Le Salon de lecture

 

Des textes des membres de l'équipe ou invités surgis aux hasard de nos rencontres...








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Patrick Packwood





 



écorces

le choix se couvrent d'écorces
fourches qu'alourdissent l'advenu
et les feuilles flétries de l'espoir
en sémaphores séminaux

lourds de sève              de rêve
légers de vent
massifs de malheur
sous les gerbes de joie

au gré des tempêtes
sur le pli d'un sourire
l'arbre ploie
reprend forme
ramilles turgescentes
fût en armure
racines durcies

dans l'attente
d'une prochaine aumône
de la vie




le refuge global

tes mains collent encore un peu
sur la page éclairée par les lucioles emprisonnées dans ton enfance

repose tes pieds de saisir la balle de fusil au bond
ton dos des pierres angulaires capital et intérêt

panse ta main du coup de couteau dans le dossier
arrête de danser en rond sur la musique des sphères

prends-toi par le bras avec ce qui te reste de moignon
grince les dents du sommier
une dernière fois

sortie côté courbe

là... là...
ferme les paupières de tes neurones




 



le corral de tom-pouce

un fer
à cheval
sur une planche
à repasser les destins

la circonférence de tes pas
dépasserait l'empan des bras

vie sabotée
ongulé englué dans le long deuil
du moi dans le cerfeuil

laisse fer
ou lance-le aux alouettes

en cas d'émergence
ouvre le parapluie
suis le chant des baleines


 



ellipses

l'attente oblongue
foyer décentré à chaud
coeur de la courbe

l'...

oeil elliptique
facettes des multitudes
en la réalité orbitale

oeil...

dentelles de scie
la vie ovale tressaute
sur le quadrille de Mercator

dents...

oeil pour oeil
dent pour dent
si vivre se résumait à un combat
à une justice instantanée
le globe serait vide
et la canine sourirait à la victoire incisive


 



salade de saison

l'année sur ses genoux
feuilles mortes jusqu'aux seins
éblouie de rare lumière
au bain des couleurs fauves

la mort
intégrale de ce que l'automne
crie
texture instille reflète
joue
cache sous le monticule de sylve cendrée
feuille rouge
brin d'herbe verte
où s’étend une femme nue sous le soleil

et jamais un mamelon n'a déçu la pression de mes
lèvres

 



aube

l'aube me tue
le soleil teint en rouge
le noir

chauffez maux
luisez désespoirs
rutilez chagrins

ils me raniment
mille rayons
de toutes les douleurs de l'arc-en-ciel
mille cruels réveille-matin
trois mille fines aiguilles
investies du chemin jusqu'au coeur

 

l'aube me tue à petit feu
paupières en bouclier
sourd aux dards
bouche ouverte
bave en coing
édulcorée de sang

 

le chien hurle au soleil
l'os arrache ses dents
ni le vent ni le levant
n'y sont pour rien
les canines tenaillaient la faim

 

je suis un vampire
la lumière
douce trop forte
m'assassine
de son alternance

la noirceur me ressuscite
juste avant que je ne la broie
mâchoire ingrate


 


Patrick Packwood



 

Créé le 1 mars 2002

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