DECHIREMENT Log Out | Thèmes | Recherche
Modérateurs | Fiche Personnelle

66 zone franche - Le forum de Francopolis » Romans, nouvelles » DECHIREMENT « précédent Suivant »

Auteur Message
Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

Mahdi AMRI
Envoyé jeudi 22 septembre 2005 - 14h12:   

DECHIREMENT

Par Mahdi AMRI


Je l’aime, ou je ne l’aime pas. Je n’en sais rien. Embarrassé. J’ai peur de tout et de rien. Le futur m’effraye. Dans la salle d’Anglais, j’ai les sens égarés. Mon cœur est brisé de tristesse. Le déchirement. La mauvaise humeur. L’égarement. Je ne peux me concentrer sur rien. Hier, j’ai mangé une grande quantité des oranges. Aujourd’hui, mon estomac me fait très mal. Les gaz se bousculent entre mes intestins. Une impression confuse, ambiguë me saisit.

Je l’aime…je ne l’aime pas. Je ne sais pas. A la bibliothèque, nous avons parlé pendant quelques minutes. J’ai vidé mon cœur des angoisses et des tristesses qui s’y accumulent. Je lui ai posé des questions indirectes. Elle s’est armée de son intelligence féminine. Elle m’a dit :
- Je suis sûre que tu ne m’aimes pas. Moi, je te plais seulement.

Triste, je me suis livré au silence.

Au métro, la même sensation m’envahit. Tristesse et mélancolie. Le métro démarre avalant les rails. Les vitres des issues reflètent l’expression de mon visage. La crispation et la profonde pensée circulent avec le métro. Le vide. Mon amour envers Samira n’est-il pas une pure hallucination ?

Vas-y. Parle ! Ecris pour te soulager. Divulgue tes secrets à la feuille blanche. Laisse les lettres sauvages déchirer l’hymen de la feuille pour enfanter des mots brûlants comme des braises, des blessures et des paroles. Débarrasse ton cœur. Plus tard, la tranquillité te comblera. Tu te réconcilieras avec toi-même, et tu vaincras tes malheurs.

Hier, Samira m’a donné un paquet de gâteau. Les cornes de gazelle qu’elle avait préparés elle-même pour moi. Je l’ai gentiment remercié en disant :


- Le titre de l’amour
- Non, de l’amitié. Mais, moi je t’aime. Je suis à cent pour cent sûre de mes sentiments.

Nous conversons. Au jardin de la fac, elle me reproche :
- Tu ne m’aimes plus comme avant…Parce ce que tu m’as laissé.

Je suis déçu. Ces paroles me traumatisent. Mon cœur est plein de désolation. Je me comporte follement, sans raison. Je vais la perdre si je continue ainsi.
Elle ajoute :
- Celui qui aime ne fait pas ça. Si je ne t’ai pas appelé, tu ne pensais même pas à le faire.
- Cette semaine je suis perturbé, je ne me maîtrise plus.

Nous sommes à la station de bus. 14h 20. Le ciel est gris. C’est le reflet de mon état d’âme. Je m’y trouve. Un vent froid souffle du nord. Moi, coléreux. Elle, enveloppée dans son silence orgueilleux. Je luis dis d’un ton gêné :
- Pourquoi tu ne parles plus ? Pourquoi ce silence ?
Nerveuse, elle me répond :
- Et toi pourquoi tu me parles de cette façon ? Calme-toi !

De nouveau, la désolation. Je reconnais en moi cette impulsion qui me pousse souvent à être agressif. Et à dire parfois des conneries.

Le chemin est barré et ouvert. Je vois tout et rien. J’avance à pas rapides sous la lumière du jour ou à pas lents sous le voile de la nuit. Je me crois arrivé à destination et je suis tout égaré. Le clair de lune ou les ténèbres lourdes. Le début ou la fin.

Dans la bibliothèque de la fac, je lui parle de mes sentiments. Elle me dit :
- Je n’aime pas tes humeurs changeantes. Je refuse d’être pour toi une simple expérience, un événement banal, passager…
- Non, tu ne me comprends pas, je veux dire…

La confusion. Tout est obscur, incompréhensible. Moi, elle, notre amour.

Elle me lance :
- Restons des simples amis. Je crois que ça sera mieux.
Je souris en tristesse. Douloureusement, je commente :
- Bon. Peut-être tu as raison. Nous sommes des amis, tout simplement.

Dans le zoo, je lui dis :
- Je suis un homme idéaliste. Je veux atteindre le sommet de l’amour. Mais, en vain. Je ne peux pas et ça me cause tant de peine.
Elle me dit :
- Ça suffit ! Trop de sentiments m’ennuie. Ça me rend malade.
Elle ajoute pour la cinquantième fois :
- Restons des simples amis.

