Place  Une escale à la rubrique "Vos Textes"



 
(les substantiels 1, un tableau de Bruno Aimetti)


 
Place des Francophones , le forum !

A Francopolis, la rubrique de vos textes personnels est une de nos fiertés. Elle héberge un ensemble de très beaux textes, d'un niveau d'écriture souvent excellent, toujours intéressant et en mouvement et, sauf accident, les discussions et commentaires  autour de ces textes sont pertinents.

Deux précautions à donner pour ce qui suit :
il ne s'agit pas d'une sélection de textes. J'ai seulement pris ça et là quelques exemples de poèmes, principalement de personnes familières à notre forum. Et très peu, bien trop peu. Juste pour vous donner envie d'aller y lire, si d'ordinaire ce n'est pas votre chemin habituel.
Enfin, je vous rappelle que  vous ne pouvez proposer les textes parus sur le forum à la sélection du comité que deux mois après leur parution, ceci pour préserver le principe d'anonymat. Mais surtout, n'hésitez pas le faire après ce délai !



    TAPIR


Belle nuit cependant, des oiseaux dans les pluies qui se lèvent, ventre collé aux feuilles avec le jour, dans l’alchimie et la fusion du vol. Les ibis agrègent le rouge, nuage on dirait éboulement de pétales déviés par le vent, la crête d’une vague, le fragile.

Ou peut-être argile, la lumière pétrie d’une lampe, quelques mots d’une langue de flamboyante nudité, le tesson d’une flamme, le corps tendu, aiguisé par les tensions, loin dans les dédales de la chute qui remonte.

Des sources salées, le corps qui prenait cri, s’y jetait dans les ronces et les algues déchirées, mouvements d’encre et de navires lancés sur et contre le vide, ancre mouillée dans le feu.


Josip Tapirkievitch



CHRISTIANE    LOUBIER


(amie lumineuse et claire, elle  accompagne Francopolis  depuis longtemps)

PASSE L’OISEAU


Pois en fleurs au jardin
Il fait les cent pas
Sur la galerie étroite

Elle est morte ce matin
Pourtant sa pioche est là
Encore avec les roses

Immobiles pas plus qu’elle
Mes yeux las de soleil
S’en vont dormir
Dans leurs nids d’ombre

Ma main fatiguée de tenir le livre
Cherche les seins qui nagent
Dans un chandail trop large

Coule la lumière
Jappe le chien
Passe l’oiseau





     PASCAL  DUF   




Au pied du géant Atakor où campent
Des hommes aux yeux affûtés
Il y a des pulsations
Et des histoires cachées,
Des troupeaux en partance,
Le chant de la piste et du désert.
Les larmes se font rares
Qui abreuvent le sable
Massif de l’Ahaggar…


Il y a le cri des femmes
Qui plane sur les soirs d’incendie
Et puis l’odeur du thé
Comme des éclats de vie,
Des colonnes de quartz,
Des murailles de légendes
Les larmes se font rares
Qui abreuvent le sable
Massif de l’Ahaggar…


Il y a des noms de peuples
Qui ne sont pas les bons
Ici, où l’homme blanc trace
Mensongères définitions…
Aw-Targa… Nous sommes les fils de Targa…
Que l’autre monde ignore…
Les larmes se font rares
Qui abreuvent le sable
Massif de l’Ahaggar…


Dans cette vallée, je rêvais…
Lorsque je gardais les troupeaux.
J’avais la tête légère…Près du Prophète.
Je rêvais à de l’eau
Mes frères sont des seigneurs
Imuhagh… Noble et libre…
Le vrai nom de mon peuple
Que les autres négligent
Massif de l’Ahaggar…


Les gens de Tamajaq ,
Se couvrent le visage
De lin frais millénaire
Et ne s’abaissent pas à le dévoiler…
Des temps anciens
On peut toujours songer…
Afellan, guerrier libre et poète.
Cavalier de légende…
Je porte un chèche blanc par signe de respect.
Les larmes restent rares
Qui sont bues par le sable
Massif de l’Ahaggar…



PHILIPPE BRAY


  (Un de nos premiers auteurs, et un participant très fidèle à la place des Francophones, Philippe décrit souvent les paysages qui passent, au bord des lacs de la région parisienne, et aussi ses météos intérieures qui s'accordent à la pluie ou à l'orage. Lyrisme réservé et doux de ces longs paysages)



Assis sur ce banc, du premier jour de printemps, je souris à la page que je lis. Les arbres sont encore nus de l'hiver. Le vent fait tomber le marque-page, j'ai perdu le numéro de la page, je la retrouve, je l'oublie, je la tourne, le soleil passe dans mon dos, mon ombre se mélange au peuplier ; un oisillon tombe du nid, je le prends dans la main, il rejoint ce pur moment de poésie !

