Mot à Maux, une revue, un souffle, un cri, un engagement, une respiration...
Mot à Maux vient de publier son premier numéro en mars
dernier. Le premier numéro permet la rencontre d'auteurs de
talent, certain ayant déjà publié, d'autres
très peu : Cathy Garcia avec des extraits du jardin du Causse,
"un long poème sur un cycle de l'existence, le
déroulement des saisons en parallèle avec le mouvement
intérieur des saisons d'une femme et sa richesse de vivre"
(préface de Mireille Disdero, ed Alba), Alain Crozier nous offre
des extraits d'un recueil inédit, entre Paris et New York, sur
les chemins ou dans les couloirs, " on me parle de poème" écrit-il. Jean-François Roger nous donne à voir l'océan, " au long des landes dissidentes d'Argoat et d'Armor",
Jean-Pierre Lesieur nous offre L'o.s. des lettres, sur le poète
! Daniel Brochard nous entraîne vers le rayon des conserves, Anne
Poiré, nous mène entre rhône et saône, dans
les rues d'un " Lyon rugissant" avec des extraits d'un recueil
inédit "Crinière de Lyon", Jean-Jacques Nuel offre deux
textes, L'épitaphe et Tom, extraits de "Portraits
d'écrivains" paru aux éditions Edinter. Avec Jean Dif
nous ne sommes pas prêts d'attendre le " dégel", même s'il s'agit d'une " journée ordinaire", " les mots cherchent un nid". Daniel Leduc nous fait lever les yeux vers le ciel, reconnaître le vent, " c'est ainsi que la vie s'offre à nous",
Paul Kodama nous fait suivre un petit chemin de terre pour une histoire
dans laquelle le lecteur est le héros. Gilles Bizien cherche " au travers des ombres qui glissent sous les choses des mystères insensés." Sandrine Bettinelli, écriture créative, " enroule un mot autour de mon poignet"
et offre Demain poète, texte ayant reçu le 3ème
prix Alter Texto 2004. Nathalie Cousin offre une étude de la
poésie d'Emeric de Monteynard et Daniel Brochard sa petite
bibliothèque avec des poèmes d'Anouk Malhouitre Simon, 14
ans. et l'ensemble de la revue est illustrée par Patrick
Guallino.
Teri Alves, membre de Francopolis confie : " Tout
au long des cinquante pages de sa nouvelle revue, Daniel Brochard
entreprend avec succès d’ouvrir l’éventail de la
poésie en train de s’écrire."
4 euros le numéro.
Contact : BROCHARDDA@cc-parthenay.fr
Le blog de la revue : http://motamaux.hautetfort.com
Comme je suis une petite curieuse, j'ai demandé à Daniel
Brochard, le directeur de publication de Mot à Maux, de
m'accorder un peu de son temps pour un entretien...
A chaque fois que l'on m'annonce la naissance d'une revue, j'ai la
curiosité de demander l'origine de cette nouveauté.
D'où est venue l'idée de créer Mot à Maux ?
C’est quelque chose qui a mûri en moi. Je pense que l’idée
était présente dès le printemps 2004. C’est
là que ça a dû germer. A l’époque,
j’occupais une chambre vétuste au quatrième étage
d’un immeuble à Bordeaux. Il faut savoir que ça
correspondait exactement avec la période où je me suis
séparé de l’écriture poétique.
J’écris depuis 1991, des recueils. Avec le dernier j’ai abouti
au terme de ce que je pouvais dire par le poème. Ca a
été une libération en quelque sorte. Je me
demandais ce que je pouvais bien faire des jours qu’il me restait et
l’idée est venue de créer une revue. Je voulais rester en
contact avec les mots, ne pas me séparer de cet univers pour
lequel j’étais fait véritablement. La chose est
restée en sommeil jusqu’à février 2005. A partir
de ce moment tout s’est fait très vite. J’avais
déménagé aux Sables d’Olonne, je m’ennuyais un peu
je crois, et cette idée est revenue, un soulagement,
j’entrevoyais enfin un avenir possible au sein des mots. J’ai vraiment
senti que je pouvais ouvrir une autre page, que ma passion pour la
poésie pouvait s’exprimer à nouveau. Pour sortir le
numéro fin mars, tout est allé très vite.
Quelles ont été les conditions de mises en place ? Cela vous a demandé combien de temps ?
J’avais quelques publications en revue et j’en recevais quelques-unes.
