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Kel
Envoyé samedi 03 septembre 2005 - 20h12:   

Ils s’aiment pour l’éternité.

...


Chaque planète où la vie s’anime et où la conscience a surgi le glorifie, le nomme « le sublime », partout on l’adore. Puisqu’il est à origine, puisqu’il est le créateur.
Lui, le père, et elle, l’immense.
Mais il est loin, cet instant, l’origine du monde. Et la belle étendue de désir avec qui, voici des lustres, il avait fait l’amour, où est-elle ? Qu’est elle devenue ?

Flash back, cinq milliards d’années.
Répondant à l’oracle, transcendant l’appel divin à l’harmonie, avec fougue et génie, il l’avait aimé. Dans un acte entier ils créèrent le grand tout à partir du grand rien. La vie née de cette rencontre totale de lui-même et du grand O féminin donna naissance à l’univers, magnifique étendue sauvage, infinie, où lui-même s’y confondit, se mêlant à elle, dans d’indicibles instants, furtifs, fugaces, de bonheur absolu.
Cependant, celui qui possède, dit-on, le don d’ubiquité, et celui d’omniscience ; celui qu’on louange, qu’on célèbre, que partout on chérit, qu’on adore, qu’on adule ; cependant, même Dieu a des soucis, des tracas, des doutes, qui se perpétuent d’années en années lumière…

Dans la solitude Dieu a choisi de se perdre. Solitaire, inusable, à la recherche de sa voie, à nouveau, en quête d’une nouvelle découverte, afin d’impulser l’univers, encore, toujours. Cherchant sa muse, finalement, son éternelle.
Et de la séduire, lui plaire, à nouveau gagner son amour inconditionnel. L’amour pur.
Les mots s’inventent et jaillissent pour décrire les tourments, tout d’abord, qui traversent Dieu dans ces moments difficiles, et panser ses blessures en chemin, les abîmes.
S’il est le plus grand des puissants, il est en certains cas le plus miséreux des misérables.

Perdu quelque part, en quelque galaxie, ente Atrix II et Gourvanox IV, Dieu est en mauvaise posture. Il voit en effet le frôler plusieurs astéroïdes. Qui le percutent. Qui le traversent. Qui le transpercent. Mais qu’importe, il ressuscite. Tout de même, Dieu est bien mal en point.

Il est en même temps en elle, il le sait, au beau milieu de sa création où il évolue continuellement.
Et tantôt il est pris d’espoirs insensés ! D’infinie tendresse… de folle espérance ! (Dieu est le plus grand des poètes.) Mais sans cesse il se retrouve bousculé, maudit, lui-même, sa création, il médite sur un possible acte de péché qu’il aurait commis… son immaculée conception dorénavant éternellement retransformée, à jamais recommencée.

Les hommes sont là pour lui rappeler sans cesse son point de départ, il en a assez. Comme des enfants qui rappellent à leur père sa propre naissance. Et ailleurs, d’autres hommes, partout disséminés dans l’univers, lui crient sans cesse dans les oreilles d’accourir. Ils l’implorent ! Ces Misérables... Ignorants... Mais ce même cri qui voudrait aussi pouvoir jaillir de lui-même ! Son cri d’animal blessé qu'il ne peut lancer ! Qu'il lui est interdit par les lois que, lui et elle, se sont imposées dans l'union célébrée au grand sacrement, sous le divin firmament, et ce jusqu’à la fin des temps. Leurs voix mêlées communes sont impénétrables.

Lui-même, seul, en ce moment, tel un fou somnambule, déambule.
Dieu, que l’on dit souverain, est en vérité déchu, depuis qu’il existe, se dit-il, depuis le grand chambardement. Il est tombé de là haut, où il régnait sur le rien du tout. Il ne se souvient plus avant, avant le début de l’histoire. Mais il lui semble qu’il s’ennuyait et qu’il n’existait pas. Et s’il existait, il est mort autrefois, et il est maintenant ressuscité en un autre lui-même. Que lui manquait il ? Car il lui manquait quelque chose, impossible sinon, il ne serait pas jeté de là haut. Insensé ! Jeté dans l’inconnue, dans la vaste aventure. Pauvre illuminé !

