LECTURE  CHRONIQUE


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La joie, pourtant  - Il y a toujours un chien qui court sur une plage - les poèmes de Ziani ... et plus


"Mais qui lira le dernier poème ?"

d'Éric Dubois

par

Michel Ostertag


Recueil qui vient juste de paraître en numérique exclusivement, chez François Bon sur son site marchand www.publie.net


et sur d’autres plateformes de téléchargement:
(iTunes, Amazon.com et KindleStore, FeedBooks, Fnac.com, Bibliosurf.com, Dialogues, ePagine et l'ensemble de ses libraires partenaires, L'Immatériel-fr, AbeBooks, Cultura, Virgin, Furet du Nord, etc...) et aussi de bibliothèques et libraires. (2.99 euros)
Renseigenements complémentaires sur
PublieNet-Le Tiers Livre


Dans ce recueil, le dernier en date, Eric Dubois maîtrise totalement son art poétique ; il se présente à nous comme envahi par un voile  de désespoir, désespoir de la vie et aussi, sûrement, de sa propre vie. Par une suite de questionnements, il tente, par touches successives,  de donner des réponses à cette inquiétude latente qui ne finit pas de le tarauder. Dans cette recherche, il nous donne des moments de forte intensité comme :

Nous ne sommes rien
que la lumière des jours
les mots ne sont pas assez forts
un peu d’air pour nos bouches
dans le claquement du vent.

En une cinquantaine de pages, il montre à ses lecteurs qu’il est le poète à l’écoute de sa propre vie, à la forte intériorité et qui rappelle les peintres impressionnistes, lesquels, touche après touche, arrivaient à suggérer un moment, une émotion, une situation. Oui, sa poésie est de l’ordre de l’impressionnisme. On pourrait qualifier sa manière d’écrire (comme on parle d’une manière de peindre) de « poésie-impressionniste » Son procédé poétique est de même nature et le résultat final de la même qualité que certains peintres du XIXe siècle.

La poésie en numérique donne à la poésie une certaine légèreté, une accessibilité nouvelle, une dimension inconnue jusqu’alors (n’en déplaise à Fréderic Beigbeder !)1 . Chantre de l’impression-poétique dont il est le créateur, Eric Dubois adopte tout au long de son œuvre, cette façon de procéder, ce qui donne à l’ensemble de son œuvre une unité remarquable, comme en témoignage d’une volonté d’avancer pas à pas dans une peinture d’une réalité traversée par une poésie constante qui souvent fait basculer la simple réalité vers des rivages inattendus.

Une grande tristesse plane tout au long du recueil. Dès la première page, le ton est donné :

Accords au loin
dans le cœur
Vibrent les voix
La corde sensible
C’est indicible
et vrai
Ecrire des poèmes
Et le temps qui semble
agoniser/on croit avancer.


Au fil des pages, ce spleen s’accentue, devient omniprésent :

On attend quelqu’un
Parfois la pluie
se crispe
Les détails on les oublie
il faut brouiller les pistes.


Ou encore :

Rester assis
à ne rien faire
A contempler son propre néant
Face à l’écran/de son ordinateur
Tellement de gens qui se croient
indispensables
J’aimerais croire plus souvent
mais je doute.

Son recueil se termine par cette question totalement existentielle :
Quel sera le dernier poème, sous-entendu, mon dernier poème et qui le lira ?

Quand écrirai-je le dernier poème
Qui le lira ?
Aurai-je la force de l’écrire ?
Est-ce que je serai encore jeune ?
Mais qui lira le dernier poème ?
Qui ?


Série de questions restées sans réponse, bien sûr !
Ce recueil ajoute à l’ensemble de son œuvre une nouvelle teinte, une dimension quasi philosophique qu’on ne peut qu’apprécier.


1.Note: F. Beigbeder dans son dernier ouvrage intitulé Premier bilan après l'apocalypse, est d’une grande virulence contre le livre numérique et promet même de "casser la gueule " à tous ceux qui oseraient utiliser le e-book et ne plus lire de livre-papier.


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       Éric Dubois
       ses blogs : Le capital des mots et  Les Tribulations d'Éric Dubois
       Présentation et quelques écrits sur Francopolis


Éric Dubois
Francopolis octobre 2011
par Michel Ostertag

Créé le 1 mars 2002

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