Esthétiquement je savais ce que je voulais faire. J’ai
utilisé Internet et ma bibliothèque. Le site Pleutil.net
m’a fait découvrir l’écriture remarquable d’Emeric de
Monteynard dont j’ai commandé les livres, Paul Kodama m’a
enchanté par ses textes, Gilles Bizien aussi, son
écriture m’a touché. Puis naturellement Sandrine
Bettinelli et Jean-François Roger, lauréats du prix
Orage-Lagune-Express… Anne Poiré et Patrick Guallino ont
été adorables. Tous m’ont porté et
encouragé. J’avais un peu peur de toutes les formalités.
La lecture du livre « La revue, mode d’emploi » de
Jean-Jacques Nuel m’a aidé à définir mon projet,
à savoir quoi faire et ne pas faire. Le titre « Mot
à Maux » a été trouvé tout de suite.
J’avais tous les éléments avec moi, ça a
été un plaisir, une aventure ! Deux mois de travail,
à chaque pas la revue se construisait peu à peu, sans
grandes difficultés.
Vous m'avez écrit à propos de votre revue : "Mon
objectif est de défendre des textes qui portent sens, des
écritures exigeantes, empruntes de révolte, d'engagement
et qui évoquent mille et une choses..." et dans votre appel à texte vous écrivez : "Mot
à Maux recherche des textes exigeants (poèmes, proses) de
poètes dont l'écriture est un souffle, un cri, un
engagement, une respiration...". J'aimerais en savoir plus...
Tout d'abord je dois dire que la poésie, l'écriture, sont une interprétation
du monde. La poésie véhicule un questionnement commun à tous les hommes. Ce
qui m'intéresse, c'est retrouver dans les poèmes que je lis une recherche
qui, si elle est propre à chacun s'exprime quand même universellement. La
revue est un espace de création qui accueille des poèmes dans la mesure où
ils répondent ou tentent de répondre à ces interrogations. Je souhaite que
la revue devienne un lieu d'échanges et de rencontres ouvert aux auteurs
connus ou non. Nous souffrons cruellement de lieux d'expression, or la
poésie nous permet de nous rencontrer, de confronter nos idées, de créer une
réelle communauté. Je pense qu'il est très important pour un écrivain de
pouvoir lire ce qui se fait autour de lui, d'inscrire son histoire
personnelle dans la lignée de celle des autres, en ce sens l'écriture et la
lecture sont une respiration. La revue ne sera lue que par quelques
personnes passionnées, mais elle sera une pierre de plus sur le chemin de la
petite édition.
J'ai pu lire dans le numéro 1 de très bons auteurs
comme Cathy Garcia, Gilles, Bizien, Sandrine Bettinlli, Emeric de
Monteynard, pour n'en citer que quelques uns et donc je suis curieuse
de connaitres vos moyens pour "dénicher" ces bons auteurs ?
On insistera jamais assez sur l’importance de la lecture. Ma
bibliothèque constitue un fonds documentaire qui au fil du temps
s’est développé. Jamais assez ! Les recueils, les revues,
les anthologies constituent l’outil essentiel. Je fréquente
aussi la bibliothèque municipale. Un second moyen est Internet.
C’est un vecteur exceptionnel d’actualité et d’expression. Cela
m’a permis de rencontrer des poètes comme Cathy Garcia, Alain
Crozier et le blog de Jean-Jacques Nuel… Le travail de revuiste se
rapproche un peu du journalisme. Il ne suffit pas de lire un texte une
fois, il faut le recouper avec d’autres, s’imprégner de
l’univers de l’écrivain, lire ses livres. Tout cela crée
une émulation, des pistes se rejoignent, diffèrent,
s’interposent. Le blog de la revue est en partie destiné
à créer ces rencontres. J’apprécie les auteurs qui
ont une véritable démarche de création, un
véritable moteur qui les pousse en avant. Déjà
pour le second numéro, plusieurs poètes se sont
présentés spontanément. J’espère aussi que
les acteurs du livre pourront relayer mon travail. Et puis l’important
est de rester à l’écoute de l’actualité
poétique, de la création, des auteurs.
Comment voyez-vous l'avenir de la revue ?
La revue constitue mon dernier lien avec la poésie. Je continuerai à publier
des textes importants, novateurs et je resterai au service des poètes
nombreux qui ont une véritable voix, une rage, un souci de l'expression la
plus juste. Pour que la revue s'impose de part sa qualité, un véritable
suivi de l'édition est essentiel, je continuerai donc à lire la poésie et à
solliciter les auteurs. Un réel souci de qualité est indispensable pour
rester dans une communauté d'échange avec les autres revues, les éditeurs et
les lecteurs. La revue c'est aussi le blog qui me permet d'élaborer une
réflexion sur le sens des mots, de la poésie et du langage et qui devrait
permettre aux auteurs de Mot à Maux de pouvoir s'exprimer. Par ailleurs, je
veillerai à ce que la revue soit présente en librairies et en
bibliothèques...