Des siècles déjà qu’elle s’est tue. Mais peut-être ces silences sont-ils aussi autant de reproches adressés ? Mais s’il a été si dur, si violent si longtemps, c’est parce qu’il souffrait ! Et qu’il pensait qu’elle le méprisait. Pour cela il l’a salie, et il a voulu tout dominer. Pour se venger !
Parce qu’il était malheureux… Il ne savait pas…
O, qu’elle lui pardonne. Il l’implore. O, qu’elle l’entende… il l’aime tant.
Ou bien, peut-être, avait-il abusé d’elle ? Et le doute le taraude, le reprend. Dieu est pris par ce doute, la suspicion de son acte. Mais elle, où est elle ? Que dit-elle, que pense-t- elle maintenant ? Cette ancestrale pacifique, cette mer calme, limpide, azurée et vermeil, merveilleuse, ce vide si plein de l’attente de lui-même, que l’on s’obsède à nommer « Dieu ». Imbéciles ! Avec un grand dé, son grand dé de hasard demeurant à jamais son secret.

Elle… Il sait bien qu’elle n’est plus, que chaos et en même temps beauté faramineuse, mêlée à lui-même et au fruit de leurs entrailles. Et que lui-même est devenu, ce pauvre hère, ce triste naufragé, tantôt élastique, tantôt rassemblé sur lui-même, aussi petit qu’un point, aussi puissant que l’éternité. Est-il condamné ainsi à errer, tel un somnambule, à travers le fruit de son plaisir, depuis, et par l‘acte du commencement ? Il est dans un soleil noir, il est consumé et il s’est arrêté pensant rester là à brûler et souffrir pour l’éternité. Le diable ! Quelle sottise ! C’est lui qui est terriblement mauvais. Il songe à se suicider, mais il porte la terrible responsabilité de l’univers. Il est en elle. S’il passe à l’acte et met fin à lui-même, l’univers se refermera comme une coquille aspirée dans un trou noir et il n’en restera rien ; s’il est maudit, c’est par lui-même seulement, et il évolue avec la responsabilité de sa création, de leur conception. Lié à elle, leur union scellée au plus profond des mystères. Il ne peut pas l’anéantir. Il sait qu’elle le voit, et il l’entend qui pleure, et il devine ses yeux embués de compassion. Il a pris un plaisir mauvais, son orgueil, sa volonté à asservir, sa puissance à dominer. Il ne savait pas qu’il s’aliénait ainsi à ses propres esclaves, à ses autres lui-même. Il s’en est libéré. Il leur a ôté leurs chaînes. Ils sont libres, maintenant ! Ils ne lui doivent plus rien. Et lui, il ne leur doit plus rien. Les tourments de Dieu sont incommensurables. Il est le ténébreux, le veuf, et l’inconsolé. Il lui dit qu’il l’aime. Elle l’entend, il espère. Et ses silences sont autant de réponses qu’il sent dans les tréfonds de ses multitudes d'âmes. Un jour, elle lui répondra à nouveau, bientôt. Il relâche.

Son plaisir s’est amenuisé, puis effacé, par la nuit des temps… Il peut tomber maintenant tout au fond d’un puit qui n’en finit pas de s’enfoncer. Le noir le plus profond. Le vide intersidéral. Il tombe là, tranquillement, puisqu’il n’a plus aucune peur, plus aucune appréhension, plus aucun regret, plus aucun reproche, plus aucune envie, plus aucun besoin, plus rien d’un homme mais tout d’un humain. Il sent l’apesanteur devenir de plus en plus dense... Il descend au fond de lui-même, au fond des âges, au fond de la nuit, de plus en plus lentement. Il est comme la neige qui s’amoncelle. Il est éternel. Il imagine. Il sourit. Il la Voit.



