Ultimatum

Oh Juan, pourquoi rêves-tu toujours de roses ?
Tu vois bien qu'il n'y a plus de place chez nous,
cela ne peut plus continuer.
Chaque jour tu te réveilles les draps pleins de roses
et si par hasard on fait l'amour
elles ne se contentent pas de rester tranquilles, non,
elles dansent impudiques au son d'exquis menuets
que tes doigts dessinent sur ma peau en m'habillant.

Pour cela, je ne veux plus que tu boutonnes ma chemise
ni que tu fasses des noeuds à mon mouchoir....
Mais dis-moi, que faisais-tu dans le parc
avec ce chêne édenté et avec ce camelia noir qu'on a vu se promener avec toi dans le champ ?

Hier une averse d'eau précieuse nous a surpris
je n'avais pas de capuche et mes cheveux se sont trempés.
Mais toi, d'un geste, tu as changé les gouttes de pluie
en petits parapluies de nacre.
Je te remercie pour ta gentillesse magique
mais la terre, elle, avait besoin d'eau
et tu l'as laissé desséchée et si blanche
qu'on aurait dit du lait caillé.
Bien sûr, ce n'était qu'une erreur de ta part
bien sûr que tous ces parapluies s'envoleront bientôt
et feront place à mille nuages qui se poseront doucement
sur les prés, les collines, les semis
pour donner du pain et de la joie à Saint Paysan
qui s'était terré comme une ligne de métro.

Juan, tu fais ce que tu veux avec le plus grand naturel
mais moi ça m'agace de ne pas savoir me fâcher contre toi
malgré toutes les raisons que j'ai, grandes et justifiées.

A partir de maintenant je te lance un ultimatum:
de deux choses l'une,
ou tu renonces à tes pouvoirs magiques
d'enfant qui transforme ses langes en navires
ou d'une huile d'olive qui par pur plaisir
se tranforme en compote de prunes du dimanche
ou bien on déménage dans une mansarde un peu plus grande
où il y aura assez de place pour mettre nos affaires...

Que tu es pénible quand même !
Tu ne vois pas que je t'aime, alchimiste de pacotille ?

****

Ultimátum.

¡ oh Juan ! por qué sueñas siempre rosas ?
Ya no nos caben en la habitación,
esto no puede seguir así :
Cada día te levantas con las sábanas llenas de rosas
y si por casualidad hacemos el amor
no se conforman con quedarse quietas de mañana, no :
danzan las gamberras al son de los exquisitos minués
que trazan tu dedos al vestirme.

Por eso me niego a que me pongas la camisa,
a que me anudes el pañuelo...
dime, ? qué vas a hacer con esa ancina desdentada
y la camelia negra que se vieron contigo cuando
terminastes de dar un paseo por el campo ?

Ayer nos sorprendió un aguacero precioso
y como yo no llevaba gorro y sí el pelo recién lavado,
convertistes las gotas en diminutos paraguas de nácar,
yo te agredezco la gentilleza de tu magia
pero el campo necesita agua
y lo dejastes blanco, tan blanco
que parece leche cuajada.
Menos mal que luego caíste en la cuenta del error
y los paraguas volaron para dejar paso
a tros mil nubes que se posaron dulcamente
en mos prados, en los cerros, en los sembrados
para dar alegría y pan al santo campesino
que hizo arrugas de un metro de profundidad por re tanto.
En fin, Juan, haces lo que quieres con la naturaleza
y a mí me irrita el no poder enfafarme nunca contigo
a pesar de tener motivos grandes y justificados.

Desde ahora te anunco mi ultimátum :
una de dos, o renuncias a tu poder modoficante de niños
que cambian pañales por barco,
de aceituna que, por le da la gana, se transforma en ciruela
los domingos
o nos mudamos a otra buhardilla
que tenga el suficiente espacio para meter todos los trastos...
¡ Porque mira que eres pesado !
Porque mira que te quiero tanto, alquimista barato.

***