Thème d'écriture :
vendanges ouvertes par Lilas et Paul Eluard

 



Sur la maison du rire


Un oiseau rit dans ses ailes.

Le monde est si léger

Qu'il n'est plus à sa place

Et si gai

Qu'il ne lui manque rien

 



Paul Eluard



composition-photo...Aaron


En ce mois janvier, cette nouvelle floraison, j'ai l'envie, comme l'enfant laboureur de Barbara, Lilas et Paul Eluard de vous offrir des fleurs, fleurs de mots, fleurs de coeurs, pétales à cueillir, à jouer, graines à semer. 

Je souhaite qu'avec ces belles pousses poétiques des pouces verts vous naissent aussi. Merci à Lilas d'avoir ouvert cette porte de jardin, à Aaron de l'avoir parfumée.
Liette Schweisguth

******

Qui veut "jouer" ?
A l'instigation du poème de Paul Eluard,
" Quelques uns des mots qui jusqu'ici m'étaient mystérieusement interdits",
voici "quelques-uns des mots qui me sont mystérieusement amis ou ..."

              Lilas                        


Le mot Charmille
tout le charme des filles
un soir de juin
dans des rumeurs de bal
au lointain
mon coeur frissonne
sous ta main
mes cheveux cachent ton visage
le vent est ton complice
rieur
j'ai 17 ans demain

*

Le mot source
une étincelle
un coeur battant sur une mousse
sous des feuilles qui s'amoncellent
et l'on renaît
entre deux monts
à l'aube de l'inattendu
C'est le graal
de chair limpide
le jour y coule
sa pureté

*

le mot cri est une grimace
la première pour exister
la dernière pour s'envoler
le silencieux nous assourdit
le monde est plein de ses éclats
la vie se passe à l'étouffer

*

Le mot enfant dans la lumière
dans le vouloir dans la beauté
d'un grand élan
nouveau-né
dans les sursauts d'étonnement
de durer
de tolérance et le vertige
d'aimer
d'aimer
d'aimer
 
Lilas
 
***    ***    ***


le mot Lilas
pour le parfum
pour la fraicheur
la petite fleur du forum

Bienvenue à toi Lilas
 
Cécile

 ***


le mot feuille
peut être pour demain
des mots de printemps
pour que les arbres soient moins seuls
 
Cécile



Le mot Ukraine qui m'est valse
violon fougueux et feux de camp
mère attendrie sur un mouchoir
tendu au fils qui s'en ira
le chant profond de ces voix graves
comme le ciel sur les marais
les robes rouges tourbillonnent
et les bottines sont ailées
une chapka s'est envolée
le coeur a mal
à ses racines

*

Le mot groseille
acidulé
pique d'humour l'espiègle quête
d'un baiser
aux fleurs destiné

*


Le mot amour
cette boutade
ce mot de rien qui voudrait tout
et notre coeur qui se balade
qui se fourvoie
qui se reprend
qui ne croit plus

Lilas

***    ***    ***



le mot lilas
comme une douceur sur la page
comme une saveur sur l'écran
des astérisques dans la nuit
qui se donnent la main
des coquillages mauves
qu'on écoute en chantant

merci lilas
 
JML

***



Le mot neige sur les lilas
pour quelques fleurs en mousseline
pour des rêves de la musique
un peu Noël pour un seul jour
d'un hiver curieux du printemps
un peu jaloux de tant de mauve
de tant de bleu
 
Fourmi
 
***






Pourquoi donc écrivez-vous les mots "le mot" avant de parler des choses elles-mêmes ?


Le mot mot
Se détache des choses
Comme bulle de savon, décalque, évocation
Comme lèvres l'une de l'autre

*
 Le mot rhubarbe sert à tout dire. Prenez l'air courroucé et lâchez d'un trait : "Rhubarbe rhubarbe rhubarbe rhubarbe !". Tournez-vous d'un quart de tour et prenez l'air implorant pour murmurer "rhubarbe rhubarbe rhubarbe...". Rerhubarbez-vous, heu rhubarpardon, reretournez vous, et dites, attendri : "rhubarbe rhubarbe". Jetez-vous dans vos bras en pleurant de joie.
 
 Rémy

***

le mot Rhume a parfois des airs de rhubarbe
le mot barbe est de mise à la suite du mot rhume
rassurez vous pourtant
je de zuis bas enrhubé aujourd'hui
Aaaaatttt Choub
 
 Fourmi

***
le mot rhubarbe
avec son drôle de goût
détache les lèvres l'une de l'autre

le mot mot
les rapproche
 
JML
 
***
 
le mot rhubarbier
pieds joints au dos
assis à terre
sur son bout fin de cul
on dirait un couffin
prie crie appelle
ses auditeurs masculins
( ils le sont tous,sans exception!)
en ronde autour de lui
à s'acheter une gorgée
de son aphrodisiaque remède
qui immédiatement guéri
tous les rhumes des lits
et les rhubarbes aussi!!

ps: ne dites rien de mal des barbes,ce sont des vervères comme moi..

 Ali
 
***
 
Aux Vervères rhubarbaresques l'on prescrit la verveine citronnelle - et non pas la verve reine sous tonnelle, c'est-à-dire le vulgaire vin blanc, qui, vlan ! vous fait rhubarbouler sous la table ; non - le citron doux pour leur barbe luisante et le miel d'or pour leur voix pleine de mots.
 
 Rémy
 
***

Merci Rémy pour ce magnifique remède!!

aux vervères rhubarbarèsques
Je bonifie la mer de bleu
j'élève sur les monts du vert
j'anime mes jaunes sur le sable
pour accoucher d'une toile de libres
 
 Ali
 
***


le mot miel me fait penser au mot ciel,
entre eux, une seule lettre change.

 
Cécile
 
***

Oui c'est pour cette raison que je l'ai choisi, d'ailleurs:
Le mot miel
Qui est doux est sucré
Comme une symphonie dorée
Sous le ciel de l'été.
Il évoque le rire ambré
Des enfants
Et ne cesse de frémir
Fragile et innocent.
 
Clémentine à Cécile
 
***






Le mot frisson

Qui fredonne de sourire
et qui éclate de vivre
dans le miel de musique.
Il tisse sa toile
Veillé par les étoiles
Et bercé par la lune
gravide des baisers
Rouges de l'été.
 
Clémentine

***

Après ce voyage en terre fleurie, meilleurs voeux à toi, cher lecteur-flâneur.
 
Ici bas, je suis insaisissable
J'habite chez les morts
Et les pas encore-nés
Un peu plus proche du coeur de tout
Qu'il n'est d'usage
Un peu plus loin qu'il ne faudrait.

Paul Klee



recherche Juliette Schweisguth , janvier 2006        


Pour lire les rubriques des anciens numéros :

http://www.francopolis.net/rubriques/rubriquesarchive.html

lire toutes les rubriques de cette édition :

http://www.francopolis.net/rubriques.html




*************