Elle est là, majestueuse. Elle a ce si beau regard d’antan, mais avec quelque chose de plus mur, de plus grave, d’indicible. Qui le transcende. Elle est belle. Elle lui dit qu’il est beau. Et ses yeux sont humides, ils scintillent. Et les siens lui répondent. Il lui dit qu’elle est belle. Et ses yeux sont émus. Elle lui sourit. Elle est immense. Elle est toute près. Et il lui donne un baiser. C’est doux. Comme la neige mais c’est chaud. Ils se désirent. Ils ont l’impression de fondre. Puis de mourir. Puis de vivre. Puis d’oublier. Puis de croître. Puis, plus rien. Puis, tout. Puis, enfin…

Mon Dieu ! Je suis vivant ! Se dit Dieu.

Il s’en retourne, dansant, plein d’énergie et libre ! Porter le feu et la paix à travers la voie lactée.



Epilogue...




L'humanité est libre, l'humanité prie pour dieu, et dieu prie pour l'humanité. L'humanité d'yeux.

Dieu est la terre où l'on sème, où l'on marche, où l'on habite. Le vent où l'on chante, où l'on écoûte, où l'on voyage. La mer où l'on voit, au loin, la mer où l'on va loin. Le feu qui réchauffe et qui éclaire. Et les étoiles à l'infini dans le ciel à venir... L'humain dans son univers. Et l'humain est dieu. Et la terre ronde tourne, le vent souffle, la mer va et vient, et la pluie tombe sur la mer, sur le vent en souffle... Le feu réchauffe enfin l'esprit de l'humain éclairé.

....

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Kel
Envoyé samedi 03 septembre 2005 - 23h53:   

(même chose, moins l'épilogue)

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Ils s’aiment pour l’éternité.

...


Chaque planète où la vie s’anime et où la conscience a surgi le glorifie, le nomme « le sublime », partout on l’adore. Puisqu’il est à origine, puisqu’il est le créateur.
Lui, le père, et elle, l’immense.
Mais il est loin, cet instant, l’origine du monde. Et la belle étendue de désir avec qui, voici des lustres, il avait fait l’amour, où est-elle ? Qu’est elle devenue ?

Flash back, cinq milliards d’années.
Répondant à l’oracle, transcendant l’appel divin à l’harmonie, avec fougue et génie, il l’avait aimé. Dans un acte entier ils créèrent le grand tout à partir du grand rien. La vie née de cette rencontre totale de lui-même et du grand O féminin donna naissance à l’univers, magnifique étendue sauvage, infinie, où lui-même s’y confondit, se mêlant à elle, dans d’indicibles instants, furtifs, fugaces, de bonheur absolu.
Cependant, celui qui possède, dit-on, le don d’ubiquité, et celui d’omniscience ; celui qu’on louange, qu’on célèbre, que partout on chérit, qu’on adore, qu’on adule ; cependant, même Dieu a des soucis, des tracas, des doutes, qui se perpétuent d’années en années lumière…

Dans la solitude Dieu a choisi de se perdre. Solitaire, inusable, à la recherche de sa voie, à nouveau, en quête d’une nouvelle découverte, afin d’impulser l’univers, encore, toujours. Cherchant sa muse, finalement, son éternelle.
Et de la séduire, lui plaire, à nouveau gagner son amour inconditionnel. L’amour pur.
Les mots s’inventent et jaillissent pour décrire les tourments, tout d’abord, qui traversent Dieu dans ces moments difficiles, et panser ses blessures en chemin, les abîmes.
S’il est le plus grand des puissants, il est en certains cas le plus miséreux des misérables.

Perdu quelque part, en quelque galaxie, ente Atrix II et Gourvanox IV, Dieu est en mauvaise posture. Il voit en effet le frôler plusieurs astéroïdes. Qui le percutent. Qui le traversent. Qui le transpercent. Mais qu’importe, il ressuscite. Tout de même, Dieu est bien mal en point.

