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Leezie
| Envoyé vendredi 01 octobre 2004 - 19h11: | |
Allez je me risque encore à proposer un jeu: il s'agit d'écrire un texte qui donne un mode d'emploi et des instructions. Ces instructions sont très concrètes et prosaïques, mais le thème abordé l'est moins tout cela, par exemple, sur le modèle des Instructions de Julio Cortazar, dont voici un exemple : INSTRUCTIONS POUR REMONTER UNE MONTRE Là-bas au fond il y a la mort, mais n'ayez pas peur. Tenez la montre d'une main, prenez le remontoirentre deux doigts, tournez-le doucement. Alors s'ouvre un nouveau sursis, les arbres déplient leurs feuilles, les voiliers courent des régates, le temps comme un éventail s'emplit de lui-même et il en jaillit l'air,les brises de la terre, l'ombre d'une femme, le parfum du pain. Que voulez-vous de plus? Attachez-la vite à votre poignet, laissez-la battre en liberté, imitez-la avec ardeur. La peur rouille l'ancre, toute chose qui eût pu s'accomplir et fut oubliée ronge les veines de la montre, gangrène le sang glacé de ses rubis. Et là-bas dans le fond, il y a la mort si nous ne courons pas et n'arrivons avant et ne comprenons pas que cela n'a plus d'importance. Julio Cortazar in Cronopes et Fameux, 1962 |
   
s*
| Envoyé vendredi 01 octobre 2004 - 20h58: | |
(rude succession, pauvre inconscient) -- Comment feindre de se déplacer hors de soi en musique -- Pratiquer une ouverture sur un être cher. Le placer au milieu d'une plage, à la limite du sable sec et du sable mouillé. Faire jouer une musique du bout du monde. Une musique si lointaine que les gens qui l'écoutent se rappellent aussi de ce qui leur est proche. Si proche que les gens qui la jouent croient être nés tout à côté de vous. Louer quelques bateaux et faire inscrire sur leurs voiles des messages de sagesse. En dissimuler les lettres pour susciter le désir de lire. Attendre que le sable s'infiltre et que le chant s'incorpore. Attendre que l'être cher soit granuleux et composé de l'autre autant que de lui-même. Tremper les instruments jusqu'à la menace. Tenter de ne pas s'enfuir le long de leur cordes. Prendre pour femme la ligne de flottaison. Caresser les cheveux de l'être cher et reboucher doucement les plaintes d'un monde apeuré de se connaître. Ne plus attendre. S'exercer à la mer. Creuser jusqu'à sa tendresse la plus sombre, croire en ses courants les plus arides. Porter à sa bouche des vagues dont on décide la dimension selon ce que l'on veut ou peut dire. User de ce chant pour rythmer les possibilités mobiles de ceux qui restent à terre. Trépigner de conscience. Poser chacun de ses pieds d'un côté du temps. Ciseler son heure. Croire en la solidité de l'eau. Croire que l'on se déplace entre le ciel et l'eau et réciproquement alors qu'on ne fait que choisir quel soi verra le soleil devenir bleu. 21-06-2002 |
   
Cécile
| Envoyé samedi 02 octobre 2004 - 10h06: | |
Plonger des pensées dans l'eau, leur donner ce goût de sel que les lèvres ont parfois. Quand la surface oscille sur un banc de sable, laisser la raison retourner dans ses profondeurs. Eclater un friselis de sonates dans une parcelle de mer. Tournoyer une barque non barrée dans le contre-courant incontrôlable. Plier le mât par la force du vent. Transporter dans un bain d'écume du bois flottant , s'incruster dans les algues vénéneuses et se cogner au corail érodé. Les pensées empoisonnent et les poissons s'enfuient. Echapper aux vagues qui s'éparpillent sur le flanc des rochers. Assister au retour violent des pensées sur elles-mêmes. Artifice de débris. Là-haut, un oiseau vole à la recherche d'un rayon de lumière.
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Cécile
| Envoyé samedi 02 octobre 2004 - 10h07: | |
Bon, j'ai triché, j'avais déjà ce texte dans ma valise. Mais je vais volontiers en écrire un nouveau. merci Leezie |
   
Leezie
| Envoyé samedi 02 octobre 2004 - 14h23: | |
ah non tu n'as pas triché, Cécile, on peut tout à fait mettre un texte ancien, si cela correspond au thème, bien sûr merci à tous les deux, toi et s*, magnifiques réponses à ma suggestion |
   
Leezie
| Envoyé samedi 02 octobre 2004 - 14h27: | |
Instructions pour parler un peu Tout d'abord retirer doucement le corps d'entre les pages du dossier, enlever ce qui reste et garder pensivement le sang sur la peau de ses mains. Si la télévision est allumée et que des gens se jettent d'une tour ou montent sur un tas de poussière avec un drapeau, l'éteindre, envoyer l'enfant se coucher, rester auprès de lui avec des peluches. Si un corps s'est subitement penché pour vomir, si les voitures se sont arrêtées sur l'autoroute, une puis l'autre, puis l'autre, tout cela pendant trois minutes, c'est bon signe, signe que l'on n'a pas encore changé d'orbite. Les nuits de chagrin, lire les reines rouges, sans oublier de casser tous les miroirs ni d'accepter de s'éveiller en mode sans échec. Pour cela, ouvrir sa fenêtre avec passion, avec émerveillement, avec humilité. Surtout ne pas oublier de remercier pour l'amour quel qu'il soit. (fin 2001) |
   
ali
| Envoyé samedi 02 octobre 2004 - 16h26: | |
Voici un ancien texte "aux instructions beaudelairiennes!!" mots perdus Et s'il arrive mon ange que tu perdes un jour tes mots et que tu te trouves sur les dalles de cette hippique falaise des songes ou sur ce poéme de sable à ciel ouvert ou sous l'ombre du charme de cette rose.. ;allonge toi la face vers la voûte arrête ton souffle et dis à ton étoile filante ,à tes réves d'hier, à cet horizon qui s'ouvre ,à Muhitan ton fou "oû sont-il mes mots?".et l'étoile les rèves l'horizon Muhitan te rendront tes mots et te diront "les voîla tes mots ange tisse nous en un poéme et vas"! |
   
khalid
| Envoyé lundi 04 octobre 2004 - 14h42: | |
les creux discours un p'tit coup de vide un soupçon de rien harpagons du langage théorisons et thésaurisons de chaque virgule un peu plus éloignés de notre être le concept pour expérience que rendra valide un cortège de mots ayant des idées sur tout et surtout des idées khalid
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pa
| Envoyé lundi 04 octobre 2004 - 18h02: | |
comment vivre ne plus jamais s'asseoir au milieu des choses risquer le monde comme une pulsion sur le temps s'aventurer dans les vagues d'un souvenir à faire brasser ces fruits d'amitiés dans une chaude cuisine s'assurer maintenant qu'on a laissé des taches et laisser courir les enfants dans les corridors perpétuels
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