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Opaline
Envoyé lundi 17 janvier 2005 - 18h08:   

Maigrichon comme un petit chat, l’ange était là, à fumer, assise sur l’escalier. Elle attendait que ses ailes poussent. Relever la peau cousue de ses yeux et battre des cils. En Jeans et Timberland, des mèches, les cheveux ébouriffés assise sur les cailloux. Les arbres étaient dénudés et le froid bleuissait ses lèvres. Le temps des nuits sombres était derrière elle, dans son dos. Elle fumait des Craven A et sa vie partait en fumée, des volutes en nuages, pour les jours de pluie.
Comme un ange sans ailes, elle avait de la peau sur les yeux et des battements de cils. Les mains autour de ses genoux, assise sur les cailloux.. Elle avait refusé de voir ce monde indigeste pendant des lunes, elle avait dormi, blottie au creux des nuits sans lune.
Elle avait beaucoup trop voyagé, dans des territoires aux limites des vies, à l’arête des mondes perdus, en crises de la planète bleue. Tout ça, ça, ça ne sert à rien, même le ciel était triste. Assise seule sur un rocher à fumer des Craven A…les os fatigués, les ailes envolées.
Il n’avait pas su lui prendre la main… tout le reste ne sert à rien, elle était juste assise sur des cailloux. Du soleil dans ses mèches, du bleu sur les lèvres, elle attendait que ses ailes repoussent. Les gens passaient à côté d’elle, sans la voir. Elle devait être transparente, un fantôme sur la terre, solitaire sur son escalier. Elle voulait juste des mèches bleues dans ses cheveux pour assortir ses lèvres bleus, ses bleus à l’âme et ses jeans…Il faisait beau et froid, les moutons blancs se dessinaient dans le ciel. De sa main elle pouvait saisir au loin la flaque d’eau, caresser les bateaux de papier colorés, et décrocher le soleil.
Pourtant elle avait bien déposé son cœur aux objets trouvés…mais personne l’avait réclamé !
Elle en voulait ferme au grand patron. Quelle idée de lui avoir fait une gueule d’ange, des petits os d’oiseau maigrichon…Elle aurait voulu faire une tonne et lui mettre une grande gifle…elle en avait raz le bol d’être un ange….

Elle fumait des Craven A sur un escalier….

Elle s’est enfin relevée. Ses jambes se dérobaient sous sa frêle ossature, engourdies, cotonneuses. Elle avait le souffle un peu court.
Finalement, elle marcha un temps infini dans la forêt toute proche, sans rencontrer l’ombre d’un chien… Qu’espérait elle trouvé dans ses bois, solitaire ? Le banc vert où il venait s’asseoir était toujours là, vide. Avait-il garder ce sourire fou dans sa mémoire, juste au coin de ses lèvres, au profond de yeux sombres malicieux. Elle avait les jambes cotonneuses, des ballots de nuages en bagages. Elle n’avait rien d’autre…
Juste s’asseoir un instant à côté des ombres du passé, allumer une cigarette, ne penser à rien… sauf à ce sourire incandescent, comme des soleils, flamboyants, des promesses de galaxies dans un voilage blanc. Elle avait les jambes cotonneuses, des nuages sur le cœur, des volutes en ronds, en ronds de fumée. Comme des signaux d’un monde passé qui s’échappaient d’elle, pour recouvrir la terre de cet hiver. Les arbres étaient dénudés, même le froid fumait pour se réchauffer…

Elle entra au café du soleil et commanda un chocolat chaud…

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Opaline
Envoyé mardi 25 janvier 2005 - 17h47:   

quelques petites modifications...
Et pour jml, j'ai remplacé l'ombre d'un chien, par l'ombre d'un loup.(c'est incroyable d'avoir un loup...)
Et j'ai rajouté une suite...