Il est en même temps en elle, il le sait, au beau milieu de sa création où il évolue continuellement.
Et tantôt il est pris d’espoirs insensés ! D’infinie tendresse… de folle espérance ! (Dieu est le plus grand des poètes.) Mais sans cesse il se retrouve bousculé, maudit, lui-même, sa création, il médite sur un possible acte de péché qu’il aurait commis… son immaculée conception dorénavant éternellement retransformée, à jamais recommencée.

Les hommes sont là pour lui rappeler sans cesse son point de départ, il en a assez. Comme des enfants qui rappellent à leur père sa propre naissance. Et ailleurs, d’autres hommes, partout disséminés dans l’univers, lui crient sans cesse dans les oreilles d’accourir. Ils l’implorent ! Ces Misérables... Ignorants... Mais ce même cri qui voudrait aussi pouvoir jaillir de lui-même ! Son cri d’animal blessé qu'il ne peut lancer ! Qu'il lui est interdit par les lois que, lui et elle, se sont imposées dans l'union célébrée au grand sacrement, sous le divin firmament, et ce jusqu’à la fin des temps. Leurs voix mêlées communes sont impénétrables.

Lui-même, seul, en ce moment, tel un fou somnambule, déambule.
Dieu, que l’on dit souverain, est en vérité déchu, depuis qu’il existe, se dit-il, depuis le grand chambardement. Il est tombé de là haut, où il régnait sur le rien du tout. Il ne se souvient plus avant, avant le début de l’histoire. Mais il lui semble qu’il s’ennuyait et qu’il n’existait pas. Et s’il existait, il est mort autrefois, et il est maintenant ressuscité en un autre lui-même. Que lui manquait il ? Car il lui manquait quelque chose, impossible sinon, il ne serait pas jeté de là haut. Insensé ! Jeté dans l’inconnue, dans la vaste aventure. Pauvre illuminé !

Des siècles déjà qu’elle s’est tue. Mais peut-être ces silences sont-ils aussi autant de reproches adressés ? Mais s’il a été si dur, si violent si longtemps, c’est parce qu’il souffrait ! Et qu’il pensait qu’elle le méprisait. Pour cela il l’a salie, et il a voulu tout dominer. Pour se venger !
Parce qu’il était malheureux… Il ne savait pas…
O, qu’elle lui pardonne. Il l’implore. O, qu’elle l’entende… il l’aime tant.
Ou bien, peut-être, avait-il abusé d’elle ? Et le doute le taraude, le reprend. Dieu est pris par ce doute, la suspicion de son acte. Mais elle, où est elle ? Que dit-elle, que pense-t- elle maintenant ? Cette ancestrale pacifique, cette mer calme, limpide, azurée et vermeil, merveilleuse, ce vide si plein de l’attente de lui-même, que l’on s’obsède à nommer « Dieu ». Imbéciles ! Avec un grand dé, son grand dé de hasard demeurant à jamais son secret.

Elle… Il sait bien qu’elle n’est plus, que chaos et en même temps beauté faramineuse, mêlée à lui-même et au fruit de leurs entrailles. Et que lui-même est devenu, ce pauvre hère, ce triste naufragé, tantôt élastique, tantôt rassemblé sur lui-même, aussi petit qu’un point, aussi puissant que l’éternité. Est-il condamné ainsi à errer, tel un somnambule, à travers le fruit de son plaisir, depuis, et par l‘acte du commencement ? Il est dans un soleil noir, il est consumé et il s’est arrêté pensant rester là à brûler et souffrir pour l’éternité. Le diable ! Quelle sottise ! C’est lui qui est terriblement mauvais. Il songe à se suicider, mais il porte la terrible responsabilité de l’univers. Il est en elle. S’il passe à l’acte et met fin à lui-même, l’univers se refermera comme une coquille aspirée dans un trou noir et il n’en restera rien ; s’il est maudit, c’est par lui-même seulement, et il évolue avec la responsabilité de sa création, de leur conception. Lié à elle, leur union scellée au plus profond des mystères. Il ne peut pas l’anéantir. Il sait qu’elle le voit, et il l’entend qui pleure, et il devine ses yeux embués de compassion. Il a pris un plaisir mauvais, son orgueil, sa volonté à asservir, sa puissance à dominer. Il ne savait pas qu’il s’aliénait ainsi à ses propres esclaves, à ses autres lui-même. Il s’en est libéré. Il leur a ôté leurs chaînes. Ils sont libres, maintenant ! Ils ne lui doivent plus rien. Et lui, il ne leur doit plus rien. Les tourments de Dieu sont incommensurables. Il est le ténébreux, le veuf, et l’inconsolé. Il lui dit qu’il l’aime. Elle l’entend, il espère. Et ses silences sont autant de réponses qu’il sent dans les tréfonds de ses multitudes d'âmes. Un jour, elle lui répondra à nouveau, bientôt. Il relâche.

