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motsart
Envoyé vendredi 28 octobre 2005 - 19h01:   

La lutte de l'angelle

Ils étaient ivres, durement drogués. Ils étaient cinq; quatre hommes, une femme. Ils riaient forts, gueulaient des injures aux passants. L’un d’eux dégueulait sur son copain et ça riait et ça riant ! « Hé les mecs, regarder qui vient là ! » Puis ils l’aperçurent. « Hé poil de carotte, viens par là ! »

Elle avait sa solitude écrite à la main. Elle rentrait avec ce plaisir de se retrouver seule à la maison, avec milles sourires dans la tête, chaque petit bonheur dans le vert des yeux. Elle irait arroser ses herbes, se faire une salade, se couler un bain et écrire.

Elle accéléra trop tard.

- « Hé poil de carottes, tu viens jouer ! »

Ils en bavaient. Elle regarda autour d’elle. La horde était là à se cogner dessus comme des collégiens mal élevés qui font la tête.
Elle cria « Non ! » avec une rage effroyable !
Ça les a excité.
En quelques fractions de secondes, des mains partout disaient « T’aime ça hein ? »
Non, criait Non !
« Mais oui, t’aime ça ! T’es un cul de salope et tu vas le montrer ! »

Un passant s’arrêta. « Qu’on vienne à mon aide, quelqu’un! Je vous en prie ! » mais elle ne voyait que la fille qui riait, les yeux mouillés, retenus d’angoisse, sentant la panique dépossédante dessous sa terreur.

Ils se mirent à la pincer. « Elle aime ça. Observer là! Toutes pareilles ces putes ! ». Elle n’arrêtait pas de crier. Puis l’un deux sortit une lame et d’un seul coup lui scalpa le crâne. À la main triomphante; une grande mèche rouge de ses cheveux.
« C’est pour garder en souvenir. »
Et l’autre qui avait vomi se jeta sur elle pour l’embrasser. La puanteur lui arracha le cœur. Puis tout alla très vite. Personne n’est intervenu. Personne. Elle n’est pas rentrée.


***

Elle était assise devant la glace. Il lui semblait que cela faisait des semaines qu’elle ne bougeait pas. Elle tenait le cœur ailleurs. Les yeux vieillis, rivés sur son corps, pâle, bleuté de haine avec cette odeur acre de vomi et cette odeur insupportable d’alcool qui l’empêchait de respirer. Le temps en durée, de rares larmes roulaient. Aucun n’avait osé la toucher. Aucun n’avait demandé si elle voulait être touchée. Des personnes s’étaient approchés. « Tu veux en parler » Elle n’avait pas répondu. « À quoi bon. » bien qu’on aimait mieux son silence. Elle vomissait tout ce qu’elle avalait. Le corps s’en voulait. Son cœur se taisait. Son esprit chavirait, entendait « Il faudrait bien qu’elle en parle. » Un médecin avait prescrit des calmants. Il pensait qu’il serait mieux pour elle de faire une thérapie.


(Voilà le mal devenu la règle. Le maître est un héros, qu’on félicite pour son talent de bourreau. Avec des mots vous pouvez payer la traite aux blêmes foules d’inconsciences. Avec de l’argent vous pouvez leur faire avaler l’enfer et enculer leurs enfants et ils en redemandent !

Bonjour Satanas! Tu fais les olympiades de la poésie, tu fais la une des manchettes et la médaille au cou; tu gonfles d’orgueil les culs que courent tes paparazzis. Allez des applaudissements; dans l’arène, des assujettis obéissant à big brother. La misère c’est trop banal, la faim aussi, mais le flux et le vomi ça c’est vendable. Allez tous sur le même bateau et prions pour qu’ils coulent pour le plus offrant des cons. Mais ces salauds n’auraient pas son âme. Non, ces salauds pourriraient dans l’enfer de leur vie sans son esprit. Elle sentit la colère puissante lui prendre la main. La femme qu’elle était ne leur donnerait pas un autre jour de sa vie et elle avait pensé à la beauté et elle avait pensé à tout ce qu’elle aimait et avait pleuré, pleuré, pleuré sans s’arrêter son déluge de peines.)


« Tu crois qu’elle peut en sortir ? » -« Non, elle n’est pas assez dur.»

