O Poésie
frappe encore à la vitre embuée d’impatience
incline ton front pur sur les sillons creusés de nos fronts
obscurcis
parce qu’ils ne savent pas
il neige tes éclairs sur les campagnes songeuses du soir
sur les villes industrieuses sans ailes ni mouvance
il neige en perles douces des années rêvées
où s’étoilent des joies surannées
il neige sur les bois l’eau pure de délivrance
y verras-tu nos fronts levés vers ton appel
O poésie qui frappe au cœur de l’immigrant
et dore de lumière la terre à dégeler
poésie inutile comme la voix des arbres
quand on s’endort le soir entre leurs bras géants
O ma rose de neige éclose dans le ciel où se taisent les
astres
au seul bruit de ton nom
toi ma rose tombée d’étranges Céphéïdes
est-ce ton voile clair qui adoucit le noir et monte d’est en ouest
de trous noirs en novae
il neige O mon parfum de jasmin et de pluie sur la terre si
tiède et douce à féconder