Son plaisir s’est amenuisé, puis effacé, par la nuit des temps… Il peut tomber maintenant tout au fond d’un puit qui n’en finit pas de s’enfoncer. Le noir le plus profond. Le vide intersidéral. Il tombe là, tranquillement, puisqu’il n’a plus aucune peur, plus aucune appréhension, plus aucun regret, plus aucun reproche, plus aucune envie, plus aucun besoin, plus rien d’un homme mais tout d’un humain. Il sent l’apesanteur devenir de plus en plus dense... Il descend au fond de lui-même, au fond des âges, au fond de la nuit, de plus en plus lentement. Il est comme la neige qui s’amoncelle. Il est éternel. Il imagine. Il sourit. Il la Voit.



Elle est là, majestueuse. Elle a ce si beau regard d’antan, mais avec quelque chose de plus mur, de plus grave, d’indicible. Qui le transcende. Elle est belle. Elle lui dit qu’il est beau. Et ses yeux sont humides, ils scintillent. Et les siens lui répondent. Il lui dit qu’elle est belle. Et ses yeux sont émus. Elle lui sourit. Elle est immense. Elle est toute près. Et il lui donne un baiser. C’est doux. Comme la neige mais c’est chaud. Ils se désirent. Ils ont l’impression de fondre. Puis de mourir. Puis de vivre. Puis d’oublier. Puis de croître. Puis, plus rien. Puis, tout. Puis, enfin…

Mon Dieu ! Je suis vivant ! Se dit Dieu.

Il s’en retourne, dansant, plein d’énergie et libre ! Porter le feu et la paix à travers la voie lactée.
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Kel
Envoyé mercredi 23 novembre 2005 - 14h51:   

Une histoire imaginée... La belle et le dieu


Chaque planète où la vie s’anime et où la conscience a surgi le glorifie, le nomme « le sublime », partout on l’adore. Puisqu’il serait à l'origine, puisqu’il serait le créateur.
Lui, le père, et elle, l’immense.
Mais qu'il est loin, cet instant mystérieux, point originel du monde courbe. La belle étendue de désir avec qui, voici des lustres, il avait fait l’amour, où est-elle ? Qu’est elle devenue ?

Flash back, cinq milliards d’années.
Répondant à l’oracle transcendant l’appel divin à l’harmonie, avec fougue et génie, il l’avait aimé. Dans un acte entier ils créèrent le grand tout à partir du grand rien. La vie née de cette rencontre totale de lui-même et du grand O féminin donna naissance à l’univers, magnifique étendue sauvage, infinie, où lui-même se confondit, se mêlant à elle dans d’indicibles instants, furtifs, fugaces, bonheur absolu... Et faits mère.
Cependant, celui qui possède, dit-on, le don d’ubiquité, et celui d’omniscience ; celui qu’on louange, qu’on célèbre, que partout on chérit, qu’on adore, qu’on adule ; cependant, Dieu lui même a de profonds soucis, des tracas puissants, des doutes indicibles qui se perpétuent d’années en années lumière…