Dans la maison, je sombre dans mon état initial : angoisse, inaptitude et pessimisme. La peur d’un choc sentimental. Samira est belle, adorable, sympathique, je l’aime, je n’accepterai pas de la perdre. Mon amour à son égard, je le veux violent, sincère, éternel. Et si ce ne sera pas ainsi ? Et si ? Je suis fatigué. Je ne peux penser davantage. Ma tête me fait mal. Je vais mettre fin à tout ce drame. Je dois me coucher. 7h du soir. La radio est allumée. Une chanson d’Aznavour emplit l’espace :

A 18 ans, j’ai quitté ma province
Bien décidé à empoigner la vie
Le cœur léger et le bagage mince,
J’étais certain de conquérir Paris

J’éteins la radio. Je n’ai envie de rien. Aznavour était certain de conquérir Paris, me dis-je. Moi, je n’ai pas réussi à conquérir le cœur de Samira. Mon humeur mille fois changeante m’a condamné à ce malheur. Souvent j’entreprends d’entamer une chose, et je m’arrête à mi-chemin, pour la substituer. Les choses perdent leur goût, leurs couleurs. Tout en moi devient ennui. La mécanique me tracasse et je fonce dans un gouffre sans fond.

Maintenant, j’essaie de dormir, d’échapper à la réalité. J’essaie, j’essaie. Je ferme les yeux, je compte jusqu’à cent. Deux cent, trois cent… Je récite tous les poèmes que je connais. J’énumère les cafés que je viens de découvrir à la banlieue, les nouveaux films que je viens de regarder au ciné, les pièces de théâtre que j’ai envie de voir. Je me souviens de mon enfance, de mon adolescence, de ma vie récente d’étudiant. Je me concentre sur tout et rien. En vain. Les idées noires se faufilent dans mon esprit. L’échec.

Le tourbillon de l’amertume.

Non, non. Je dois résister. Je dois m’armer de la volonté pour sortir de ma crise sentimentale. Des coups légers, rythmés sur la porte. C’est Badr qui retourne à la maison.

- Je suis désolé, je dois me reposer un peu. Je suis un peu fatigué. Je voudrais rester seul dans la chambre.
- Ce n’est pas grave. Mets-toi à l’aise.

Je m’allonge sur le lit. Je ressaie de me coucher. Peut être que ça va diminuer un peu ma souffrance. Je m’endors. Le flux des idées noires et des sensations contradictoires dans ma tête. Je suis déchiré. Je me souviens de nos longues discussions. Les jolis moments, enveloppés de charme. De magie. Les sourires. Les palpitations de deux cœurs amoureux. La tendresse.
- Tu remplis un grand vide en moi. A mes yeux, tu es la mère, le père, la sœur, l’amie. Tu es ma famille. Tu es l’essence de ma vie.

Est-ce vrai ? Comment je peux le vérifier ? Comment cela peut-il surpasser mes humeurs changeantes ? Ma tête va exploser. Je ne veux plus penser à tout ça. Mon psychisme est au degré zéro. J’essaie de penser à un événement heureux. Notre première rencontre, notre première sortie au zoo, nos premiers déjeuners au restaurants du centre-ville…J’essaie de me déconnecter du monde, de me concentrer sur un joli souvenir, une fleur cueillie dans le jardin de la fac, une caresse, un baiser doux, une parole d’amour...

Je suis… Je ne peux…

Top of pagePrevious messageNext messageBottom of page Link to this message

Hélène
Envoyé vendredi 23 septembre 2005 - 10h32:   

Bienvenue Amri

Te lire me renvoie à l'adolescence avec ses incertitudes, ses inquiétudes. cet âge ou attendre , faire confiance à la vie est si difficile .
pourtant on n'oublie jamais son premier amour

à bientôt

Message:
Identificateur : Information d'envoi:
Cet espace est public. Entrez votre nom d'intervenant et votre mot de passe si vous avez un compte. Sinon, entrez vos Nom, Prénom et votre nom d'intervenant si vous avez un compte . Laissez le champ 'mot de passe' vide. Votre adresse E-mail est optionnelle.
Mot de passe :
E-mail:
Options: Ecrire en tant que "Anonyme"
Code HTML non valide dans un message
Activation automatique d'URL dans un message
Envoyer:

Thèmes | Depuis hier | La semaine dernière | Vue d'ensemble | Recherche | Aide - Guide | Crédits programme Administration