Le Salon de lecture

 

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6 Poèmes germés au lait lunaire
et 7 graines de haïkus cuites au soleil

par Ali Iken



copyright Cécile Guivarch

 
Poèmes germés au lait lunaire


Parole du feu

Vaut mieux sept fleuves
que sept mains
-disait un soir le feu.

Par un beau matin de mai
au trottoir bleu d'un regard
j'ai grimpé la magie de vos sables
pour réciter les noeuds de mes verbes
effacer l'élevé taux de mes cendres
juste aux confins de ce présent
où j'ai brisé les plis de vos doutes
et fait du bois mon saint otage

afin qu'enfin l'aïeul des mers
évaporé en sons de zinc
puisse reprendre sa fraîcheur

l'air n'oublie jamais son silex
comme fait le ciel avec la terre.

***

Mots cachés

Grimper ses pas
sur la porte close d'un visage
multiplier ses doigts
pour en avoir mille
c'est l'enfer des mots!

Et dans l'oeil du soir
quand le poète dort debout
sur le pavé de son automne
où l'amour sur son peu de plaisir
se fêle en tessons de chair
il se voit encore souvent
poussé à re-conjuguer
ses mots cachés dans les murs.

***

Mots perdus
Et s'il arrive que tu perdes un jour tes mots et que tu te retrouves sur les dalles de cette épique falaise des songes ou sur ce poème de sables à ciel ouvert ou tout près du charme de cette rose bénie ;allonge toi la face vers la voûte arrête ton souffle et dis à ton étoile filante ,à tes rêves d'hier ,à cet horizon qui s'ouvre ,à Mouhittan ton fou: "Où sont-ils mes mots?".
Et l'étoile,les rêves, l'horizon, Mouhittan te rendraient tes mots et te diraient: "les voilà tes mots Ange,tisse nous en un poème et vas au delà de nos lunes"




Déchu!


Un poème déchu
gît en miettes
dans mon assiette
sur la tablette
avec

deux crayons dessus

déchu!

***


Enlacer la terre jusqu'au jaillissement du ciel

Le moi
Mon miroir
sa veste et ses actes
rectilignes

asséchés sur les nuages
jusque dans les joues
roses
où l'espace s'allonge

Moi

***

Désert de porte

Porter sa porte sur le dos
errer par monts et champs
quand arriveront les vents
pour nettoyer nos belles demeures
qu'ils trouveront ouvertes
nous serons d'elles loin déjà.

Porter sa porte pour la porter
porter sa porte pour s'y coucher
porter sa porte pour s'y décrire
porter sa porte pour en faire du feu
Ceci c'est presque un peu de vie.

le flair de porte
le goût de porte
les yeux de porte
la porte au sexe
l'instinct de vie
cette peur des pas
désert de porte
sans seuil de sang
quelle voie des portes
ce totem des libres!!

Je voudrais que cette porte au dos
Sans le dedans ni cet ailleurs
n'ait pas d'oreilles comme les murs
ma tente n'avait que celles des chiens .




copyright Cécile Guivarch


graines de haïkus cuites au soleil 


Livre ouvert
en page d'insectes
mouche écrasée.
*

Deux éléphants
un de mer un de terre
l'air n'en a pas

 



Rêve de selle
du dattier le chameau tombe
en sort deux bosses!

Du gris au blanc
les plumes ont un âge
des cygnes au lac .

(note d'ali : le petit du cygne est gris ,il ne devient blanc qu'à l'âge adulte)







En dehors des grilles
le monde semble beau
caniche debout










Terrain de boue
à l'ombre claire d'une mouche
s'agite un ver





La soif d'été
sans eaux éclat de mirages
miroir du berger.




copyright Cécile Guivarch
 



 

Créé le 1 mars 2002

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