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SALON DE LECTURE - JUIN 2016

  FRANÇOIS TEYSSANDIER


                     
Tu n’auras bientôt plus de pain
A offrir aux convives du soleil

Plus assez de vin pour assouvir la soif
De ceux qui frapperont à ta porte

En ce temps d’exil et de souffrance
Comme si leur long voyage d’une rive à l’autre

Avait pour unique origine le désir qu’ils portent en eux
De se rassembler en silence autour de ta table

Pour partager quelques fruits et quelques rêves
Avant leur départ vers une autre terre plus humaine


                                *


Soleil aiguisé
Comme un silex
Qui découpe le ciel

Lambeaux de lumière
Pour vêtir la chair nue
De tes songes

Espace qui croît
A l’infini de ce désir
D’être l’ultime chemin

Qui montera vers
Un plus ardent soleil
Lové dans les replis du cœur


                             *




Au matin tu n’as plus observé
Qu’un peu de brume sur les collines

Comme une lente échappée
Du paysage hors de ton regard

Suspendu aux cimes des arbres
Tranchant l’arête aiguisée du ciel

Et tu n’as plus voulu sentir
La brûlure du sel sur ta peau nue

Fatigué d’avoir trop marché
Sans répit pendant ton sommeil

Dans les labyrinthes sinueux
Et infatigables de la lumière


                      *


Soulève de tes pas les premières traces
Que le jour dépose sur les pierres

Comme des mues d’insectes
Séchées par le soleil de l’été

Que tes pieds ne laissent plus sur le sol nu
Que d’infimes couleurs d’herbe et de ciel

Mêlées à la lumière du feuillage
Qui courbe l’horizon des chemins

Dans ton œil avide d’espace
Et pourtant trop étroit pour contenir

Toutes les images futures du monde
Et toutes celles que tu pourras imaginer dans tes rêves futurs


                     *


Tu voudrais être l’hôte
Insouciant du soleil

Le premier convive
A célébrer la lumière du matin

Le plus proche voisin des nuages
Qui s’attardent immobiles

Au-dessus des grands arbres
Et des ruisseaux volages

Tu voudrais être celui qui ouvre sa porte
A tous ces hommes nomades

Qui rêvent de s’élever avec le vent
Vers les cimes les plus hautes du silence

Après avoir mangé et bu à ta table
Pour assouvir leur faim et leur soif d’azur


                          *


La terre est prodigue
En graines et semences

Elle germe sous le souffle du vent
Et les sourds éclats de la lumière

S’accroît de son immensité
Et devient refuge itinérant de tes mots

Tu habites ce lieu où tu es né
Non pas de l’écume ni du silex

Mais de cet argile friable
Que tu as pétri de tes mains

Pour donner toi-même forme à ton corps
A ton désir charnel d’être ce qui s’élève

Vers un ciel inaccessible et pourtant proche
Dans l’exil de tes pas et l’obscure clarté de tes rêves


                          *


Dans la chaleur du jour
Une couleuvre apeurée

Confond un  rouge-gorge
Avec le soleil sur les pierres

Le silence du vent est si profond
Qu’il semble immobile dans l’air

Comme ces lambeaux de lumière
Qui s’agrippent aux branches des arbres

Et que tu tentes en vain de cueillir
Car tes mains ont la transparence des feuilles


                         *


Monter à l’assaut des derniers
Remparts de la lumière

Assiéger ces hautes murailles
Qui font corps avec le ciel

Fendre les pierres par le givre
Ou le feu des saisons mortes

Creuser la terre arasée par un reste de clarté
Qui tourne et virevolte sur ton front

Comme l’épée brandie du soleil


                         *


Tu t’attables avec le ciel
Sur la margelle d’un puits

Et laisses passer les nuages sans chercher
A les retenir dans tes mains ou tes rêves

Ils sont encore plus impalpables
Que les mots que tu prononces

Avec ceux qui rompent le pain de solitude
Devant l’âtre éteint des souvenirs

                          *

Trace pas à pas
Ce chemin qui te mènera
Au jardin de l’oubli

De l’argile ou du silex
Tu surgiras comme une étincelle
Qui viendra embraser la terre

D’une rive à l’autre de ce monde
Sans tenir compte de l’étendue
Du ciel et du flamboiement des astres

Dans ta chair mêlée à celle de la nuit
Pour un unique désir d’être au matin
L’ultime rempart contre les blessures du temps


                         *


Une pomme verte
Tombée dans l’herbe
Haute du pré

Trop acide
Pour la langue
Du soleil

Pas assez pour le bec vorace
De ces oiseaux de lumière
Qui se détachent du ciel


                       *

 
François TEYSSANDIER. Né en Gironde. Bac philo. Etudes supérieures de langue et de civilisation italiennes à la Faculté des lettres de Bordeaux. Conservatoire d’art dramatique de cette ville. Comédien professionnel à Paris. S’oriente plus tard vers l’enseignement.

A publié trois pièces à L’Avant-scène théâtre : Des voix dans la ville, L’Accusation, Le Temps de solitude, les deux dernières ont été jouées en France, en Belgique, en Suisse, et en Tunisie.
La pièce Le Temps de solitude a été créée, mise en scène et jouée par l’auteur au Théâtre de Plaisance à Paris.

Publication de quatre recueils de poèmes : La Musique du temps (éd.P.J.Oswald), Livres du songe (éd.Belfond, prix Louise Labé), Paysages nomades (éd. Voix d’encre), Equilibre instable de la lumière (éd. du Cygne).

Publication de nouvelles dans les revues : Nota Bene, Brèves, Rue Saint-Ambroise, Moebius (Québec), PR’Ose, Les Tas de mots, Diérèse, Népenthès, Créatures, Muze, ainsi que dans deux recueils collectifs et quatre anthologies.

A publié également des poèmes dans les revues : Artère, Poésie 2000, L’Almanach des poètes, Vagabondages, Poésie1, Les heures, Glanes, Isis, Friches, Pyro, Arpa, Décharge, N4728, Voix d’encre, Le Coin de table, Revue 17 secondes, Recours au poème, Verso, Le Capital des mots, Convergences, Poésie/première, Nouveaux délits, Sipay, Escapades, Comme en poésie, Diptyque, Les Cahiers de poésie, Traversées, Phoenix, L’Arbre à paroles, Francopolis, A L’Index, revue Margutte (franco-italienne), Bleu d’encre…

Vit à Paris.   


Voir aussi sa présentation et son rapport à la poésie dans Gueule de mots-juin 2016



Salon de lecture juin 2016
  François Teyssandier
Recherche : Éliette Vialle


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Créé le 1 mars 2002

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