Le Salon de lecture

 

Des textes des membres de l'équipe ou invités surgis aux hasard de nos rencontres...








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Blues de Kelig en écorce vive





Mon rouge-gorge deuil


Les mots hameau
font des maux
rameaux


balles perdues
en bigoudis
dans les cheveux

dans un trou
de coton
des jeux de billes

sur un terrain
de balle au prisonnier
rebondi
sur des cordes à sauter

suspendu aux branches

je rejoue à avec
l’enfant
au bord du fossé
au talus de mousses
tiré par les jambes
sur un toboggan
dans une tranchée
sillon nez à nez

pour dire

mais
le long d'herbe ahane
des arbres à cabanes
au fond du cœur
pris on
je prie
seul




une blessure
sur un cou d'âme
rappelle
au téléphone
mon cœur serré
de l'entendre
disparue

peux plus respirer
me meure
coincé
dans l'étrangle...

cicatrice
de mémoire

puits ouvert
au jour puise
où vers
un jour
mes paumes noyées
par les larmes du chagrin
de la vie
lavée à l'eau de pluie

d’ici là
allo la terre
sol pleure
heures
la douleur tue
ployée

sous écorce vive
gravée à la
racine nue
de mon être.







D’ici


Tu es une hirondelle
Grandie dans le ciel
En regard d’hirondelle
Des champs
Un deltaplane du vent

Ca te chante la pluie
Du beau temps
Rase-mottes et
Monte-en-l'air

En effet fantaisie
Libres trajectoires
Où paradise l'elfe aile

L'hirondelle
Dis prends moi O, sous ton aile
Vole moi mes fers en Eiffel
Fais moi un printemps
De prés verts
En art gens
Hirondelle des moissons à foison
J'irai vers, pas à pas
J'irai faire un nid
A la pluie, au beau temps
Pardi ! Sur une simple feuille
Des brindilles







Pas à vendre


Mains jointes
inscriptions rouges
marques de douleur
aux murs des meurtrissures
pend le lierre
bordeaux, marron et jaune
recueilli en plaintes
de prières cri

Les pierres disent les deuils
mousse verte aux ardoises
témoin envers de
mémoire
du toit perdu
ruine
mise en runes

Je tombe
à travers la gouttière fêlée
dans un seau de pluie
d'oubli

Mon front cogne
contre un sol rouge

au ciel

À l'écorchure des portes closes
plaies ouvertes
fenêtres fracturées
en bris de vers
le temps se change en poussière
sous les pas de silence

Sans un bruit, de trop
sans un mot, de plus
la vieille maison
remontée du temps
repart
à l'abandon
s'envole dans un souffle.



L’astre des pauvres cités


Dans le ciel orange
la lune passe doucement en revue,
nos vies mises en abîme
elle dessine en diagonale
les lignes d'images
unanimes
 
- reflet de rêves bleus
sous les pavés
des marées chaussées
 
En volant elle dénombre
tous les paumés des bas quartiers
d’misère
ceux qu’ont faim
d’amour
chez ceux là, les gueux
qu’on montre laids, d'habitude
elle devine les beaux airs
auprès de la mocheté affichée, clinquante, rutilante...
sous leurs haillons craqués, leurs traits tirés
elle pressent
la vérité en lambeaux

Une lueur brille
dans les yeux hagards
un feu en détresse
elle regarde
elle se sent révoltée ! Elle voit rouge !
Mais elle ne peut
que renvoyer son visage pâle
image

La lune est belle, ainsi
comme la peau du miel
et pleine de compassion
elle enveloppe les passants
de caresses invisibles
les pensées grises s’évaporent
il reste alors la tendresse
de toute leur tristesse

La vieille lune
grimace en douleur
découvre ses grandes dents jaunes
elle passe en quart, horizontale
sa bouche de bonheur veille
remontant de chaque côté
elle verse l’opale soleil
un sable de rêve
sur nos déserts
mille et une nuits
pour nos toutes nuits en insomnie
à consoler la solitude
à filer l’espérance...

Fraternelle, chouette SDF
la blonde fait sa ronde
témoigne pour la justice
toujours dans la lune
la gênée rosie té.






Salut le bleu


Au bleu de mes yeux
le bleu de mes bleus
mauvais coups liés
en ressacs de nœuds
dans des sales draps me trouve
'n'en ferme pas l'oeil
la nuit mes aïeux

Je trouve les bleus des fonds
sous-marins caverneux
collés aux algues aquatiques
bleus engoncés, à mille lieues rongés
dans le grand bleu entêtés,
accrochés aux rochers
tels des coquillages minéraux
nourris au plancton
bernique, je les plains tous ces bleus
je les pleus
je suis eux

En bleu de chauffe
au milieu d'un rayon
sans ciel bleu
ma blouse tombe en lambeaux
de peuh

Au loin l'idiot 
au village songe heureux
songe-creux mésange
laissant béton mensonges
au carreau d'orage
la pluie des nuages
la neige en coton
émue en l'eau bleue
au charbon pfut, me meus

Des souvenirs d'enfance
livrée aux dés des espérances
mille et une images désenfouies
resurgi d'une fontaine, en fouillis
je, heu
tout l'temps fuit

le temps venu
de détacher l'encre, y amarre
de dire adieu toute
aux bi routes en déroute
de reprendre l'air
la mer de l'amer
le sol de la route
et pis je repars, en compagnie
de nous noirs de blues
évadés des vies
prison
tout le monde
s’échappant du blouson
de la maison.



textes

Kelig Nicolas

MAI 2008


Créé le 1 mars 2002

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