Le Salon de lecture

 

Des textes des membres de l'équipe ou invités surgis aux hasard de nos rencontres...








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Haïkus : 
Philippe Vallet





  Tu passes la porte

sur le soir d’une étoile
la nuit s’emmêle les doigts
au présent du sommeil

sur le pin taillé
le printemps fait son nid
au couple de pigeons

tu es debout seul
ton regard se perd sous le pin
il a plu ce soir

sur la joue du vent
les gravillons crissent dans l’allée
tu passes la porte

passage à tire d’ailes
premier bourgeon de l’origine
ta main dans ma poche

une silhouette dessine
le grand noyer du jardin
d’une nuit dans tes bras

tu surprends le temps
sur la fenêtre l’ombres des branches
aux nuages couleur miel

chevelure douce
sous la main le battement
accent circonflexe

les agitations éprises
du vent cousu entre les nues
rien n’arrêtent nos mémoires

la trace de tes cheveux
dans la nuit immense tu dors
sur la source matinale

le nuage s’endort
et sur ta main chaudement
se lève un rêve

il ne me suffit pas
sur la route d’un voyage
à l’ombre de tes pas

il croit savoir taire
tout de lui parle
il boit ses rêves

il court trop vite
sa silhouette le perd
entre deux pierres

s’use le frisson
sur le chemin d’un soleil
la pluie du silence

quand se bousculent
sur l’envers de ma langue
tes mots aux rampes muettes

aucun soupçon ne peut
d’un souffle s’abstenir
sur l’heure sonnée au clocher

ne pas savoir ouvrir
d’un regard l’attente
et la vague se tait

le ciel s’encombre
d’étoiles impossibles
que faire de mes pas

sur le sable humide
l’ombre du soleil
ne sèche pas





un pétale rouge
 
 
sur le mur d’enceinte
d’un navire arraisonné
un matin sans baisers


qu’importe si ta main
vient dans la nuit bruyante
nos rêves partagés


tous les bruits se taisent
tes pas qui résonnent dans la nuit
un bourgeon a levé


tu cherches le sens des mots
écoutes le soleil se lever
une marguerite dans la main


tu perfectionnes le silence
la source vient entre les pierres
l’absence construit son nid


tu es là, si proche
une ombre ton pas toi
une marée efface le rire des enfants


que cherches-tu là
que si loin je ne sais pas
l’hirondelle signe le printemps


peux-tu te pencher
sur l’horizon de ton souffle
je suis à tes côtés


j’entends si bien
dans la pièce d’à côté
le parfum de tes bruits


dans ce matin si froid
un bruit d’eau ne cesse
de recouvrir ta voix


sous la main mon souvenir
d’un chemin presque rectiligne
j’ai froid aux pieds


au chant des étoiles
sur les routes disparues d’une carte, discret
tu navigues aux sentiments, seule


me reste-t-il une place
sous l’horloge de ton souffle
le temps cueille la fleur


chapitre 2

tu es partie si loin
en laissant le soleil inonder
les matins clandestins


dans le vent qui tourne
je ne sais où se trouve
la carte de ton regard

un matin sans raison
la tulipe fragile a perdu
un pétale rouge

depuis tu te lèves
sans aucun bruit
sur le plancher de bois

j’écoute attentif
d’une naissance quotidienne
le baiser du matin

tu sondes entre les étoiles
un horizon si profond qu’invisible
je tremble à l’inconnu

tu poursuis le balancement
au point vertical de ton ciel
j’ai égaré le cri de l’oiseau

sur les sentiers enroulés
les berges d’une vallée cachée
capturent ma belle envolée

sais-tu qui tu es
que je perds qui je suis
et le vent sur mon front

les arbres du jardin
portent toujours le souvenir
de l’écho de ton rire

chaque mot s’envolent
les raisons de ta présence
la terre du jardin est retournée

la vie est insouciante
sait-elle qu’entre les étés
se noient des hivers

jamais devient toujours
au désert des sources perdues
le calendrier concrétionne l’amour

aux pas sans toi
les marées dessinent des mémoires
que le sable embrasse


***
 









textes 

Philippe Vallet

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septembre 2008


Créé le 1 mars 2002

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