être.
Une marche à
travers champs, sur des sentiers
non battus, dans le noir de nuits sans étoiles, sous des soleils
aveuglants qui
ne laissent pas d’ombres pour repères. Une marche dont se
détachent des mots, comme
les gouttes de votre sueur, comme la poussière de vos
vêtements, comme le
gravier sous vos souliers ; des mots de tous les jours,
chargés de vous,
de votre souffrance, de votre joie ; des mots qui glissent de vos
poches,
sans intention, sans prétention, et parsèment vos
errements… témoins discrets et
humbles, telles des galettes sous l’eau qui coule. D’autres voyageurs
se
retrouveront peut-être sur vos pas, et alors ces miettes de chair
et d’esprit
les feront, peut-être, vivre.
Est-ce cela
l’esprit d’Arpa ? Je ne le sais ; je sais que c’est bien ce
que je
ressens quand je tourne, délicatement, les pages d’Arpa, pour ne
pas faire fuir
la poudre précieuse d’or qui s’est déposée entre
les lignes, et pouvoir ainsi
jouir de sa chaleur, avant de me nourrir des paroles qu’elle fait
scintiller
discrètement ; et c’est bien, aussi, ce que je ressens
quand, moi-même,
j’écris.
Que cet esprit
perdure, car il y a des affamés qui s’ignorent ; Arpa
s’ouvre à eux aussi.
Merci aux poètes qui la portent !
Et
pour
partager le plaisir, voici quelques extraits de mon choix, aux lecteurs
de
Francopolis.
« Je me suis
éveillé à l’urgence / D’être ce
dormeur / D’instants aimés / Conduit dans le troupeau des
indigences / Qu’il
faut garder sans clôtures » (Jean Maison)
« Je t’attends dans le silence
de moi-même /
quand se taisent les grandes voix / qui me portèrent / des
terres calcinées / à
la fraîcheur des herbes. » (Danièle Corre)
« Quand il rentre
l’étranger / Médite au bout
de la table / Les morts des portraits regardent / Du vin frais
luit dans la coupe »
(Gérard Bocholier)
« L’esprit, tel un poisson,
remonte le
courant. Nageant, de seuil en seuil, vers la limpidité ;
par le torrent,
jusqu’à la transparence, ce lieu de la naissance et du
décès. » (David
Renoux)
« Porteur d’ombre, / chercheur
d’eau, /
sourcier aux mains vides, / avançant les yeux fermés /
vers la source absente. »
(Pierre Maubé)
« Dans les rues de Bagdad,
l’homme court après
l’enfant qu’il a été. Son sillage de rires laisse un
parfum de palmier dans ses
cheveux. Mais le vent a coincé le souvenir contre un mur et
à présent la maison
gît au bord du fleuve. » (Lydia Padellec, L’exil
à cœur ouvert, à Salah Al Hamdani)
« Laisser devenir sans prendre
ni abandonner /
Essayer seulement cette attention amoureuse / entre les parois du
silence Au plus secret / d’avant même le
regard
D’avant m’aime le regard »
(Jean-Pierre Farines)
Dana
Shishmanian
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