Revues papiers, |
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Regard
sur l'écriture - Soleil et Cendres - Au coeur du cri... et plus
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GAËLLE JOSSE
Nos vies désaccordées, éd. Autrement, 2012
C’est pourquoi les interludes «
poétiques » en fin des chapitres, loin d’interrompre
maladroitement le fil narratif, comme certains lecteurs ont pu le
ressentir, ont à mon sens la vocation, réussie, de
relever au contraire le goût du récit, de mettre en valeur
l’histoire vécue, car il n’y a de vécu
qu’intérieur : ce ne sont pas de commentaires, ce sont des coups
d’écoute pure dans la caisse de résonnance de
l’instrument que constitue le roman lui-même.
Puisqu’on peut difficilement citer des passages d’un roman, sans en dévoiler le récit (ce que je n’aime pas faire, car l’intérêt d’une chronique c’est justement d’inciter à aller le découvrir, en achetant le livre), je reproduis volontiers un de ces segments musicaux, qui s’entrelacent subtilement avec les éléments narratifs : « Possède-t-il une autre passion que la recherche sans fin des équilibres imperceptibles et mouvants, du moment juste et plein, de la parcelle de perfection approchée, de la phrase qui s’accorde à l’âme, de cet instant fugitif où naît l’assentiment intime, insaisissable et réel ? Il joue, loin des tentations de l’abondance et de tiédeur, loin de ce qui encombre le geste. Ce qui le tient éveillé, c’est de sculpter la douceur, la compassion et la fièvre, la légèreté, la force et les larmes ; c’est d’ouvrir une fenêtre dans le mur aveugle des jours pour accueillir le feu, sans demeure autre que le clavier. L’alternance du noir et du blanc contient le monde. La grâce échappe au vouloir, dans l’instant impalpable entre soi et ce qu’on ne peut nommer. À l’instinct, il a ajouté la maîtrise. À l’éblouissement sonore, il rappelle la règle ; à la fulgurance de l’élan, il offre les colonnes du temple. Répondre à quelque chose qui exige, jusqu’à l’ultime résonnance. Un jour, la note juste. » Le poétique peut avoir sa place dans un roman ; le but même de la littérature, comme des arts en général, étant de ramener à l’harmonie les désaccords, coupables ou fortuits, de nos vies. Dana Shishmanian *** 1. L’empreinte et le cercle, Encres blanches, 2005 ; Signes de passage, Hélices, 2007 ; Tambours frappés à mains nues, prix d'édition poétique Ville de Dijon, 2009. 2. Son blog, à explorer avec bonheur, en témoigne.
Gaëlle Josse
présentée par Dana Shishmanian Francopolis juin 2012
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Créé le 1 mars 2002
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