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Ile Eniger
sélection
avril 2005
Sa
présentation
Le paysage s'est arrêté. Une rumeur revient, toujours la même, la soif des fontaines sur un pays sans eau. Si je bouge, je tombe. Nul rebord. Le loup amoureux, le chaperon, le beurre et la grand-mère sont au fond du panier, recouverts de quotidien. Je marche à l'avant du déchir. Le jour glisse et quand j'essuie mes yeux c'est du bleu que j'arrache. Une couleuvre change de pierrier, un oiseau se fracasse contre la vitre. Elle copiait le ciel. Le sang ne bat plus à la tempe des doigts, la buée d'un bain chaud n'efface pas l'escalier qui longe le néant. Des coquelicots meurent à peine regardés. L'amour n'était qu'une enfance qui jouait à la marchande. Derrière moi, la mort d'une femme.
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Elle est contre lui.
Une lune tardive porte un silence.
Dans l'herbe mouillée, elle vient chercher ce qu'elle est déjà.
Il se tait, elle entend ce qu'il dit. La nuit a ouvert le dedans. Il est droit contre elle, elle s'appuie. Ton ombre est belle, dit-elle. Elle joue d'une pierre douce et ronde, affirmée comme une écriture qui ne se disperse plus. Je veux... elle s'arrête, c'est compliqué, dit-elle. Elle sait qu'il rectifie : je voudrais. Il ne dit rien, il sourit. Il est contre elle, dans l'herbe. Quand elle s'en va, il la regarde partir. c'est un arbre grand.
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L'ombre partout.
le ciel, ciel. La terre, terre. Le jour,
après jour. L'eau à la bouche mais la bouche
sèche. Le coeur privé. Et le soleil? Ah le soleil... une
flaque de mémoire, de poussière, des débris, des
barreaux...
Sauver une odeur, un grain de peau, un geste, un éclat. Non,
oublier l'odeur, la peau, le geste, l'éclat. Non retenir l'eau
encore. Pour rien, pour l'eau qui s'en va.
Et le soleil? Ah le soleil....
Ile Eniger
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