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jml
Envoyé mardi 08 mars 2005 - 06h43:   

ENTRE LES LIGNES



Je n’écris pas entre les lignes, je surligne les blancs. Des images apparaissent entrecoupées de mots que je ne comprends pas, de rires en voyelles, de cailloux en larmes, de jurons d’herbe verte. Je ne lis pas entre les signes, je dessine dans la marge. Je dors en va-nu-pieds dans le lit des rivières et je m’éveille en loup sans tanière à garder. Ma main sert de voile sur l’océan des gestes. Ma voix sert de vent. La paume du silence me sert de boussole. Je nomme la tempête dans la gueule du fou, tout ce qui bouge autour des mots, les oiseaux de pain sec sur la nappe des arbres, le bateau d’un regard sur une mer de cils. J’annonce mes couleurs au milieu de la nuit. Le point au bout de la ligne je le repousse du pied comme un enfant qui frappe une canisse éventrée. Je saute à la marelle d’un antipode à l’autre.

Le présent ouvre l’œil et son regard se perd sur des milliers d’écrans. Le temps se plie et se déplie. La boule de cristal est de plus en plus lourde. Les saisons s’entremêlent et se trompent d’habit. Il neige en été, il pleut dans le désert et le sang monte en graines dans les veines du jardin. Sans fléchir, sans réfléchir, un miroir sans tain multiplie ses mirages. L’horizon fait la roue sans savoir où aller. Ce que la fleur ignore l’abeille le propage. Ce que l’ombre veut taire la pierre le reflète. La mer vient mourir avec ses vagues en dents de sable qui croquent dans les îles. Nos pas ne grattent plus qu’une peau de chagrin.

Je cherche dans la cendre une dernière étincelle, l’éclair d’un regard dans les orages aveugles, la trace d’une source au fil des mirages, une image d’espoir dans le grand livre vide. Je cherche l’or des fous qui fait sauter la banque. Ne me parlez pas de l’enfer des palaces, j’ai connu le paradis dans un taudis, l’été sur un banc de neige, le soleil dans l’ombre. Le noir où l’on s’enfonce, j’y cherche un pas de craie, des lettres de lumière, des ailes de fusain.

Quand on ferme les yeux un point de lumière éclate sur le flot noir du monde. Je n’ai pas de maison. Je couche dans mon corps et j’écris en riant. Je glisse comme une ombre dans le silence des choses. Je n’ai qu’une allumette pour allumer les feux, une seule voix pour tout dire, un seul cœur pour aimer, le sel d’une larme pour pleurer tous les morts. J’ai le cœur entêté d’un galet qui remonte le fleuve pour retrouver ses frères, la patience des graines à devenir forêt, une île qui s’évade. Je garde sur la peau une tache d’enfance, une rougeur de fraise sur la joue du matin. Je fais paître les arbres sur l’alpage des mots. Les pas sont des aiguilles dans le tricot des routes. Je lance un bout de bois au grand chien de l’azur. Il ramène un poème, une fleur, une pomme.

7 mars 2005
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Hélène la fourmi
Envoyé mardi 08 mars 2005 - 08h56:   

oui ça c'est du JML pur fruit !!
frôler la réalité pour la rendre plus présente.
la remettre dans son écrin , la nature .

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