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Eclatement de vie, attentat terroriste

2004  et tous les espagnols sont en pleurs

     ATTENTAT    en    ESPAGNE


LA JORDANA de  José Saramago



Texte intégral lu à Madrid le samedi 20 mars 2004  lors de la manifestation contre la guerre, l'écrivain espagnol Almudena Grandes en a lu une partie.

Madrid, capitale morale de l'Europe
José Saramago
La Jornada.


Non à la guerre ! Oui à la paix ! Non à l'occupation ! Oui au droit de vivre libre !
Madrid est actuellement la capitale morale de l'Europe; elle n'est évidemment pas la capitale politique des européens, ni la capitale économique, et encore moins la capitale militaire. Cependant, oui, elle est clairement et catégoriquement la capitale morale de cette Europe que quelques-uns osèrent qualifier de "vieille" et qui ne savaient et ne savent que peu de chose sur l'Europe et qui présumaient trop de leur supposée jeunesse.

Les 200 morts de l'infâme attentat du 11 mars resteront pour toujours dans la mémoire et dans le coeur de Madrid. Chacun d'entre eux dans cette ville sera une image que nous croiserons dans les rues. Chacun d'entre eux sera un regard qui questionnera notre passé.

Chacun d'entre eux sera une exigence et un engagement.

Le lendemain, les yeux remplis de pleurs et la douleur clouée au coeur, Madrid sortit en masse dans la rue. Avec Madrid, c'est l'Espagne entière qui est sortie de ses foyers. A travers l'Espagne, c'est l'Europe et le monde qui sont sortis. De l'autre côté des frontières, dans beaucoup de villes et de campagnes, résonnèrent les cloches des églises et les sirènes des usines. Et toutes les minutes de silence effectuées se transformèrent en de nombreuses heures de deuil. Madrid n'était pas seule. L'Espagne n'était pas seule. Une vague de solidarité noyée de larmes enseigna à tous une clameur unanime contre la barbarie terroriste. Une clameur contre le terrorisme intérieur et extérieur, et aussi, en tant que conséquence d'un tel crime, contre tous les autres terrorismes de toutes couleurs et de tous partis: les noirs, les bleus, les verts et les marrons. Personne n'ignore que ces couleurs néfastes ont teint de néfastes chemises dans le passé.

Personne ne peut ignorer qu'aujourd'hui, sous prétexte des meilleurs objectifs et des intentions les plus protectrices, de nouveaux autoritarismes menacent le monde. Ils portent les chemises par-dessous la peau, mais la soif de pouvoir est identique. Les procédés ont changé, cependant, les objectifs sont les mêmes.

Il y a un an, des millions de gens sont descendus dans la rue pour crier "Non à la guerre!" et ainsi barrer le chemin à ceux qui s'entêtaient à rentrer au nom de la guerre préventive, dans ce qui n'est qu'un terrorisme d'Etat. Beaucoup d'entre nous y étaient, élevant des pancartes pour la paix et des cris d'espoir, mais la guerre ne fut pas arrêtée. Pour monsieur George W. Bush, et ses deux principaux acolytes, messieurs Tony Blair et José María Aznar, nous n'étions, dans le meilleur des cas, que de pauvres niais incapables mentalement de comprendre la majesté sublime de la geste belliqueuse qui se préparait. Et dans le pire des cas, nous n'étions que quelques misérables traîtres de la civilisation occidentale, et nous ne méritions pas le pain que nous mangions.

Peu importait que la fameuse geste belliqueuse ne fût qu'un treillis de manipulations grossières et de mensonges. Peu importait que dans les paroles qu’ils proféraient deux sur trois furent mensongères et la troisième douteuse. Peu importait que les raisons avancées pour déchaîner la guerre se brisassent en mille morceaux dans les jours suivants.
Obstinés dans leur stratégie de tromper systématiquement les gens, l’utilisant comme instrument de manœuvre politique, Bush, Blair et Aznar ont consacré leurs fonctions et leur labeur en baladant de par le monde leurs impayables nez de Pinocchio. L’année qui se termine, entrera sûrement dans l’histoire comme le temps où l’on a proféré la plus grande quantité de mensonges dans le monde.

Et vous, et nous, les milliers et milliers qui sont sortis à la rue il y a un an, à première vue, une fois les manifestations terminées, vous n’avez rien fait d’autre que de rentrer chez vous, comme si, vaincus et humiliés par les ruses et le mensonge organisés, vous a brusquement fait défaut la propre conscience de vos raisons. Aujourd’hui, ici, nous pouvons affirmer qu’il n’en était rien.
Les mobilisations de protestation et de revendications de la paix, réunies à Madrid et dans toute l`Espagne, se sont transformées, sans s’en rendre compte, dans le fleuve Guadiana qui quitte la superficie de la terre pour tracer son chemin souterrain. Et à la manière du Guadiana,  en un autre fleuve occulte dans lequel vous vous êtes transformés , il a émergé tout à coup à la surface, alors que personne ne s`y attendait. Tout ceci s’est produit le 14 mars de l`année 2004. D’aucuns diront que ceci n’a rien à voir avec cela. Mais si, cela a à voir, car secoués par la douleur, noyés de larmes, le mot paix a retrouvé le chemin de nos gorges et le « non à la guerre » a repris sa force première pour la doubler et la multiplier.
 