Dans la solitude Dieu a choisi de se perdre. Solitaire, inusable, à la recherche de sa voie, à nouveau, en quête d’une nouvelle découverte, afin d’impulser l’univers, encore, toujours. Cherchant sa muse, finalement, son éternelle.
Et de la séduire, lui plaire, à nouveau gagner son amour inconditionnel. L’amour entier et lumineux, sans ombre d'un doute.
Les mots s’inventent et jaillissent pour décrire les tourments, tout d’abord, qui traversent Dieu dans ces moments difficiles, et panser ses blessures en chemin, les abîmes.
S’il est le plus grand des puissants, il est en certains cas le plus miséreux des misérables.

Perdu quelque part, en quelque galaxie, ente Atrix II et Gourvanox IV, Dieu est en mauvaise posture. Il voit en effet le frôler plusieurs astéroïdes. Qui le percutent. Qui le traversent. Qui le transpercent. Mais qu’importe, il ressuscite, se répercute. Tout de même, Dieu est bien mal en point.

Il est en même temps en elle, il le sait, au beau milieu de sa création il évolue continuellement.
Et tantôt, pris d’espoirs insensés ! D’infinie tendresse… de folle espérance ! (Dieu est le plus grand des poètes.) Mais, sans cesse, il se retrouve bousculé, maudit, lui-même, sa création, il médite sur un possible acte de péché qu’il aurait commis… son immaculée conception dorénavant éternellement retransformée, à jamais recommencée.

Les hommes sont là pour lui rappeler sans cesse son point de départ, il en a assez ! Comme des enfants qui rappelleraint à leur père sa propre naissance. Et ailleurs, d’autres hommes, partout disséminés dans l’univers, lui crient sans cesse dans les oreilles d’accourir. Ils l’implorent perpétuellement. Ah, les Misérables... Ignorants... Ce même cri qui voudrait aussi pouvoir jaillir de lui-même ! Un cri d’animal blessé qu'il ne peut lancer... Qu'il lui est interdit par les lois que, lui et elle, se sont imposées dans l'union célébrée au grand sacrement, sous le divin firmament, et ce jusqu’à la fin des temps. Leurs voix mêlées communes sont impénétrables.

Lui-même, seul, en ce moment, tel un fou somnambule, déambule.
Dieu, que l’on dit souverain, en vérité déchu et ce, depuis qu’il existe, se dit-il, depuis le grand chambardement. Il est tombé de là haut, où il régnait sur le rien du tout. Il ne se souvient plus avant, avant le début de l’histoire. Mais il lui semble qu’il s’ennuyait et qu’il n’existait pas. Et s’il existait, il est mort autrefois, et il est maintenant ressuscité en un autre lui-même. Que lui manquait il ? Car il lui manquait quelque chose, impossible sinon, il ne serait pas jeté de là haut. Insensé ! Jeté dans l’inconnue, dans la vaste aventure. Pauvre illuminé !

Des siècles déjà qu’elle s’est tue. Mais peut-être ces silences sont-ils aussi autant de reproches adressés ? Mais s’il a été si dur, si violent si longtemps, c’est parce qu’il souffrait ! Et qu’il pensait qu’elle le méprisait. Pour cela il l’a salie, et il a voulu tout dominer. Pour se venger !
Parce qu’il était malheureux… Il ne savait pas…
O, qu’elle lui pardonne. Il l’implore. O, qu’elle l’entende… il l’aime tant.
Ou bien, peut-être, avait-il abusé d’elle ? Et le doute le taraude, le reprend. Dieu est pris par ce doute, la suspicion de son acte. Mais elle, où est elle ? Que dit-elle, que pense-t- elle maintenant ? Cette ancestrale pacifique, cette mer calme, limpide, azurée et vermeil, merveilleuse, ce vide si plein de l’attente de lui-même, que l’on s’obsède à nommer « Dieu ». Imbéciles ! Avec un grand dé, son grand dé de hasard désespoir demeurant à jamais son secret.

