BLASBAND PHILIPPE ( Johnny Bruxelles)
Johnny Bruxelles
entraîne le lecteur dans les aventures d'un personnage complètement
fantasque, à la vie tumultueuse. Son véritable nom était
Joris Van Brussel. C'était son pseudonyme quand il écrivait
et publiait. Ce grand et gros Belge de 32 ans, détective pour arrondir
ses fins de mois, débarque dans l'existence de l'auteur-narrateur,
Philippe Blasband, alors que celui-ci s'en serait bien passé. Il se sent menacé et demande l'asile.
Pour convaincre son ancien condisciple, il raconte l'incroyable histoire
du département kabouter, un service administratif créé
par un ministre belge pour mener des enquêtes suite à la disparition
de ses. nains de jardin.
D'autres personnages croisent la route de Johnny Bruxelles et le pistent
pour des raisons obscures. Il sera assassiné en pleine rue. Un individu
devait lui revendre le timbre, « l'Albert décapité »,
à l'embouchure de la rue du Texas. Il y eut des coups de feu .il s'écroula.mort.
Le lecteur est ainsi emmené dans une affaire absurde, sans queue ni
tête, dans divers quartiers de la capitale belge. L'auteur zigzague
entre une intrigue confuse qui ne semble être qu'un prétexte
et des tableaux de la Belgique avec laquelle il règle amicalement quelques comptes.
Il nous livre son Bruxelles de la place de la Vaillance à Molenbeek
en passant par le parc de la cité administrative, Ixelles, St Gilles,
Saint-Josse... la galerie Ravenstein. Le monde des philatélistes.
Des salons de coiffure. La Grand Poste et ses files. Des familles éclatées
entre vieilles gloires, wasserettes et immigration. Le monde de la presse
avec des plumes amères. Tous les cancers urbanistiques bruxellois.
Le monde des détectives privés. Un pèlerinage de bistrots.
La guerre des polices. Des politiciens corrompus, des taximen barbouzes.
Toutes les Affaires et cette sorte de secte qui rassemble bien des personnalités
sous le nom de La Voie de la Merde...
Blasband a réussi un roman qui n'est ni une parodie prétentieuse,
ni un étalage d'érudition, ni un cryptage pour «happy
few». Il a une ampleur mélancolique, de la justesse dans les
mots. Bien que précis autant qu'un biographe, il émeut, comme
s'il avait gravé dans son texte des tristesses, des visages, des pensées
de lui seul connues. Avec des mots vrais, il évoque des peines ou
des malentendus qui vivifient les sentiments qu'il prête à Johnny,
le libère de son corset pudique. L'intrigue est porteuse de sens et
permet à l'écrivain d'enfoncer le clou sur lequel il frappe inlassablement.
Sa méthode ? Présenter, par le biais de la fiction, des fragments
de la réalité contemporaine, puis, dans un deuxième
temps, injecter un peu de sociologie et d'analyse politique, avec assez de
distance ironique pour que ces pages ne tournent pas à la démonstration.
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