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fouroulou
Envoyé jeudi 17 mars 2005 - 23h16:   

43ème anniversaire de l’assassinat de Mouloud Feraoun
mis en ligne le mardi 15 mars 2005 www.kabyle.com

C’est le 15 mars 1962 dans la matinée, que fût assassiné un grand homme de lettres « Mouloud Feraoun » avec ses compagnons par un commando de l’OAS au Château Royal de Ben Aknoun.

43 ans après sa mort, ses écrits restent une source de savoir pour les générations montantes. Il a laissé un trésor inestimable avec des oeuvres telles que :

Le fils du pauvre (1950) roman
La Terre et le sang (1953) roman
Les Chemins qui montent (1957) roman
Les Poèmes de Si Mohand (1960) recueil de poésie
Journal (1962)
Jours de Kabylie (1968)
Lettres à ses amis (1969) correspondance
L’Anniversaire (1972) roman inachevé


Nous vous proposons de lire un extrait de son Journal qui sera suivi de la lettre de Ali Feraoun, son fils, adressé à Emmanuel Roblès au lendemain de l’assassinat de son père :


Extrait du « Journal 1955 - 1962 »


« N’ai-je pas écrit tout ceci au jour le jour, selon mon état d’âme, mon humeur, selon les circonstances, l’atmosphère créée par l’événement et le retentissement qu’il a pu avoir dans mon cœur ? Et pourquoi ai-je ainsi écrit au fur et à mesure si ce n’est pour témoigner, pour clamer à la face du monde la souffrance et le malheur qui ont rôdé autour de moi ? Certes, j’ai été bien maladroit, bien téméraire, le jour où j’ai décidé d’écrire, mais autour de moi, qui eût voulu le faire à ma place et aurais-je pu rester aveugle et sourd pour me taire et ne pas risquer d’étouffer à force de rentrer mon désespoir et ma colère ? Et maintenant que c’est fait, que tout est là, consigné, bon ou mauvais, vrai ou faux, juste ou injuste, maintenant que nous entrevoyons la fin du cauchemar, faudra-t-il garder tout ceci pour moi ?

Après ce qui s’est écrit sur la guerre d’Algérie, bon ou mauvais, vrai ou faux, juste ou injuste, il convient qu’à cela s’ajoute mon journal, comme une pièce supplémentaire à un dossier déjà si lourd.

Je sais combien il est difficile d’être juste, je sais que la grandeur d’âme consiste à accepter l’injustice pour éviter soi-même d’être injuste, je connais enfin les vertus héroïques du silence. Bonnes gens, j’aurais pu mourir depuis bientôt dix ans, dix fois j’ai pu détourner la menace, me mettre à l’abri pour continuer de regarder ceux qui meurent. Ceux qui ont souffert, ceux qui sont morts pourraient dire des choses et des choses. J’ai voulu timidement en dire un peu à leur place. Et ce que j’en dis, c’est de tout cœur, avec ce que je peux avoir de discernement et de conscience. »
Mouloud Feraoun


Lettre d’Ali, fils de Mouloud Feraoun, à Emmanuel Roblès

"Mardi, vous avez écrit à mon père une lettre qu’il ne lira jamais... C’est affreux !

Mercredi soir nous avons - pour la première fois depuis que nous sommes à la villa Lung - longuement veillé avec mon père dans la cuisine puis au salon. Nous avons évoqué toutes les écoles où il avait exercé. Puis nous vous avons vu à la télé parler de votre roman, ça lui a fait beaucoup plaisir. Je sais quelle amitié vous liait. Après l’émission nous avons parlé de vous et il est allé se coucher. C’était la dernière fois que je le voyais. Je l’ai entendu pour la dernière fois le matin à huit heures. J’étais au lit. Il a dit à maman : " Laisse les enfants dormir. « Elle voulait nous réveiller pour nous envoyer à l’école. »

"Chaque matin tu fais sortir trois hommes. Tu ne penses pas tout de même qu’ils te les rendront comme a tous les jours !"

Maman a craché sur le feu pour conjurer le mauvais sort. Vous voyez ! Le feu n’a rien fait. Papa est sorti seul et ils ne nous l’ont pas "rendu". Je l’ai vu à la morgue. Douze balles, aucune sur le visage. Il était beau, mon père, mais tout glacé et ne voulait regarder personne. Il y en avait une cinquantaine, une centaine, comme lui, sur des tables, sur des bancs, sur le sol, partout. On avait couché mon père au milieu sur une table.

A Tizi Hibel nous avons eu des ennuis avec l’autodéfense et l’armée française et nous avons dû nous sauver après l’enterrement. Il est enterré à l’entrée de Tizi Hibel, en face de la maison des Soeurs Blanches".

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