Le Salon de lecture

 

Des textes des membres de l'équipe ou invités surgis aux hasard de nos rencontres...








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Suite de poèmes...
par Lilas






Retrouverai-je au coeur des sources
Le point d'orgue de la nuit
Frange bleue
Chutes du ciel
A la lisière du vacarme
L’aube
Frisée d’écume
Et son cortège d’or
Quand le ciel renversé joue à saute-mouton
Sur des bateaux perdus

Qu’en sera-t-il du vent
Lorsqu’il aura fini
De bercer mes dérades ?




O Poésie
frappe encore à la vitre embuée d’impatience
incline ton front pur sur les sillons creusés de nos fronts obscurcis
parce qu’ils ne savent pas
il neige tes éclairs sur les campagnes songeuses du soir
sur les villes industrieuses sans ailes ni mouvance
il neige en perles douces des années rêvées où s’étoilent des joies surannées
il neige sur les bois l’eau pure de délivrance
y verras-tu nos fronts levés vers ton appel
O poésie qui frappe au cœur de l’immigrant
et dore de lumière la terre à dégeler
poésie inutile comme la voix des arbres
quand on s’endort le soir entre leurs bras géants
O ma rose de neige éclose dans le ciel où se taisent les astres
au seul bruit de ton nom
toi ma rose tombée d’étranges Céphéïdes
est-ce ton voile clair qui adoucit le noir et monte d’est en ouest
de trous noirs en novae
il neige O mon parfum de jasmin et de pluie sur la terre si tiède et douce à féconder





 



C'étaient tes yeux de nuit
Derrière tes paupières
L'attente qui creusait la folie de ta voix

Toi pirate dressé sur les ponts batailleurs que construisaient des mots
Des mots de soir férial
Encore gourds des brumes jetées sur les espoirs des jours impitoyables

Toi le fracas figé des secondes stridentes

Mes mots
Qui t'insufflaient un temps sans mémoire où rassembler les tiens
Mes lèvres de papier douces à déchiffrer
Déroulant l'écheveau de rives océanes

Survenaient des remous tu y plongeais soudain Renaître
Ah tu naissais dans cette aube mouvante habitée d'une aria aux accents vénitiens

C'était une autre nuit
Comme une erreur du temps sur l'âme d'un violon




 



je t'écris d'un pays où pousse la misère
comme un chiendent entre des voitures pressées
toujours plus riches
Est-ce qu'il y a chez toi ces grands souffles obscursremontés du silence
pour effrayer les nuits
c'est vrai qu'à force d'afficher sur nos écrans
la joie factice ou les corps hachés
par les guerres
par les fous
par les hommes
c'est vrai que les yeux se détournent ou se ferment
et que l'on aimerait partir comme autrefois
sur l'asphalte encore chaud des nuits douces d'été
qui emmenait nos pas vers plus d'air de partage
et de calme amitié
c'est vrai
c'est vrai que dans ce temps où l'on vit mille fois
sur l'écran solitaire l'aventure
ou l'amour ou le frisson de peur
le coeur timide
n'ose plus demander sa part
de mystère
ou de vrai
de vie enfin
c'est vrai
on pourrait
réécrire le mot solidaire
on pourrait faire l'amour
sans cinéma
on pourrait inviter le voisin solitaire
recueillir un enfant de ceux
qu'on n'adopte pas
on pourrait brandir l'arme
d'un amour infini
pour tout ce qui est faible petit découronné
pour tout ce qui est lent
pour tout ce qui rugit
derrière une porte ouverte
dans un ego blindé
mais le silence est tel
et les couloirs de mort
parcourent impassibles les sous-sols
les vitrines
les bureaux
les usines
et la frime partage les coeurs en deux
je t'écris d'un pays qui n'a plus de mystère
les feuilles sont brûlées de froid ou de soleil
les choses de nos âmes tremblent dans un lointain
bistre
les disperse le soir
sur les aires maussades de nos hypermarchés
bistre
les disperse le soir
sur les aires maussades de nos hypermarchés




 



Quelques mots et mon coeur qui bat sur une page
contre une immense nuit biffée
et cogne contre la cage
des rythmes
se rue sur des portées
tout enféminé

O casser
le coulé le sans-cailloux
graver l'harmonieuse dissonnance O
Que s'euphémisent les transes
Que s'hyperbolent les timides
Litotes

Une musique toute
à dérythmer casser
l'archet

à

changer






Tu es le rire fou courant l'herbe farouche
Le cœur déshabillé appelant les ruisseaux
Quand le jour se fait triste et arrête le vent

Toi
L'éperdue
La fervente des algues
L'en-allée des rivages
Coquillage secret d'un ciel marin

Je te donne
Le sel


 

  


textes et photos

Lilas
février 2008


Créé le 1 mars 2002

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