RHAPSODIE POUR UN ANGE
de
Paul Durand-Degranges
par Éliette Vialle

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La première de
couverture
nous offre une image particulièrement bien choisie
pour
représenter un ange : joufflu et innocent,
regard vide ou absent qui se
dérobe :
très inquiétant, et des ailes rappelant les cornes du diable
ou des oreilles d’âne.
Voilà un excellent roman policier,
je dirais
même grand, car le genre policier apparaît, bien à tort,
dans la littérature
comme un genre mineur !
Histoire banale et très en vogue d’un tueur en
série :
mais c’est la manière dont ce sujet ordinaire est traité
qui en fait sa force, et
c’est ce que l’on retient à la lecture
et c’est ce qui vous tient en haleine pendant
toute cette lecture.
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Le
titre, d’abord par son évocation musicale est un clin d’œil
à bien des films noirs : <Requiem pour un tueur> ou
<<Mélodie en sous-sol>, la musique et la mort vont de
pair. Mais bien plus, Michel de Montaigne avait déjà
utilisé l’image de la rapsodie pour définir son texte :
LES ESSAIS, utilisé dans le domaine de la couture, une «
rapsodie » était un ensemble de pièces de tissus
cousues ensemble à fin de fabriquer une pièce plus
importante, on appellerait cela, actuellement, un patchwork dont le but
est plus esthétique, bien que la manière soit identique.
L’écriture
est remarquable par sa maitrise alternant la dérision, la
drôlerie même, le cynisme, la violence, la haine et le
mépris tout ensemble. Le style est tendu et rend
l’émotion plus intense.
Ce qui
frappe d’abord c’est que le récit n’est pas continu : avec une
extraordinaire habileté, le narrateur, jongle avec le temps,
passé lointain, présent, passée récent,
s’entrecoupent ; habilement tissés autour des thèmes
principaux comme une rapsodie à la Montaigne. Et c’est
là, la grande prouesse de l’auteur de promener son lecteur
de retours en arrière en bonds en avant , puis pauses sur
image et reprises sur un temps dont on ne sait où il se
situe , mais qui permet toujours de cerner l’histoire du personnage, de
mieux le comprendre, de progresser avec lui dans le récit.
Un
récit qui loin d’être terne allie aussi toutes les
techniques romanesques ,sobres descriptions comme des traits de
croquis qui vont à l’essentiel, dialogues bien maitrisés,
pas de bavardages inutiles, tantôt le style direct , tantôt
le dialogue théâtral et toujours pour mieux faire
apparaître la dualité du personnage, en italiques : le
flux de la conscience du héros toujours tue aux personnages.
ANGE ou
Démon, voilà brièvement le thème et la
question que se pose le lecteur oscillant de l’un à
l’autre, plutôt victime d’une malédiction, victime
inconsciente qui apporte la mort autour de lui autant qu’il la donne ;
et c’est pour le sauver ou le neutraliser que la justice,
incarnée par l’inspecteur Dujardin, l’amitié
incarnée par Jean et le « travail analytique » par
Michaël, vont coordonner leurs pouvoirs.
Mais le
thème du secret refoulé est la clef de voûte qui
tenait cet être hybride, bisexuel et complexe. LA clef de
voute s’effondrant, il ne reste plus qu’à Ange à
effectuer son dernier saut celui de l’ange.
La vision
récurrente dans le texte d’une valise sans propriétaire
qui « se fait la malle » blessant les gens sur son passage
n’était-elle pas celle de Ange jeté dans la vie sans
garde-fou ?
par Éliette Vialle
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PAUL DURAND-DEGRANGES
vit en Provence, il a toujours écrit, on peut
trouver ses ouvrages sur le pseudo de GABRIEL SIMON, et avec ce roman
il prouve la maîtrise parfaite qu’il a de son art.
Les romans ont d'abord été publiés aux
éditions Manuscrit.com sous le pseudonyme Gabriel Simon, mais
ils ne sont plus disponibles chez cet éditeur. Fin 2011, les
éditions Kirographaires réédite une version revue
de Rhapsodie pour un Ange, cette fois sans pseudonyme.
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Les Éditions Kirographaires
RHAPSODIE POUR UN ANGE
de Paul Durand-Degranges
Francopolis décembre 2011 par Éliette Vialle
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