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Chaque mois, comme à la grande époque du roman-feuilleton,
     nous vous présenterons un court conte : 


Le Baptême(Conte de nos montagnes)

par Éliette Vialle

 

         Partie 1 (novembre 2013)

       Partie 2
(décembre 2013)


   et voici la suite ... Partie 3 (avril 2013)


Hélas ! Comme la craie qui crisse sur l’ardoise, le bonheur des uns provoque chez les autres la même sensation d’irritation voire d’agressivité. Tout semblait réussir à ce jeune couple : des biens, des terres, un mariage grandiose qui avait duré sept jours et sept nuits, et puis un an après l’arrivée d’un beau p’tit gars.


Et puis un accroc à ce bonheur parfait : pas de parrain ni de marraine pour l’enfant, ce qui mettait les parents dans l’embarras et je sentais bien au cours de mes tournées que la curiosité était attisée, on faisait semblant de les plaindre mais au fond des yeux, il y avait ce petit point brillant de plaisir méchant.

Qui oserait braver le Marcou ? pensaient-ils. Marcou avait la seule scierie du pays, il achetait des bois, employait des hommes, et tous dans le village et alentour, tous avaient, ou auraient, plus ou moins des obligations envers lui. Le bois se vend cher, dans la région, c’est un complément financier intéressant pour un fermier. Marcou régnait et nul ne songerait à lui déplaire en aidant la sœur et le beau-frère qu’il avait désavoués publiquement ; pour sûr !


Cependant, une semaine avait passé et d’autres événements avaient chassé le précédent. Mais un jour, je dus apporter à la Rose en personne, une lettre d’une épaisseur bien étrange.

Je palpais minutieusement le pli, qui semblait irrégulier dans son contenu, je le scrutais à la lumière du soleil et je voyais bien que son opacité était variable par endroit. Bien qu’intrigué, je n’en devinais pas plus, cela ne me disait rien qui vaille et je craignais d’être encore le messager du malheur. Je fis une courte prière à Dieu pour écarter le malin qui utilisait ma sacoche de facteur pour répandre ses perversités et je partis comme un chien qui flaire le gibier. Je décidais alors d’inverser ma tournée en commençant par la Rose ; tout impatient et inquiet que j’étais.

En entrant dans la grand’salle, Rose emmaillotait le bébé tout gazouillant et gigotant. Elle leva vers moi un regard interrogateur, méfiant, elle me voyait comme un mauvais présage. Elle recoucha l’enfant dans le berceau et me servit d’office un canon de rouge. Je comprenais que ce rituel courtois lui servait d’exorcisme. Après avoir levé mon verre et bu la première gorgée, je lui tendis la missive qu’elle palpa à son tour. Je voyais l’appréhension dans ses yeux puis son visage se ferma, son joli sourire de jeune femme heureuse s’estompait peu à peu.

Ses doigts n’étaient pas fermes en saisissant l’enveloppe car elle tremblotait légèrement ; elle prit un couteau et ouvrit l’enveloppe d’un coup sec : et des morceaux de papier manuscrits s’égaillèrent sur le plateau de bois ciré de la table. Je reconnus l’écriture de Rose, elle rassembla les fragments et nous comprîmes tous deux que son frère, le Marcou, avait déchiré la lettre de conciliation et là lui avait renvoyée sans un mot d’explication. On ne pouvait être plus cruel : c’était un soufflet, un reniement, et Rose et Cyprien n’avaient plus qu’à s’incliner. Rose dont les lèvres tremblaient, s’effondra sur la lettre émiettée en gémissant, ses mains froissaient convulsivement les morceaux de papier.

J’allais au placard et trouvais un litre de gnôle, je lui tendis un fond de verre qu’elle avala dûment, un hoquet la secoua, et elle se mit à pleurer.

Il était temps d’agir. Je l’apostrophais fermement. Un refus du Marcou, ce butor bien connu, ne devait pas gâcher leur vie heureuse. Tous deux avaient la tâche d’oublier l’affront, l’écarter de leur vie comme on écarte d’une pichenette un chat installé sur une chaise.

Et hop ! Il y avait dans les deux familles bien d’autres braves personnes qui feraient des parrains-marraines aussi dignes que Marcou.

Rose se moucha un grand coup dans le mouchoir que je venais de lui mettre dans la main et jetant un coup d’œil au petiot qui dormait paisible comme un Jésus dans sa crèche, elle soupira et releva la tête et je lus dans son regard du défi : OUI elle allait se battre et je serais avec eux.

J

à suivre ... Partie 4 en janvier


Francopolis avril 2014
Éliette Vialle
 

Créé le 1 mars 2002

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