Les aimants
de Jean-Marc Parisis
Editions Stock, 2009
par Michel Ostertag

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La
vertu d’une bonne émission de télévision à
vocation littéraire est de faire découvrir une œuvre, un
auteur et, mieux, inciter le téléspectateur à
devenir un lecteur de cette œuvre, de cet auteur.
L’émission de
France 5 « La grande librairie » de François Busnel
répond parfaitement à cette définition.
Il y a quelque temps l’auteur était Jean-Marc Parisis, l’œuvre « Les aimants
». La présentation et du roman et de l’auteur m’ont
convaincu d’acheter le roman, un roman court de 100 pages, une distance
qui me convenait tout à fait, je n’étais pas, à ce
moment précis dans une disposition suffisante pour lire un gros
pavé de 450 pages !
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J’étais heureux, au moment
même d’ouvrir le livre, et dès les premières
lignes, je rajeunis de plusieurs dizaines de décennies et me retrouvais à l’âge de l’adolescence estudiantine,
l’âge des conquêtes féminines, de l’amour fou
déclenché au premier regard, au plus petit
frôlement de main ou de genoux. Le héros devint mon
double, mon cœur se mit à battre au même rythme que le
sien, je me retrouvais enfoui dans ses méandres sentimentaux.
Même si son amoureuse Ava, m’échappait dans ses
raisonnements, ses décisions, sa façon de se comporter
vis-à-vis du narrateur. N’importe, les paroles, les attitudes de
celui-ci pouvaient être les miennes. Cette façon de
s’aimer à vingt ans, de se séparer pour mieux se
retrouver, de se dire qu’on s’aime avec d’autres mots, d’autres raisons
aussi, de mieux se comprendre mais aussi, parfois, ne plus bien suivre
sa compagne, j’y adhérais de tout mon esprit. En fait,
c’était la première fois qu’un roman me touchait autant,
m’allait droit au cœur, me projetait dans ces pages-confessions. Cette
idée de montrer que la personne que nous aimons est un dieu sur
terre, c’est ce qu’écrit le narrateur, cette sublimation de
l’amour d’un jeune garçon pour une jeune fille – bien
au-delà de toute mièvrerie – avec ses drames, ses
séparations, occasionnelles et puis définitives par la
mort, cette sublimation est transcrite avec sobriété dans
l’expression et, paradoxe, atteint à l’émotion totale.
Une telle
période d’amour, à cet âge, laisse une trace
indélébile dans la construction du jeune homme. Sa vie
d’homme en sera marquée à jamais, le souvenir de cette
jeune femme Ava, restera présent dans ses futures relations
qu’il aura avec d’autres femmes. La relation qu’il entretient avec Ava
se mue en amitié, les liens se distendent, puis les fils se
renouent. Ce jeune homme est un écrivain, il perçoit
à sa façon le déroulé de son aventure
sentimentale, sait en tirer les arguments pour sa propre existence, il
s’en nourrit, en fait son miel. « Elle m’a grandi » avoue-t-il.
Ce qui donne une
dimension supplémentaire, c’est que le roman se passe à
Paris, dans ses bistrots, son magasin Fnac, son parc Monceau où
il écrit son roman ou encore tel lieu de la capitale où
un film, Le dernier tango à Paris a été
tourné, sont comme autant de points d’appui au récit en
donnant un supplément de véracité, un relief tout
à fait enchanteur. Il sait donner comme une vie aux endroits
parisiens, il sait en faire des acteurs de son récit. Du grand
art !
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