LECTURE  CHRONIQUE


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La joie, pourtant  - Il y a toujours un chien qui court sur une plage - les poèmes de Ziani ... et plus


"La petite qu’ils disaient"

de Cécile Guivarch

par

Michel Ostertag



éditions Contre-Allées, 11€ 

Cécile Guivach,

Née en 1976 près de Rouen, je vis aujourd'hui à Nantes. J'exerce le métier de contrôleur de gestion dans les télécom.

Avec mes racines un peu partout dans le monde (naissance normande, patronyme breton, souches maternelles espagnoles, résidence nantais), c'est un peu un pied sur la terre et l'oeil dans le ciel que je vis vraiment.

Terre à ciel ? J'ai eu envie de le créer en septembre 2005, en catimini, pour partager mes découvertes, mes lectures, mes coups de coeur...


Voici un ouvrage, un recueil de poésie ? Pas vraiment, plutôt un recueil de paroles, de moments captés parmi les pensionnaires d’une maison, on ne sait pas trop, d’une maison de retraite, un asile avec des vieilles personnes, à la sénilité plus ou moins avérée, salle psychiatrique peut-être aussi, un mouroir, sûrement. L’intensité pétrie chaque phrase, chaque instant et vous mène droit à la vérité humaine à deux doigts de l’insoutenable.

Il faut un réel talent d’observatrice pour saisir de tels moments, les transcrire en phrases cohérentes, y mettre une teinte poétique, rendre cela lisible, captivant. Cécile Guivarch nous montre sa capacité à dominer le sujet, à nous le présenter cohérent.

La petite qu’ils disaient fait partie de ces livres qu’on prend en main pour une lecture de quelques pages puis qu’on repose afin d’alimenter notre propre réflexion, déclencher en nous une foule de souvenirs personnels, puis le lendemain, ou deux jours après, de nouveau il est dans nos mains pour une lecture en désordre : un chapitre ici, un autre là et son importance grandie en nous à chaque nouvelle lecture : c’est le propre des œuvres d’importance.

Je recommande ce livre pour une lecture d’enrichissement personnel, pour une lente maturation d’une connaissance d’un monde que tous nous voulons ignorer.

L’écriture, le style se trempent dans le quotidien mais vite sublimés par l’auteure avec des raccourcis admirables. Pour exemple le texte de la page 31 est d’un réalisme saisissant, à couper le souffle :

« javel eaux sales pyjamas draps mouillés pipi caca médoc  mercurochrome…haleine œuf pourri quelques fleurs à l’accueil vieux cuir soupe du soir javel encore on en recule presque

un mort passe… »

La phraséologie employée est l’absence totale de virgule, point-virgule ou majuscule, ce qui est une volonté de l’auteure afin d’appuyer sur le continuum de la vie en ces lieux où le temps se déroule quasi identique avec son cortège de souffrance et de minuscules joies.

A lire pour prendre conscience de l’autre dimension de la vie.

 


Cécile Guivarch
Francopolis septembre 2011
par Michel Ostertag

Créé le 1 mars 2002

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