Compte-rendu de lecture de Coralie D.
Le fils du pauvre de Mouloud Feraoun
Édition Points, catégorie roman, 146 pages
Voilà maintenant quarante-quatre
ans que fut lâchement assassiné Mouloud Feraoun, une grande
figure de la littérature algérienne, alors qu'il participait
à une réunion des centres socio-éducatifs à Ben
Aknoun, dont il était inspecteur, un certain 15 mars 1962, par l'Organisation criminelle l'OAS à quelques jours seulement de la signature des accords d'Evian.
C'est le 8 mars 1913, que naquit
l'écrivain à Tizi Hibel (Tizi Ouzou), dans une famille très
modeste, pour ne pas dire misérable, comme il en existait partout
en Algérie. Combien de temps faut-il pour produire une intelligence
de cette trempe, pour accumuler tant de savoir ?
On l'avait assassiné
dans le but évidemment de priver l'Algérie de demain de son
élite, de ses guides de son intelligentsia. Parce que l'homme était
aussi un éducateur, un formateur des cadres de demain et plus que
jamais un observateur lucide plus qu'avisé. L'OAS, à travers cet acte ignoble, visait surtout l'Algérie.
source : http://dzlit.free.fr/feraoun.html
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Dans cet ouvrage, tel un livre
ouvert, Mouloud projette sa propre vie sur Fouroulou Menrad et nous parle
de sa famille au complet, où chacun a sa place. Les aïeux sont
respectés, les petits sont éduqués, les forts sont craints
et les faibles protégés. Il y a quelques jalousies et moqueries
comme dans toutes les communautés d'ailleurs mais Fouroulou demeure
le petit préféré de tous.
Les habitants de ce bled Kabyle vivent à la limite de la misère.
Ils se battent de tout le coeur pour que la joie ne quitte leur foyer. Le
père est le pilier, et il se tue à la tâche pour nourrir
les siens et pour préserver l'équilibre précaire des
finances. A vrai dire, tout est potentiellement bon pour le troc et peut donc
contribuer à remplir les estomacs.
La mère, les tantes et les soeurs travaillent dur aussi aux champs,
au tissage et à la poterie. Elles adoucissent les jours par leurs
rires, leurs caresses et leurs chansons et la perte de ses tantes fut un
moment douloureux pour le jeune Fouroulou.
Il se découvre un appétit certain pour l'école, sa fierté
est de contenter son père car malgré lui, il culpabilise
de le laisser seul pour les travaux pénibles. En fait, il excelle
dans les études sans en avoir le choix. La fin du livre nous apparaît
comme un commencement... à suivre.
Un livre court qui se lit
bien. Un style précis, fluide et familier. Le fils du pauvre, contrairement
au titre, est un ouvrage riche. Riche de détails sur l'environnement,
sur le caractère des personnages.
L'auteur explique à merveille les murs et les oliviers si bien qu'on
se retrouve sans difficulté au creux des ruelles, vêtus d'une
gandoura, on entre dans les maisons et partageons le quotidien, les labeurs
et les pleurs
Coralie D.
pour francopolis avril 2006
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