Une semaine passe...

Aux histoires apparemment sans fin des uns, des autres, de toi, de moi, de lui, j’expose mes mains au vent. C’est le printemps, une flamme semble s’être réveillée en mon âme, depuis l’autre jour. Au soleil couchant, j’ai vu l’arc-en-ciel oriental, quelques instants après, j’ai allumé la lampe ; je dois finir l’histoire de ce livre ; elle semble plate, en comparaison de l’aspiration de mon histoire d’amour qui se poursuit. C’est le premier jour du mois d’avril ; il y a encore des jours à vivre.


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La plupart du temps
J’explore les non dits
C’est un stratagème de "je t’aime", sur un même thème


La plupart du temps je ne fais pas ce que l’autre fait
Je prends le temps comme il vient
J’éclabousse les carreaux de l’amour
Je m’imprègne des couleurs des plantes

La plupart du temps
J’apprends qu’il y a à vivre, plutôt qu’à lire.
Je deviens sauvage
Je goutte la sauvagerie dans sa noblesse la plus extrême

La plupart du temps
Je prends le temps qu’il faut
Je n’encombre de rien pour rester léger
mais quand il y a un coup de main à donner
je le devine, je mime la scène alors
et je me mets à l'ouvrage dans le silence ;
le lendemain, je me repose, je gomme les inutilités
et je découvre des nouveaux univers.

La plupart du temps
Je souffre de l’indifférence,
mais je me reprends en cultivant ma différence :
il m’est impossible de m’arrêter en route
j’aime trop les paysages avec ses oiseaux.
j’aime trop la sensation de l’eau dans le fleuve
qui traverse les villes pour rejoindre la mer.




FARID MOHAMMED ZALHOUD

Troupeau
dédié à mon frère Moha Souag


Pais en paix troupeau au pré des illusions
Le berger,le chien,le loup décident de ton destin
Dans du marbre gravent ton épitaphe:confusion
Après s'être régalés de leur ultime festin

Je te zieute furtivement en cachant mes cornes
Terré en ma tour de pisé aux meurtrières
D'où mes aïeux visèrent, tirèrent et tuèrent
Et où je tisse un thrène aux motifs si mornes

Troupeau, que la prière et le salut soient
Sur toi, populace , comme une étoffe en soie
Je me taille en quatre n'étant point charmeur
De najas,ô goujats,à la triste humeur

Je te fausse compagnie et m'en vais mourir
Bien loin des pouilleux; parmi les anges heureux
A l'empirée en chérubin courir
Sans piteuse raison ni savoir dangereux



GABRIELA PETRACHE


un œil retourné me révélait à moi-même chantante
portatif à usage unique
chargé de pliants, de solfèges
on me nommait encore femme, mais j'avais deviné -
je n'étais qu'un incident allusif
née un dimanche, c'est à dire
avoir la foi et apprendre
à plier des racines amères le sourire
sur les lèvres
en ouvrant entre temps des crèches
d'utopies
il ne manquait qu'un maître
à enseigner la logique des choses
"pour le bien-être de tous"
je risquais de planer dans le bleu
aux confins des pluies invisibles
mais le chemin roulait
sans cesse sous mes pas



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Je voudrais préciser à tous ceux qui ont eu la gentillesse de participer à cette rubrique des nouvelles de la place des Francophones en ajoutant de très belles participations, que je ne tarderai pas à les mettre en ligne.J'ai eu du retard pour plusieurs raisons, mais j'espère bien le rattraper. Je pense en particulier à Jean-Louis Michel Latsague, Pascale C., Jean,  Bernard Morens etc...Toutes mes excuses, donc, et à très bientôt sur les différentes pages.

Isabelle Servant



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