Chant pour une épitaphe
Contre l’incendie de l’oubli
des souvenirs enchevêtrés
dans l’eau
le sol
la tombe
Quand frôlent les cygnes les nuages
Ton visage dévore les roseaux
à l'aube sur l’autel
Toujours clos
Voici le portail
dans le miroir brisé
Tout au tour du portail
de pauvres sens distraits
s’en vont
par des songes interdits
où des flocons tombent
sur l’avenir endormi
pour se perdre dans l’abîme
Je t’envoie la bougie du vieux
et lentement
patience
l’aube n’est pas pour tes yeux
Je revois les agneaux
les tentes noires qui ont vécu
là où par mille ombre dévorées
mon âme chevauche le vent
à la recherche
des temples perdus
O ! tristes cités
Quelle image disparaît
sur l’écran
d’une vie
quand
on achève un aigle
blessé ?
Dans la clarté de la lune
l’homme
qui
chante pour pleurer
a voulu
tout
réinventer
Il
faut de la boue pour mon cheval
jusqu’aux genoux
Et
vous les cèdres la source endormie
que la pluie
purifie vos blessures…
l’aigle mit un trait
sur le printemps
Un matin il était là
sur le cèdre
près de la source
tout tremblant
le regard perdu
les plumes en lierres
il chantait
il pleurait,
le fils du lion du feu
J’était comme toi comme l’autre
Et vois-tu
tu es venu
comme l’oiseau rouge qui ne chante jamais
Un jour vois-tu
on découvre la vie avec d’autres yeux
Non
La vie ne s’arrête nulle part
Transcrire les mots sans histoire
Une rencontre
Un amour qui naît
Une histoire
Un amour qui meurt
Non
La vie ne s’arrête nulle part
Vivre
PUIS
et la vie ne s’arrête nulle part
Alors
redites-moi encore une fois
l’eau la terre la tombe
que dit-on aux morts qui s’en vont
sur les traces de l’homme
tout bébé
tout vieillard
O ! terre
sois clémente pour la musique
pour que le temps soit aboli
comme le chant
qui le dit
Quelle magie généreuse
pour nous offrir ainsi
un verre d’amour
gratuit
Ecrire
traduire des voix sans nom
et
ainsi
jouir de toutes choses confondues
et se taire
pour ne pas trahir
l’absence
Depuis
les hommes balbutient
sans rien pouvoir se dire
et
le vent promène sa colère
attend le retour de la voix
la voix
de l’absence
Le chant s’émeut
ah ! la nuit ! Ce silence !
L’aigle erre toujours
à travers les méandres des siècles
à la recherche
d’une épitaphe.
Ali Khadaoui