J’ai
un faible pour les romans peu épais, ceux qui ne
dépassent pas les 200 ou 220 pages, ce qui est le cas du dernier
roman de Nicolas Rey.
J’ai
un faible pour les romans où transparaît
l’écrivain, où derrière la phrase, comme en
contrepoint, la voix – la petite voix – de l’auteur se fait entendre.
Nicolas Rey a ce don de se faire entendre à chaque ligne.
Si vous cherchez des imparfaits du subjonctif, vous serez déçu !
La
phraséologie est résolument moderne, sans
vulgarité mais actuelle comme les sujets traités. En
chapitres courts, trois ou quatre pages au maximum tout est dit.
Ce qui me fait poser cette question :
Et
si c’était une autre façon de raconter une histoire, de
monter une scène, d’établir un dialogue entre deux
personnages ? Une façon plus moderne et qui romprait avec le
train-train habituel des romans d’aujourd’hui, car ce roman est un
roman d’aujourd’hui, mais est-ce réellement un roman ? La
proximité avec la vraie vie est si intense qu’on pourrait
l’intituler récit.
Différents
fils conducteurs sont tissés comme la lutte contre la
dépendance alcoolique, ou la drogue, la préparation
à l’accouchement etc. Et toujours avec cet humour à
l’arrière plan. A chaque chapitre, en final, une chute
humoristique glisse un sourire aux lèvres du lecteur.
L’écrivain
se met en scène lui-même et devient, par-là
même, son propre héros. A un moment donné, l’astuce
du récit est que le narrateur cède la plume à son
fils Hippolyte qui parle avec ses mots d’enfant et voit les choses de
la vie de façon forcément différente.
Un
écrivain se reconnaît à sa «petite
musique», à sa propre manière d’écrire,
à ses mots à lui – d’abord à lui – mais qui
deviennent aussi les nôtres. C’est le cas pour Nicolas Rey.
Il
colle à la réalité d’aujourd’hui et avec
impertinence n’hésite pas à dénoncer, à sa
façon, les travers de notre société.
La
force d’un écrivain est de créer des personnages dans
lesquels chacun d’entre nous se reconnaît sans le savoir vraiment
mais à la fine perception des réponses que fait un
personnage ou des réactions aux attaques qu’il subit, c’est un
peu le lecteur dont il s’agit.
Les
scènes décrites dans le livre sont cocasses, parfois
inattendues, quelquefois incongrues, déjantées, voire
inconvenantes, mais peu importe, elles font partie intégrante du
roman. - L’interview de Monica Belluci ou sa séparation
avec sa femme qui prend comme point d’appui l’incapacité qu’il a
de lui répondre quelle est la couleur de leur canapé
acheté il y a quatre ans. Ces chapitres sont des moments
délicieux.
C’est cela que j’aime dans ce roman, cette dérision permanente qui donne une couleur attachante aux récits.
L’histoire
: Un couple se forme, un enfant naît, l’auteur fait des
conneries, ils se séparent après dix ans de vie commune.
Il fait une cure de désintoxication. Il rencontre une autre
fille, une courte idylle s’établit, puis de nouveau la
séparation. La vie chahute, tangue. Un peu de sagesse teinte sa
vie d’une couleur pastel. Il découvre son fils un peu plus
chaque jour. En une série de chapitres comme autant de
déambulations de l’auteur d’un sujet à l’autre, il passe
en revue les sujets de notre modernité. On peut supposer que le
roman se clôt par un supplément de sagesse dans sa propre
vie.
Ne le dites à personne, je l’ai relu trois fois !
Michel d’Oste
***
Nicolas Rey a écrit :
*Mémoire courte (Prix de Flore 2000)
*Un début prometteur
*Treize minutes
*Courir à trente ans
*Vallauris plage
« Un léger passage à vide » est son dernier roman, publié en Janvier 2010.
Tous ces romans ont été publiés aux éditions « Au Diable Vauvert »
* un extrait sur Amazon