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philippe Bray
| Envoyé lundi 08 août 2005 - 19h22: | |
Dring... dring… - Bonjour, je vous appelle au sujet de votre annonce parue dans " top annonce" elle est toujours à vendre ? - Oui - Pour le prix, on ne peut pas faire quelque chose ? Éric décrit son objet à vendre. C’est un véhicule à quatre roues de 1988. C’est sa première bagnole française : c’est pour rendre plus facile la distribution de prospectus publicitaires (son nouveau job) qu’il a acheté ; sa camionnette aménagée pour les vacances se révélait peu pratique en ville. - Vous pensez que le prix est élevé ? - Bah oui, j’ai consulté le "canard" et j’ai vu le même modèle pour moins cher ! Éric a fait une affaire avec son objet utilitaire. Son vendeur de l’époque se débarrasse de tous ses biens au plus vite pour aller travailler dans un autre pays. C’est l’année du changement de Monnaie pour l’Europe. Les statisticiens ont observé à cette occasion une inflation. - Vous pouvez venir à Paris, ainsi je pourrais mieux me rendre compte, je l’achète si vous baissez le prix et si elle me convient. - Pas de problème, je peux me déplacer - Demain 15 heures devant le "Casino" de la place de la nation, ça vous va ? - Parfait, j’y serais. On est à l’automne. Éric arrive au terme de son contrat de distribution de prospectus publicitaires qu’il compléte avec un autre job afin d’assumer son quotidien matériellement. Avec ses deux boulots, il gagne confortablement sa vie dans le rapport avec le salaire minimum mais quelque chose l’agaçe profondément : il n’a plus de temps pour écrire. C’est physiquement trop épuisant. Il ne va pas souvent à Paris, qu’à certaines circonstances, pour la visite d’un musée ou pour des expositions temporaires de peintures. Le lendemain. Il part pour son rendez-vous. Rester dix ans sans conduire : Éric ne met jamais sa ceinture. Conduisant seul la plupart du temps et ne faisant que de petits trajets entre son domicile, l’entrepôt pour les prospectus et ses secteurs de distributions, il estime avoir le droit de mettre sa propre sécurité en doute. À la place de l’étoile, au feu, un jeune policier ganté et tout en blanc accompagné de deux auxiliaires de police féminine lui demande ses papiers, en lui faisant observer, qu’il n’a pas mis sa ceinture de sécurité. ; tolérance zéro, le jeune flic se fait une joie de lui dresser une contravention, des plus réglementaires. Au même instant, il pense à l’année dernière. À son rendez-vous avec Sabrina dans son camping-car qui lui servait de véhicule de tous les jours et pour les voyages. Sabrina pour sa plus grande tristesse avait confondu avec l’autre place, celle de la place Dauphine. À la vue des camping-cars de prostitués garés ici, elle était allée tout droit en Allemagne de l’Est, elle qui était originaire de la Bavière. Après une heure, Éric reparte en pensant à son rendez-vous. Il est déjà en retard… Enfin il arrive au "Casino" de la place de la Nation. Il regarde alors autour de lui, ne voit personne. Puis après un moment, un gars arrive, chétif, pâle qui semble complètement amorphe comme s’il sortait d’un asile d’Aliéné. - Bonjour, vous venez pour la voiture ? - Oui Éric sort ses papiers et factures, ouvre le capot, montre l’état général de la voiture. Son acheteur potentiel lui fait une remarque sur le mauvais état de la portière. - Mais je vous ai prévenu au téléphone de l’état de la portière ! - Si cela ne vous dérange, partons, allons voir ma mère, c’est elle qui doit payer. Ils montent ensemble dans la voiture, font le tour de la place et s’emmanche dans une petite rue. Il commence alors à tourner en rond pour chercher un emplacement de stationnement à travers les sens interdit. Éric pense qu’il n’y a aucune poésie apparente en ville, mais qu’il est toujours possible d’entendre les oiseaux à travers la circulation automobile. Il suffit pour cela de s’entraîner ; le poème traduit alors la poésie rencontrée dans l’écrit dans une forme non-défini. Enfin il trouve à se garer. À la fenêtre, déjà, sa mère LES voit arriver et descend sur le champs avec son carnet de chèque en main. Nouvelle discussion sur le prix de vente. Tout est prétexte pour baisser le prix ; il était déjà diminué fortement. - Je veux l’essayer ! - Parfait. Éric n’est pas rassuré de lui laisser le volant. Le gars est dans le coltard. Il est avec un autre gars. Nouveau tour autour de la place de la Nation. Quelques frayeurs ressenties puis de nouveau il se gare en bas de l’immeuble. Sa mère est remontée ; ils prennent l’ascenseur pour rejoindre l’appartement. Un coup de rafraîchisseur avant d’entrer et les voici assis autour de la table. Discussion à n’en plus finir sur le prix. Téléphone a l'ami garagiste ; le prix est descendu de moitié. Éric n’est pas d’accord. Son acheteur potentiel l’accompagne à son véhicule, il fait le chemin inverse ; son rendez-vous au "Casino" de la place de la Nation ne lui a rien rapporté. Malgré tout, il se sent soulagé. Ce genre de relation l’ennui eprofondément ; il ne pense qu’à une chose : faire une marche en forêt. http://www.philippebray.net
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