La
question se pose
parfois avec la venue d’Internet, médium excellent pour la
publication de la poésie, si la publication papier de la
poésie est encore d’actualité.
Ce recueil de poésie “Les
blanches feuilles où dansent nos âmes”
répond par l’affirmative car la présentation nous donne
l’esthétique d’une oeuvre d’art et le plaisir de danser dans ses
pages, un charme et une proximité que le web ne pourrait nous
offrir.
Ce livre naît d’une
belle complicité entre deux artistes, une rencontre par hasard
aux Lundis de la Poésie dans l’Outaouais, l’un dessine , l’autre
écrit.
On peut lire
dans le Prologue:
“
Une amitié qui nourrit,
interpelle, donne joie. Et qui éclate dans la création
gratuite, de plaisir.
....
Les poèmes, les
dessins prennent formes, emplissent de plus en plus le beau papier du
grand cahier à dessin et comme ça, un jour, on se dit:
Faisons un livre.”
De plus, très
généreux, ces auteurs nous offrent dans les
dernières pages, “Journal d’une
collaboration entre un artiste visuel et un poète” un
ajout qui amplifie notre attachement à ce recueil et qui nous
réconcilie avec nos attentes de complicité dans ce monde
parfois si individualiste.
“ Nous commençons
simultanément, lui un dessin, moi un poème....
À mesure que le
travail avance, les mots et les traits s’influencent les uns les autres.
“
Un recueil que je
qualifierais de chef d’oeuvre et même un objet
d’art à laisser traîner dans notre quotidien. On se laisse
bercer par l’harmonie entre les dessins et les poèmes, et en
tendant bien l’oreille on arrive presqu’à entendre leur souffle
emmêlé. On pourrait à la limite se sentir voyeur de
leur belle intimité mais leur altruisme nous invite à
prendre place et à partager avec eux ces instants magiques. On
marche dans leur pas qui nous mènent à travers nos
souvenirs, nos randonnées à travers le Québec; les
pieds parfois bien ancrés dans l’actualité et
portés ainsi par la mélodie, on voyage dans leur
imaginaire.
Guy
Jean, poète de grand talent, né sur les bords
de la baie des Chaleurs , tente l’expérience de
création-improvisation avec
Edmond Baudoin,
bédéistes de réputation internationale, né
à Nice où les mots de l’un inspirent le pinceau de
l’autre et vive versa .
Guy Jean, ne cache pas sa fascination pour l’eau, nous en avons la
confirmation dans son recueil “
Et l'eau répondit...”
ainsi dans ce recueil “
Les blanches
feuilles où dansent nos âmes” sa poésie est
fluide et coule paisiblement mais parfois poussée par le
courant, elle inonde notre quotidien et nous emporte dans le courant de
sa dérive, ne reste plus qu’à s’accrocher aux traits du
crayon d’Edmond Baudoin, pour reprendre pied et se laisser guider par
la danse de ces blanches feuilles.
Différents
thèmes sont abordés dans ce recueil:
S’enlacent
les traits et
les mots -
L’obscurité a neigé -
La musique qui te crée -
Eau
de vie -
Bombardements sur Bagdad -
S’enfoncer dans le pays -
C’est
ainsi que l’on regarde l’autre - Restent les traces.
Je
ne peux vous donner un
aperçu des dessins et ainsi vous convaincre de la beauté
de ce recueil qui prend sa source dans l’harmonie entre le poème
et le dessin, dans cette création-improvisation interactive
où chacun essaie de capter l’instant tout en restant conscient
du regard que l’autre pose sur cet instant.
Pour déguster cette poésie, il faut vous asseoir à
la table de ces créateurs...!
mais permettez-moi de vous offrir en apéritif: quelques extraits
de poèmes qui vous mettrons sûrement en appétit.
Thème:
S’enfoncer dans le pays
Nous partirons en voyage
Les notes de guitare meurent dans nos oreilles
meurent en bouche les mets finement épicés.
La route s’enroulera dans nos yeux
envieux des espaces trop vastes pour leur pupilles.
........
La neige fond vite ces
derniers jours
....
Je me coucherai sur la terre en rut
pour oublier la guerre
rêver aux amours à cueillir
donner sève aux amours vieillies
La neige fond vite
bientôt je verrai ton visage.
**************
tirés du receuil
"Les blanches feuilles
où dansent nos
âmes"
Guy Jean et Baudoin
aux
Écrits
des Hautes-Terres