Ce qui semblait endormi s’est réveillé et à partir de maintenant, rien ni personne ne pourra le taire. Non á la guerre !, Non, non, non, non, et non !
(Traduction : NMP)


·    Texto íntegro leído en Madrid en la manifestación del sábado, 20 de Marzo, contra la guerra, una parte del cual leyó la escritora española Almudena Grandes.

Madrid, la capital moral de Europa
José Saramago
La Jornada

¡No a la guerra! ¡Sí a la paz! ¡No la ocupación!¡Sí al derecho de vivir libres! Hoy por hoy, Madrid es la capital moral de Europa; por su-puesto que no es la capital política de los europeos ni la capital económica ni mucho menos la capital militar. Pero sí es, clara y rotundamente, la capital moral de esa Europa a la que osaron llamar "vieja" algunos que de Europa sabían y saben muy poco, y que de su supuesta juventud presumían demasiado.

Los 200 muertos del infame atentado del 11 de marzo van a quedar para siempre en la memoria y en el corazón de Madrid. Cada uno de ellos será en esta ciudad una imagen que encontraremos por las calles. Cada uno de ellos una mirada que nos interrogará al pasado.

Cada uno de ellos una exigencia y un compromiso.

Al día siguiente, con los ojos llorosos y el dolor pegado al alma, Madrid salió en masa a la calle. Y con Madrid salió España entera de sus casas. Por España salieron Europa y el mundo. En muchas ciudades y pueblos al otro lado de las fronteras sonaron las campanas de las iglesias y las sirenas en las fábricas. Y todos los minutos de silencio cumplidos se hicieron muchas horas de duelo. Madrid no estaba sola. España no estaba sola. Una onda de solidaridad empapada de lágrimas enseñó a todos en un clamor unánime contra la barbarie terrorista. Un clamor general contra el terrorismo interno y externo y también, como consecuencia de un crimen tal, contra todos los demás terrorismos de todos los colores y facciones: los del negro y los del azul, los del verde y los del marrón; na-die ignora que esos colores nefastos se ti-ñeron en nefastas camisas en el pasado.

Nadie puede ignorar que hoy, bajo la capa de los mejores propósitos y las más protectores intenciones, nuevos autoritarismos están amenazando el mundo. Llevan las camisas debajo de la piel, pero la sed de poder es idéntica. Los procesos han cambiado, sin embargo, los objetivos son los mismos.

Hace un año, millones de personas bajaron a la calle para gritar "¡No a la guerra!" e intentar así cortar el camino a aquellos que se empeñaron a entrar en nombre de la guerra preventiva a lo que simplemente es terrorismo de Estado. Muchos de nosotros estuvimos aquí y levantamos pancartas de paz y gritos de esperanza, pero la guerra no se detuvo. Para el señor George W. Bush, y sus dos acólitos principales, los señores Tony Blair y José María Aznar, nosotros, en el mejor de los casos, éramos unos pobres ingenuos, mentalmente incapaces para comprender la sublime majestad de la gesta bélica que se preparaba. Y en el peor de los casos, unos miserables traidores a la civilización occidental que no nos merecíamos el pan que comíamos.

No importaba que la famosa gesta bélica fuera sólo un entramado de groseras manipulaciones y falsedades. No importaba que de cada tres palabras que ellos proferían, dos fueran mentirosas y la  tercera dudosa. No importaba que los motivos ofrecidos para desencadenar la guerra se derrumbaran hechos añicos a los pocos días. Empecinados en la estrategia del engaño sistemático como instrumento de maniobra política, Bush, Blair y Aznar dedicaron sus oficios y quehaceres y a pasear por el mundo sus impagables narices de Pinocho. El año que ha pasado entrará seguramente en la historia como el tiempo en el que más mentiras han sido dichas en el mundo.

Y vosotros, y nosotros, los miles y miles que habéis salido a la calle hace un año, a primera vista, terminadas las manifestaciones, no habéis hecho nada más que volver a casa como si, vencidos y humillados por las mañas y la mentira organizadas, de re-pente os hubiera faltado la propia conciencia de vuestras razones. Hoy, aquí, podemos afirmar que no fue así.

Las movilizaciones de protesta y de reivindicación de la paz, reunidas en Madrid y en toda España, se fueron convirtiendo sin que os diérais cuenta en el río Guadiana que deja la superficie de la tierra para conseguir su camino debajo del suelo. Y a la manera del Guadiana, en otro río oculto en el que os habéis transformado, ascendió de súbito y cuando nadie se lo esperaba a la superficie. Sucedió eso en el día 14 de marzo del año 2004. Que no tiene que ver una cosa con la otra, dirán algunos. Pero sí tiene que ver, que sacudidos por el dolor, ahogados por las lágrimas, la palabra paz volvió a encontrar el camino de nuestras gargantas y el "¡No a la guerra!" retomó su primera fuerza para luego doblarla y hasta multiplicarla.

Lo que parecía dormido despertó y a partir de ahora nada ni nadie os podrá callar. ¡No a la guerra! ¡No, no, no, no y no!


José Saramago prix Nobel de littérature (1998).
pour francopolis avril 2004




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Créé le 1 mars 2002

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