NAISSANCE
J U L I E T T E S C H W E I S G U TH |
"Tout poème naît d'un germe, d'abord obscur, qu'il faut rendre lumineux pour qu'il produise des fruits de lumière."
"Poésie noire et poésie blanche" de René Daumal
Rythmes du vivant
gratter son coeur
contre la terre
gratteurs
grattez les rythmes
du vivant
goûteur de terre
saigne la vie
saigne tes poumons
goutte grimpante
galopez mains, trottez têtes
il va voler,
voler au dessus des mers
voler les coeurs à respirer,
voler le souffle des lumières
voleur de ciel
la bouche appelle, les dents se traînent
les dents croquent l'air brisé
croquante
la langue remue la langue
murmure
ta langue craquante de douceur
grandis
ton ventre écartelé éclaté ton ventre
claqué des rêves
à grandir
ton ventre vide de demain
présent présent, ouvre
ma peur présent, ma peur
barricadée
barricades des heures
les secondes verrouillent
le souvenir braqueur de peur
tracez
les ombres ensablées
sables tracez
un banc pour la peur
le blanc du banc
trace ta face
fantôme effaceur
les mots sur le banc
respirent
blanchisseur de mots
les mots sont morts
le fantôme des mots
grave la vie
un banc vivant
où danse légère
la danse blanche
de la robe
légèrement amoureuse
la robe enroule
le fantôme
sa robe
habite la danse habilleuse
sifflement
du fantôme
dans ce corps blanc
rythmes mouvants...
A
la vie, à la mort !
Toi mon coeur
je te perdrais un matin
si tes galops vont trop loin
Toi, mon coeur
ta cage va te briser
vers le bleu tu vas voler
Toi, mon coeur
je t'entends loin dans mes nuits
j'ai parfois peur de ton bruit
Toi, mon coeur
danse avec le pas des morts
au pays du temps qui dort ;
Lui, cet homme
son temps s'arrêta soudain
dans un accident de train
Lui, cet homme
son coeur qu’on m'a transplanté
continue de voyager
Lui, cet homme
m'a ouvert son infini
sa mort m'a donné la vie
Lui, cet homme
avec moi il marche encore
peut être aime-t-il encore.