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jml
Envoyé dimanche 14 novembre 2004 - 03h58:   

En guise de scolie

Quand le silence, l'effacement, n'est pas seulement dans les espaces blancs autour de et entre les mots, quand il s'empare de tout, y compris de lui-même, les mots qui le disent viennent, eux aussi, dédire ce qui ne sort ni du corps ni du coeur, mais d'une âme lointaine, égarée dans les méandres des langues, se jetant l'une dans l'autre comme si, de l'une à l'autre, le sacrifice de la limite était imaginaire, sacrifice dans la limite des douleurs disponibles, des visions que la lumière ou l'obscurité calcinent, retour toujours dans la spirale qui du "je" va au "tu", pluriel, souvent absent, comme tombé dans les pièges de l'histoire, inracontée, quête provisoire d'un chaînon définitivement manquant, gelmanisation (l'auteur est le traducteur de Juan Gelman) des tragédies que l'écriture avale à doses plus ou moins mortelles.

De l'autre côté de l'écriture, dans son non miroir sans doute, il y a ce texte-ci, une traduction comme on dit, ingelmanisable, dégelmanisée, puisque passée par le tamis d'une toile de langues autres, appartenant au traducteur, toutes à l'extérieur de, non seulment du livre original - Juan Gelman, on le sait, s'il écrit dans une langue, écrit dans la sienne, la langue gelmane, que lui seul écrit, qui s'étend du douzième siècle à aujourd'hui, de l'Espagne à l'Argentine, de l'enfance à l'âge de raison, de la cruauté de la blessure à la tendresse de la douleur - mais aussi en dehors de l'espace maternel du traducteur qui, tel un spectateur insolent, voit la traduction se faire contre la langue, la voit s'insérer dans la langue comme on se faufile dans un cheval de Troie, non pour s'emparer de quoi que ce soit, mais pour, à la fois, détruire et nourrir l'illusion que la traduction est possible.

Jean Portante
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Cécile
Envoyé dimanche 14 novembre 2004 - 10h47:   

Je cohabite avec un obscur animal.
Ce que je fais de jour, il le mange de nuit.
Ce que je fais de nuit, il le mange de jour.
La seule chose qu'il ne mange pas c'est ma
mémoire. Il s'acharne à palper
la moindre de mes erreurs et de mes peurs.
Je ne le laisse pas dormir.
Je suis son obscur animal.

Juan Gelman, Salaires de l'impie et autres poèmes ,Traduit de l'espagnol - Argentine - par Jean Portante, 2002. 153 pages. 12 euro, ISBN 2-87962-140-2

Je n'ai pas la version originale, quelqu'un l'aurait ?


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jml
Envoyé lundi 15 novembre 2004 - 02h15:   

je n'ai pas l'édition bilingue. je crois avoir la même édition que toi dans la magnifique collection G.R.A.P.H.I.T.I éditée en collaboration entre Les Éditions Phi du Luxembourg
et Les Écrits des Forges du Québec.

C'est dans cette collection qu'il y a Les Chants du Refus d'Anise Koltz et le trop méconnu Elle de Guillevic.
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Cécile
Envoyé lundi 15 novembre 2004 - 08h23:   

Tiens le Elle de Guillevic... Je cours me le procurer !

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