Et elle avait pensé qu’ils avaient raison. Elle avait tout connu plus d’une fois. Le mal attaquait depuis tous ses jours. Une autre fois. C’était trop horrible. Elle revoyait la violence, entendait sa peur, ses hurlements, leurs rires, leurs insultes, leurs satisfactions à la torturer. « Tu vas jouir à en crever, salope ! » Sa chair s’ouvrait se déchirait, saignait, brûlait. Elle avait résisté à bout de force. Épuisée, vaincue, elle avait subit… encore, encore, encore et la scène lui semblait la même superposant leurs visages haineux. Ils étaient cinq, dix, cent, vingt mille, répété des milliards de fois et elle en mourrait.


Elle avait refusé leurs cachets, elle avait refusé leur pitié, elle avait refusé d’en parler, puis un beau matin, les larmes habillées, elle pris un cahier et elle est sortie écrire une histoire d’amour à la vie.

***

Elle se retrouvait encore écartelée comme une fleur ouverte jusqu’au cœur, les pieds dans des mécaniques glacées. Ils avaient des délicatesses nonchalantes, fonctionnelles, routinières. On lui expliqua tout. On lui demanda si c’était sa volonté. Elle avait dit « oui ». Elle avait crié « non ».

Elle ne voulait pas de cet enfant avenir. Il n’était pas d’elle. Il n’était de personne et elle se protégeait de la peine future de cet angelot giflé. Elle ne voulait pas d’une vie qu’elle ne voulait pas, en ce monde désolé. Elle ne voulait surtout pas avoir à se battre contre une destinée éclose dans sa chair réprimée. Elle refusait de créer cet être de son sang, soulagée de ne jamais le voir se fixer à ses seins pour se nourrir de sa sève. Elle refusait de l’entendre pleurer sa faim d’elle. Elle refusait de s’attendrir pour une âme qu’elle n’avait pas désiré, refusait de pleurer émue sur elle. Elle s’était résignée à ne plus la sentir dans son utérus mais une dernière fois avant de la délivrer d’elle, elle avait pensé que ses émotions existaient en cette forme de vie. Elle avait pensé ce qu’elle n’était pas; ces cellules d’être racontait son âme, dans les battements de son cœur; battait son rythme de sa source d’elle, dans ses voies génitales. Elle avait pensé qu’il le fallait pour le bien, pour le sien, reprendre sa vie à cette vie tout de suite.

Le moment arrivait. La seule chose qui comptait c’était ce prochain… demain. Un autre temps, loin de celui-ci. Elle s’accrochait à cet autre instant. Elle avait mal en son ventre gonflé. Elle avait mal en sa poitrine chargée, s’efforçait de ne rien éprouver de cette colère contre la stupidité et l’ignominie. À quel moment le médecin était entré ? Elle ne savait plus. Il avait posé une question sur son embarras, lui avait caressé les cheveux et s’était assis devant elle, béante, ouverte, inconfortable. Elle avait eu froid.

Il entrait ses doigts en elle, appuyait cliniquement sur le ventre, les ressortait. Elle fixait le rose des lèvres, anxieuses, coincées. Les mots de réconfort se taisaient. Puis comme s’il avait pu lire ses pensées, il dit que tout se passerait bien.

Et elle avait fermé les yeux sur la solitude et vu des femmes défilées en son esprit, ensanglantées, triturées dans leur chair, travaillées par les broches, conscientes de ce qui leur arrivait. À quel moment de l’histoire des hommes avaient-elles commencé à refuser la création ?

Elle s’en sortait, presque, mais combien étaient-elles qu’on sacrifiait ? Toutes ces autres qui affrontaient la mort pour ne pas à avoir à donner la vie. Des vies de femmes sans frontières, frigorifiés d’inquiétudes, qui se savaient perdues.

C’était un jeu; la frayeur et la haine des esprits durs, qui l’avaient menée à cet instant. La solitude brisée s’observait. D’autres l’épiaient. Elle affronta la culpabilité, la confusion, l’angoisse. Elle posa une question. « Puis je voir ? » Quelqu’un lui dit que l’aspiration déchiquetait le fœtus. Puis le bruit arriva trop vite, rapide, violent. La séparation critique se contracta en elle, lui arracha une plainte.

Quand elle était sortit de la clinique, elle avait eu besoin d’aimer. Personne. Elle avait pris un taxi. « Au cimetière. » Elle était descendu du taxi s’abandonna sur la première tombe et pleura sur elle.












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