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Comme des pas qui s’éloignent, recueil d’Alain Freixe
paru aux éditions de l’Amourier en 1999

par Cécile Guivarch


Des pas, neuf pas. Qui s’éloignent ou bien font des allées et venues et puis se rapprochent. Autant de promenades, de tableaux, de paysages. Le paysage extérieur mais aussi un autre plus intérieur celui de l’homme.

Neuf pas qui réveillent la nature et ses composantes. Car la nature a toute sa place dans la poésie d’Alain Freixe. L’oiseau, l’arbre, le ciel, l’océan et sous toutes leurs formes : l’air, l’eau et le feu.

« le vent butinait les poussières bleuies par les chaleurs »

La nature est bien vivante dans ces pas, elle est active, elle participe aux activités de l’homme, prend part à ses bonheurs ou ses chagrins si ce n’est pas l’homme qui agit en fonction de ce que la nature lui dicte. Un peu comme si l’homme était empaqueté dans le paysage.

« rires ou larmes, selon le vent »

« M’enfouir dans l’arbre fut comme arracher son agrafe bleue. Déchirer sa trame. Laines en lambeaux, couleurs noyées. »

Neuf pas qui attisent les souvenirs. La mémoire, comme une main qui guide les pas d’Alain Freixe.

« Le ciel est souvent si pâle qu’on oublie que, tout au fond, durent nos braises »

« quelque chose s’était mis à remonter de branche en branche jusqu’aux feuilles, pour trembler, étincelles grises, dans la douceur et la précarité d’un souffle humide »

« Avant que la mémoire ne fasse tache de tous ses lieux perdus »

Neuf pas pour montrer aussi que même si parfois le ciel est un peu noir, que les nuages font de l’ombre, la lumière revient toujours. La poésie d’Alain Freixe ne reste jamais à l’ombre longtemps.

« Dans le feu du jour brûle la nuit qui le tisonne. On voit tellement de cendres, on se prend tellement aux fumées, le ciel est souvent si pâle qu’on oublie que, tout au fond, durent nos braises. »

La poésie d’Alain Freixe, une poésie de l’image ? Je pense que oui, elle est très visuelle, avec un champ sémantique proche du monde qui nous entoure, de la nature. Cela nous parle ainsi de manière sensible et raffinée du fond en nous. Alain Freixe s’interroge, s’ancre, trouve ou perd ses repères. Et « Devant. S’élargissent les routes. »

« Y aura-t-il jamais assez de nuit dans nos yeux pour voir quelques étoiles danser autour des bornes où tiennent les visages ?

Y aura-t-il jamais assez de silence dans notre sang pour entendre chanter la lumière, là où sourient les ombres ?


Y aura-t-il jamais assez de chaleur dans notre cœur pour qu’il offre aux pierres ces forces dont elles vivent, ce rythme qu’entre deux soupirs de ciel nos pas leur arrachent, par hasard ?
»

***



Cécile Guivarch
     pour Francopolis
mai 2008


Créé le 1 mars 2002

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