouge, infiltré,
Caracole sous la rue,
Cuauhtémoc sera pendu.


Et la Nouvelle Espagne se gorge d'huile bouillante.







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