Des craven A

Maigrichon comme un petit chat, l’ange était là, à fumer, assise sur l’escalier. Elle attendait que ses ailes poussent. Relever la peau cousue de ses yeux et battre des cils. En Jeans et Timberland, des mèches, les cheveux ébouriffés assise sur les cailloux. Les arbres étaient dénudés et le froid bleuissait ses lèvres. Le temps des nuits sombres était derrière elle, dans son dos. Elle fumait des Craven A et sa vie partait en fumée, des volutes en nuages, pour les jours de pluie.
Comme un ange sans ailes, elle avait de la peau sur les yeux et des battements de cils. Les mains autour de ses genoux, assise sur les cailloux.. Elle avait refusé de voir ce monde indigeste pendant des lunes, elle avait dormi, blottie au creux des nuits sans lune.
Elle avait beaucoup trop voyagé, dans des territoires aux limites des vies, à l’arête des mondes perdus, en crises de la planète bleue. Tout ça, ça, ça ne sert à rien, même le ciel était triste. Assise seule sur un rocher à fumer des Craven A…les os fatigués, les ailes envolées.
Il n’avait pas su lui prendre la main… tout le reste ne sert à rien, elle était juste assise sur des cailloux. Du soleil dans ses mèches, du bleu sur les lèvres, elle attendait que ses ailes repoussent. Les gens passaient à côté d’elle, sans la voir. Elle devait être transparente, un fantôme sur la terre, solitaire sur son escalier. Elle voulait juste des mèches bleues dans ses cheveux pour assortir ses lèvres bleues, ses bleus à l’âme et ses jeans…Il faisait beau et froid, les moutons blancs se dessinaient dans le ciel. De sa main elle pouvait saisir au loin la flaque d’eau, caresser les bateaux de papier colorés, et décrocher le soleil.
Pourtant elle avait bien déposé son cœur aux objets trouvés…mais personne l’avait réclamé !
Elle en voulait ferme au grand patron. Quelle idée de lui avoir fait une gueule d’ange, des petits os d’oiseau maigrichon…Elle aurait voulu faire une tonne et lui mettre une grande gifle…elle en avait raz le bol d’être un ange….

Elle fumait des Craven A sur un escalier….

Elle s’est enfin relevée. Ses jambes se dérobaient sous sa frêle ossature, engourdies, cotonneuses. Elle avait le souffle un peu court.
Finalement, elle marcha un temps infini dans la forêt toute proche, sans rencontrer l’ombre d’un loup… Qu’espérait elle trouvé dans ses bois, solitaire ? Le banc vert où il venait s’asseoir était toujours là, vide. Avait-il garder ce sourire fou dans sa mémoire, juste au coin de ses lèvres, au profond de yeux sombres malicieux. Elle avait les jambes cotonneuses, des ballots de nuages en bagages. Elle n’avait rien d’autre…
Juste s’asseoir un instant à côté des ombres du passé, allumer une cigarette, ne penser à rien… sauf à ce sourire incandescent, comme des soleils, flamboyants, des promesses de galaxies dans un voilage blanc. Elle avait les jambes cotonneuses, des nuages sur le cœur, des volutes en ronds, en ronds de fumée. Comme des signaux d’un monde passé qui s’échappaient d’elle, pour recouvrir la terre de cet hiver. Les arbres étaient dénudés, même le froid fumait pour se réchauffer…

Elle entra au café du soleil et commanda un chocolat chaud…

A travers l’immense baie vitrée, elle dessinait les crêtes au loin sur pastels roses et bleus dans les griffures de mousseline blanche. Ses yeux poursuivaient les sillages de grands oiseaux de fer, les mains tempérées autour d’une tasse exhalant des volutes légères. Ses fenêtres bleues pâles tombaient toujours sur l’étrange carte blanche, où s’inscrivait la légende extravagante d’un oiseau de la forêt…
Elle aimait particulièrement cet endroit, hors du temps, la flaque d’eau au loin et les crêtes en pastels, loin de la foule et de ses bousculades d’ombres ternes, loin des pavés glissants et du carillon des clochers de la ville. La lune apparaissait en avance, alors que le soleil s’attardait encore dans un ciel qui tournait peu à peu à l’orangé, au vermillon, zébré de grandes griffures blanches. Il faudrait bientôt rejoindre la ville, descendre les escaliers pavés longeant les vieilles demeures.
Juste une dernière volupté de sa tasse, pour dessiner un dernier nuage de coton, au dessus des toits de la ville qui s’enfonçaient doucement dans la nuit.

Le soir, endormie dans son nuage de plumes blanches, naviguant dans les rêves couleur de suie, elle déposera juste quelques gouttes d’eau aux mystérieuses portes rouillées du temps.


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AR_d_N
Envoyé jeudi 10 février 2005 - 05h38:   

j'aime bien,
depuis le début jusqu'à la fin
en passant par le milieu
ambiance très poétique/onirique
j'aime beaucoup
"...elle déposera juste quelques gouttes d’eau aux mystérieuses portes rouillées du temps..."
signé
l'affreux jojo
qui vous veut tant de mal (;-o))
sans rancune j'espère
B+...alain

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