Elle… Il sait bien qu’elle n’est plus, que chaos et en même temps beauté faramineuse, mêlée à lui-même et au fruit de leurs entrailles. Et que lui-même est devenu, ce pauvre hère, ce triste naufragé, tantôt élastique, tantôt rassemblé sur lui-même, aussi petit qu’un point, aussi puissant que l’éternité. Est-il condamné ainsi à errer, tel un somnambule, à travers le fruit de son plaisir, depuis, et par l‘acte du commencement ? Il est dans un soleil noir, il est consumé et il s’est arrêté pensant rester là à brûler et souffrir pour l’éternité. Le diable ? Quelle sottise ! C’est lui qui est terriblement mauvais. Il songe à se suicider, mais il porte la terrible responsabilité de l’univers. Il est en elle. S’il passe à l’acte et met fin à lui-même, l’univers se refermera comme une coquille aspirée dans un trou noir et il n’en restera rien ; s’il est maudit, c’est par lui-même seulement, et il évolue avec la responsabilité de sa création, de leur conception. Lié à elle, leur union scellée au plus profond des mystères. Il ne peut pas l’anéantir. Il sait qu’elle le voit, et il l’entend qui pleure, et il devine ses yeux embués de compassion. Il a pris un plaisir mauvais, son orgueil, sa volonté à asservir, sa puissance à dominer. Il ne savait pas qu’il s’aliénait ainsi à ses propres esclaves, à ses autres lui-même. Il s’en est libéré. Il leur a ôté leurs chaînes. Ils sont libres, maintenant ! Ils ne lui doivent plus rien. Et lui, il ne leur doit plus rien. Les tourments de Dieu sont incommensurables. Il est le ténébreux, le veuf, et l’inconsolé. Il lui dit qu’il l’aime. Elle l’entend, il espère. Et ses silences sont autant de réponses qu’il sent dans les tréfonds de ses multitudes d'âmes. Un jour, elle lui répondra à nouveau, bientôt. Il relâche.

Son plaisir s’est amenuisé, puis effacé, par la nuit des temps… Il peut tomber maintenant tout au fond d’un puit qui n’en finit pas de s’enfoncer. Le noir le plus profond. Le vide intersidéral. Il tombe là, tranquillement, puisqu’il n’a plus aucune peur, plus aucune appréhension, plus aucun regret, plus aucun reproche, plus aucune envie, plus aucun besoin, plus rien d’un homme mais tout d’un humain. Il sent l’apesanteur devenir de plus en plus dense... Il descend au fond de lui-même, au fond des âges, au fond de la nuit, de plus en plus lentement. Il est comme la neige qui s’amoncelle. Il est éternel. Il imagine. Il sourit. Il la Voit.



Elle est là, majestueuse. Elle a ce si beau regard d’antan, mais avec quelque chose de plus mur, de plus grave, d’indicible. Qui le transcende. Elle est belle. Elle lui dit qu’il est beau. Et ses yeux sont humides, ils scintillent. Et les siens lui répondent. Il lui dit qu’elle est belle. Et ses yeux sont émus. Elle lui sourit. Elle est immense. Elle est toute près. Et il lui donne un baiser. C’est doux. Comme la neige mais c’est chaud. Ils se désirent. Ils ont l’impression de fondre. Puis de mourir. Puis de vivre. Puis d’oublier. Puis de croître. Puis, plus rien. Puis, tout. Puis, enfin…

Mon Dieu ! Je suis vivant ! Se dit Dieu.

Et il s’en retourne, dansant, plein d’énergie et libre ! Porter le feu de l'expérience et faire tomber la neige de la paix à travers la voie lactée.

...

Si Dieu existait, il serait selon toute probabilité anarchiste.


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Kel
Envoyé lundi 12 décembre 2005 - 15h21:   

Poubelle !

:-))
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Kel
Envoyé lundi 12 décembre 2005 - 15h22:   

Poubelles !

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