SOUFFLE


H É L È N E    S O R I S


 

Ma pensée est un souffle aride
C'est l'air - l'air est à moi partout
Et ma parole est l'écho vide
Qui ne dit rien - Et c'est tout.


Tristan Corbière

 

 



Respire ce souffle



Doucement s'insinue l'eau

trace un chemin de sang
de transparence nue
bat en veine tremblante ce soupir de note
lente
la soulève
Ricochet de caillou de jade

Juste avant l'amour
que soit long le sentier de l'onde

Quelque pierre arrête
le flot si calme
de quelques gouttes trop près des larmes

Voilà que le vent s'en mêle
s'emmêle même aux pas de pluie
Répond un nuage attardé
en gris brisé de tourterelle

La brise dans le bois fredonne
des envies de valse lente
à des paupières
closes sur des tourbillons de miel
ces chaînes sucrées s'enroulent
à toutes leurs amours
Souffle court .

Il faudrait se poser.

Une aile chante en plumes frêles
tendre l'oreille
je ne sais p)lus si c'est une elle
ou si c'est lui celui
qui vit
de la glissade d'un archet sur un cœur blanc de perce-neige

Autre tableau sur fond de brise
balancement de la berceuse du premier jour
Bleu pâle d'aube


Des poupées des lutins rieurs
voudraient s'immiscer dans les fleurs
Un lac turquoise
vient s'égoutter sur une berge
mousse frêle
Un nouveau ruisselet va naître

Plus loin
des feuilles près de l'automne
entament une dernière valse

Leurs pas hésitants bégaient
écoutent plutôt
la musique des respirations lentes
qui montent

Immobile on serait si bien
appuyés au tronc du vieux chêne

Les nuages prennent la course s'agglutinent au son
Il pleuvra peut être demain
Le soleil a brûlé déjà les souvenirs blancs en pétales
l'eau lavera leurs griffes pâles
Gonflent gonflent regrets colère
au cœur des nuages trop lourds

 

 

Mais l'herbe respire si fort
un violoncelle chante encor

Coquelicots où êtes vous

Le cœur du vent l'âme de l'onde
font battre la terre

Les oiseaux s'affolent un peu

Posé sur la plus haute feuille chante
un orchestre en chœur de plumes

Va ...
Cueille les plaintes des fourrés.

Mots sur " Parle avec elle. " 10 Septembre 2002

 

Bouffées d'antan

Imagine ta peau cette lande
perméable à l'écho
entends ces lyres anciennes
ces voix lointaines

Tes paupières closes
abritent des ombres
moines sans doute :
un chant grégorien se murmure.

Ce peintre flamand
ou vénitien
Qu'en sais tu

et quelle importance

y a laissé des traces de tempera.
chair de vierges aux yeux baissés
sur un enfant en offertoire
toute soie bleue.

Et sur ce recoin plus caché
presque effacé
un animal de préhistoire.



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(Le dragon, Cyrielle, 13 ans)

 

 


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