Le Salon de lecture

 

Des textes des membres de l'équipe ou invités surgis aux hasard de nos rencontres...








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Marie Mélisou ou les étoiles de l'ultra-tendre





 



« - Faut-il avoir peur ?
- Oui, toujours.
- Faudrait-il avoir des raisons légitimes à cela ?
- Non, pas forcément. »

Ne pas abîmer le froid

une pyramide inversée
la force parle au ciel sur la base de tous les vouloir
en complot vie périlleux affermi enlisé
le serment le plus rondement mené

seul inséparable dans la mort
et si le sonore affront qu'est l'absence tremblait à abîmer le froid ?

rien tellement rien
chez moi n'arrive à taire le chant des oiseaux
même lorsque leur ritournelle confond la mère pénétrée d'essentiel




« On ne peut compter sur personne : surtout pas sur ses pairs, ses alliés, sa famille de pensées, et l'indépendance est la seule protection face aux groupes de pression qui finissent toujours par éclater de l'intérieur. »

Celui qui murmurait à l'oreille du brouillard

la vie est un amour précaire
comme un soupir d'ennui
une suite de sentiers
en forme de sauts sans parachute
la large liste des cicatrices
et celle de tous les mots à l'ombre classée

certains jours dit-il
nous avons longuement osé vivre

le soleil est un néon minable
dans un bar glauque
un cache-cache invraisemblable
où tout est pourtant rangé
et la mine de crayon
genre clé de voûte en pelote sombre
crache mon dégoût qui fourmille

certains soirs dit-il
j'ai su venir te tenir chaud

des mots de saison
s'accumulent se poursuivent s'acculent
combinaisons de fragments glacés
qui jouent à saute-mouton
l'esprit des lieux décrit une sensation
un manque d'exister
où des poignards nagent intacts
et clairvoyants à saigner les sourires
ils chaloupent de-ci de-là

certaines nuits dit-il
à l'oreille du brouillard
je te vois comme si tu étais encore là


 



« Le silence, l'exil, la malice, ce qu'il faut pour écrire. »
J. Joyce

Vingt-cinquième nuit

Les ébauches parallèles sont des émotions qui nous rendent aveugles. L'attrait s'attise et brûle cette sournoise qui sape la faculté de raisonner. En bleu.

Sur le territoire des symboles, le métro traverse le paysage intérieur, et n'y changeant rien, jusqu'au Yémen mes yeux pourraient pleurer. En noir.

Seule. Ma piste aux étoiles, mon extrêmement précieuse, sur laquelle aucune fortune ne prend appui, les propres fruits d'une caravane ne t'édifient jusqu'à moi. Même pas en bleu.

Brûle la myrrhe, douces Chimères, nuit de Noël.
Hélas, nos noces délicates cajolent peu de grands soleils.

Agile, agiles, user excessivement des fleurs et des pierres pour atteindre ma peau solitaire recroquevillée dans une cage froide. Le langage, une arme redoutable à accomplir le bien ou le mal. Ou le mal du mal. En rouge.

Rouge, rouge ! Un lutin, deux lutins, un renne, deux rennes, un vieux en rouge, il s'avise des choses, le fort, la vérité, la tradition. D'un vent brutal, il repousse les apparences poudreuses. Sa vitesse à boire grave une verticalité qui me chavire. En rouge. Trop sensible. L'humble fatigue de chaque âme roule à terre et le sonore en bonne tempête mettent tous les sentiments humides en boîte. À garder pour la nouvelle année. Le cœur en doublure, le vieux en rouge dépose un manuel : " Le futile est-il possible ? ". L'animal. Veut-il me consoler en bleu ?

Noël a ri. Noël soupire. L'odeur de la branche de sapin est conforme à nos tantôt de jadis. Les parfums se sont tus. Un geste expire. Le gel te voit encore.

Oreiller blanc ne poudroie plus.
Coupons le rêve.
La vingt-sixième attend pour naître


 



« Nuages, nuages, où courez-vous ?
On est si bien ici ! »
Jules Renard

Le don des ruines en moins

assise sur le soleil Eden
la danse du bonheur un rien évasive
appel comique du rythme d'un instant désaltérant
les jambes dans le vide (qui agitent le survivre)
je balance un regard à ravager ton exsangue
ce regard épris curieux de vigueur de volonté

n'étant qu'une Eve je t'offre LA pomme
avec un sourire promettant l'après la lune
aussitôt se dérobe la lassitude défaite
et sucré l'homme extensible déploie
les ruines en moins

c'est compréhensible ça dure si peu
un instant désaltérant
si peu


 



« …Une enfant qui n'a pas été assez aimée et qui, plus tard, n'a jamais assez d'amour. »
Irène Némirovsky

La hurle-dedans

c'est une sorte de survivante ses chimères la boudent la nient la ricanent
pourtant obligée d'en découdre à petits coups de rien
elle quête encore comme d'autres bêchent
le vide est-il béant ?
où le cœur d'une maison se niche-t-il d'abord ?

boite à musique déglinguée
lorsque les puissances magiques sont opposées
s'étiole l'élan nécessaire
la fausse acuité aguiche ou hérisse la vérité mal greffée

le doute qui plombe l'eau qui dort tisse l'or comme le blafard
certains climats sont le challenge vie même

un géant enlève une princesse
mi-automate mi-miroir aux alouettes
horde et délires contresens trucage petits charmes du liquide soif
scénario frivole
singularité austère monocorde
épithètes douloureuses pour une éternité trop courte
une éternité où volent les contes cruels
ceux qui perpétuent le blanc astucieux
douce modeste sûrement coupable
vipère tapant du pied elle se retranche en duel fermé
prologue à l'essentiel ?
poison cru qui soupire

où le cœur d'une maison se niche-t-il ensuite ?

lorsqu'un soleil neuf saisonne l'orage fini
- l'orage prend toujours fin -
c'est à ne plus croire qu'il y en ait eu un

dans son crève... non, dans son « rêve »
la vie est auto cicatrisante
il n'y a ni ficelle ni personne pour les tirer
seulement une maison pleine
d'un amour suffisant

 

 


Textes et images
Marie Mélisou




 

Créé le 1 mars 2002

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