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Anthologie de la poésie française - Les aimants - Mots comme la route... et plus

NICOLAS  REY :  Un léger passage à vide
par Michel d'Oste




J’ai un faible pour les romans peu épais, ceux qui ne dépassent pas les 200 ou 220 pages, ce qui est le cas du dernier roman de Nicolas Rey.

J’ai un faible pour les romans où transparaît l’écrivain, où derrière la phrase, comme en contrepoint, la voix – la petite voix – de l’auteur se fait entendre. Nicolas Rey a ce don de se faire entendre à chaque ligne.

Si vous cherchez des imparfaits du subjonctif, vous serez déçu !
La phraséologie est résolument moderne, sans vulgarité mais actuelle comme les sujets traités. En chapitres courts, trois ou quatre pages au maximum tout est dit.

Ce qui me fait poser cette question :
Et si c’était une autre façon de raconter une histoire, de monter une scène, d’établir un dialogue entre deux personnages ? Une façon plus moderne et qui romprait avec le train-train habituel des romans d’aujourd’hui, car ce roman est un roman d’aujourd’hui, mais est-ce réellement un roman ? La proximité avec la vraie vie est si intense qu’on pourrait l’intituler récit.

Différents fils conducteurs sont tissés comme la lutte contre la dépendance alcoolique, ou la drogue, la préparation à l’accouchement etc. Et toujours avec cet humour à l’arrière plan. A chaque chapitre, en final, une chute humoristique glisse un sourire aux lèvres du lecteur.

L’écrivain se met en scène lui-même et devient, par-là même, son propre héros. A un moment donné, l’astuce du récit est que le narrateur cède la plume à son fils Hippolyte qui parle avec ses mots d’enfant et voit les choses de la vie de façon forcément différente.

Un écrivain se reconnaît à sa «petite musique», à sa propre manière d’écrire, à ses mots à lui – d’abord à lui –  mais qui deviennent aussi les nôtres. C’est le cas pour  Nicolas Rey.

Il colle à la réalité d’aujourd’hui et avec impertinence n’hésite pas à dénoncer, à sa façon, les travers de notre société.

La force d’un écrivain est de créer des personnages dans lesquels chacun d’entre nous se reconnaît sans le savoir vraiment mais à la fine perception des réponses que fait un personnage ou des réactions aux attaques qu’il subit, c’est un peu le lecteur dont il s’agit.

Les scènes décrites dans le livre sont cocasses, parfois inattendues, quelquefois incongrues, déjantées, voire inconvenantes, mais peu importe, elles font partie intégrante du roman. - L’interview de  Monica Belluci ou sa séparation avec sa femme qui prend comme point d’appui l’incapacité qu’il a de lui répondre quelle est la couleur de leur canapé acheté il y a quatre ans. Ces chapitres sont des moments délicieux.

C’est cela que j’aime dans ce roman, cette dérision permanente qui donne une couleur attachante aux récits.

L’histoire : Un couple se forme, un enfant naît, l’auteur fait des conneries, ils se séparent après dix ans de vie commune. Il fait une cure de désintoxication. Il rencontre une autre fille, une courte idylle s’établit, puis de nouveau la séparation. La vie chahute, tangue. Un peu de sagesse teinte sa vie d’une couleur pastel. Il découvre son fils un peu plus chaque jour. En une série de chapitres comme autant de déambulations de l’auteur d’un sujet à l’autre, il passe en revue les sujets de notre modernité. On peut supposer que le roman se clôt par un supplément de sagesse dans sa propre vie.

Ne le dites à personne, je l’ai relu trois fois !


Michel d’Oste


***

Nicolas Rey a écrit :

*Mémoire courte (Prix de Flore 2000)
*Un début prometteur
*Treize minutes
*Courir à trente ans
*Vallauris plage
« Un léger passage à vide » est son dernier roman, publié en Janvier 2010.
Tous ces romans ont été publiés aux éditions « Au Diable Vauvert »

* un extrait sur Amazon



Un léger passage à vide
Francopolis avril 2010
par Michel d'Oste

Créé le 1 mars 2002

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