La prochaine édition est donc fin juin et sera trimestrielle.
Oui, cela me semble être un bon rythme. Je peux
déjà citer quelques poètes qui seront
publiés : Gabriel Arnaud, Evelyne André-Guidici,
Cécile Guivarch, Philippe Bray, Olivier Bastide… Le second
numéro s’annonce homogène et sera plus facile à
réaliser !
Et comme me souffle Teri Alves, membre de Francopolis : "50
pages, 15 auteurs, le premier numéro de la revue
créée par Daniel Brochard, Mot à Maux,
exclusivement consacrée à la création
littéraire, n’a qu’un seul défaut : nous faire saliver
d’impatience jusqu’à la seconde livraison."
CE QU'ILS EN PENSENT
J'ai
aimé (en plus de tout ce que je vais oublier de citer) dans la
revue Mot à Maux le sérieux avec lequel Daniel Brochard a
choisi les textes, prenant son temps pour discuter, sélectionner
les textes qui lui convenaient et expliquer pourquoi il n'en retenait
pas certains. La place accordée aux auteurs, petits et grands
également choyés, avec un espace de plusieurs pages pour
chacun, ce qui permet de se faire vraiment une idée du style et
du travail d'un auteur. Et petit détail: le format "poche" bien
plus pratique que les grandes revues à ranger dans sa
bibliothèque !
Sandrine Bettinelli, auteure figurant dans le numéro 1
***
Je
suis toujours heureux de la naissance d'une revue, cela témoigne
de la vitalité de la poésie et de la volonté de
faire partager des pages qui ont touché juste. Ces revues dites
"petites" sont souvent aussi bien plus généreuses que les
"grandes", et indispensables pour aider les jeunes poètes dans
leurs premières publications. Il y a quelques années
déjà les premières revues qui ont accueilli mes
poèmes ont été Foldaan, Orion... qui s'en souvient
? et "Décharge", qui tient toujours la route. Dans Mot à
maux, Daniel Brochard se donne pour ambition de présenter des
"voix talentueuses" et de "susciter un débat contradictoire sur
la poésie" : il y a là de quoi nourrir pas mal de
numéros encore... Bonne route !
Antoine Emaz, poète et lecteur
***
Le premier numéro est de bon augure. Il faut encourager cette revue afin qu'elle grandisse (dans tous les sens du terme).
Daniel Leduc, auteur figurant dans le n° 1
***
Par
la richesse et la diversité de ce premier numéro, la
revue Mot à Maux se place d’emblée comme une valeur
sûre des passeurs de poésie.
Teri Alves, membre de Francopolis et lecteur
***
C’est
toujours difficile de parler du numéro 1 d’une revue on y voit
tout maladresses et réussites promesses et confirmations j’aime
justement qu’il y ait ce mélange. Le parfait est ennuyeux. Je
connais ou j’ai lu déjà pas mal d’auteurs de ce
numéro. L’ensemble se tient bien il y a de la
variété et c’est le reflet la poésie actuelle. On
s’y sent bien. J’attends le 2 avec impatience et plaisir.
Jean-Pierre Lesieur, auteur figurant dans le n°1
***
Qu'est ce que la poésie ? Quand on ne me pose pas la question, je sais ce
qu'est la poésie. Quand on me pose la question, je ne sais plus.
c'était histoire de paraphraser St Augustin et de faire travailler les
grands textes. Mot à maux se goûte simplement, sans avoir à se poser de
question. La qualité est là, sobre et claire, et nous dit ce que sait
Daniel Brochard, de la poésie, par ces textes qu'il accueille, à qui il
donne une place, un écho dans sa "maison". Je suis très honoré d'y avoir
été invité.
Emeric de Monteynard, auteur figurant dans le n°1
***
Une
nouvelle revue poétique c'est toujours une aventure, surtout
quand il s'agit comme ici de partir à la découverte
d'auteurs peu connus, très différents les uns des autres.
Mais le pari est réussi, on découvre - si on l'avait
oublié - que la poésie contemporaine est
particulièrement vivante en France, au delà des grandes
maisons d'éditions et des revues historiques, qu'il existe un
peuple de poètes dont la voix ne pourrait se faire entendre sans
ce genre de revue. Longue vie à Mots à maux !
Xavier Jardin, lecteur
Par Cécile Guivarch
pour francopolis
juin 2005
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