par
Jean-Marc La Frenière
L’équipe qui a réalisé ce premier numéro de
Scribulations s’est
formée au fil des années sur le Net et s’est
déjà rassemblée autour de plusieurs projets
littéraires dont l’un d’entre eux a vu son aboutissement sous la
forme d’une édition papier : Photomaton.
Aujourd’hui nous nous interrogeons sur le devenir de l’abondante
production des ateliers d’écriture comme nous les connaissons
: textes impulsés par une proposition d'écriture ou
dictés par les circonstances, individuels ou collectifs, lus,
commentés, corrigés, améliorés puis…
rangés au fond d’un tiroir ou d’un disque dur.
Il nous semble y avoir là un gisement important de textes
injustement privés de toute perspective d’édition, non en
raison de leur qualité mais à cause de leur isolement et
sans doute faute d’un support qui leur soit consacré.
Scribulations veut
offrir à ces textes un espace de publication qui permette
à la fois de les sortir de l'ombre et de la
confidentialité, d’en partager la lecture et de les
réunir en volumes dont on puisse être fier.
Si Internet est une sorte de mixer à idées, c’est aussi
une jungle dans laquelle des auteurs s’essayent, se cherchent, souvent
se trouvent et parfois se mélangent. Mais force est de constater
qu’éparpillés sur la toile nos textes composent un
inextricable réseau de thèmes bondissants, se
répondant en écho, tirant dans leurs sillages des
écrits parfois sages mais le plus souvent
échevelés, dans un désordre où les lecteurs
se perdent de clics en clics. Un peu d’organisation s’imposait donc
pour pouvoir les donner à lire. Cependant, comme nous aimons
également le désordre créateur,
Scribulations reste foisonnante en
dépit des sages onglets permettant d’en baliser les rubriques.
À ces préoccupations presque terre-à-terre on peut
en ajouter d’autres, essentielles, dont tous les participants aux
ateliers d’écriture pourraient témoigner : se
réunir pour écrire encourage, stimule, ouvre des
perspectives nouvelles et permet de rencontrer ses premiers lecteurs.
C’est donc bien du plaisir d’écrire, tout
particulièrement avec d’autres, dont veut témoigner
Scribulations.
Alors n’attendez pas que votre disque dur ou vos boîtes à
chaussures débordent pour répondre à notre
invitation :
rejoignez les
scribulateurs !
***
Interview avec
Jean-Marie Dutey
Comment vous est venue l'idée de
Scribulations ?
Autant que je me souvienne,
c'était le 17 avril 2008 sous la douche. Mais comme toutes les
bonnes idées - dont on se demande pourquoi ne les a-t-on pas eu
avant - celle de créer une revue où nous pourrions
éditer les textes accumulés sur les différents
groupes d'écriture du Net auxquel je participais, me trottait
dans la tête depuis un moment, ainsi qu'à d'autres auteurs
avec lesquels j'écrivais sur ces groupes.
Il faut dire
qu'en plusieurs années d'écriture, nous avions
accumulé plus d'un millier de textes.
Scribulations
procède donc peut-être moins d'une idée que d'un
constat puis d'un déclic. Disons qu'en avril dernier, la formule
de cette revue s'est imposée de façon plus
entêtante qu'auparavant.
Justement,
pouvez-vous nous présenter la "formule" de cette revue ?
Matériellement, Scribulations se
présente comme un livre. C'est un parti pris qu'avaient par
exemple adopté "Univers" chez J'ai lu en format poche, ou "La
revue littéraire" aux éditions Léo Scheer.
L'idée était de nous éloigner d'un format
"magazine" pour aller vers quelque chose de plus anthologique, conforme
à notre contenu puisque Scribulations ne publie pas d'article
d'actualité littéraire, ni de critique de livre, juste
des textes dont la qualité nous laisse espérer qu'ils
garderont leur intérêt de longues années.
En
effet, j'ai la revue en main, c'est un volume épais de deux cent
pages, qui revêt toutes les apparences d'un livre, à part
son prix peut-être et sa maquette ?
Oui, Scribulations est vendue au prix
public de 10€ ce qui ne devrait pas ruiner ceux de nos fidèles
lecteurs qui achèteront les trois numéros que nous
publierons par an. Quant à la maquette, toute réclamation
est à m'adresser personnellement puisque je m'en suis
chargé. Vous n'aimez pas ?
Si,
si... Elle est, comment dire ? très "moderne", par exemple le
travail sur les lettrines. (rires)
C'est vrai que je me suis un peu lâché sur les lettrines.
J'avais en tête d'explorer ce que pourrait être
l'équivalent contemporain des lettres ornées qu'on trouve
sur les manuscrits du moyen âge, mais aussi l'idée de
trouver dans le texte lui-même, dans sa lettre, les
éléments graphique de sa mise en page et enfin, le souci
de m'éloigner de la simple illustration, de la facilité
qu'il y a à mettre une image de dune parce que le texte parle de
désert, ou de cage parce qu'il parle d'oiseau. Je voulais donc
plutôt augmenter la distance entre l'illustration et le texte que
la réduire à la lecture de l'illustrateur, créer
entre le texte et les éléments graphiques un espace le
plus ouvert possible, que l'imaginaire du lecteur puisse investir
librement. Mais c'est une démarche à poursuivre, dont les
prochains numéros baliseront les étapes.
Si
j'ai bien compris, les auteurs de ce premier numéro se
connaissent tous depuis longtemps ?
Oui et non. Certains ont
déjà travaillé ensemble sur des projets
littéraires que nous avons menés en ligne il y a
plusieurs années, d'autres nous ont rejoint récemment.
Tous font parti de plusieurs groupes réunis sur Internet autour
de propositions d'écriture souvent très larges, mais dans
lesquelles Scribulations puisse sa matière première.
Vous
pouvez nous présenter certains de ces groupes ?
Volontiers. Le premier d'entre eux est
bien-sûr le groupe "Dixit"
qui propose en permanence aux auteurs
dix propositions d'écriture, renouvelées quand elles
s'épuisent. Pour ce numéro de Scribulations, nous avons
pioché dans les rubriques " Sans
verbe", "Petit plus" et
"tranches de vies". Mais nous
avons aussi puisé largement dans
les textes écrits sur le groupe "Contes incorrects",
"Préf@ces" et "Carrefour des passions". Nous
espérons
bien ainsi créer un "appel
d'air" suffisant pour que les
animateurs d'atelier d'écriture de France et de Navarre nous
soumettent des textes produits dans leurs ateliers.
Vous
dites "de France et de Navarre", mais si j'ai bien lu, les auteurs
publiés dans Scribulations sont d'ors et déjà
issus des quatre coins du monde ?
Vous avez bien lu. Les auteurs sont
francophones, mais trois d'entre eux vivent au Québec, un autre
en Espagne, un autre au Brésil, l'autre grosse moitié en
France. C'est l'avantage d'Internet : la Terre n'est plus si vaste
qu'on ne puisse y écrire ensemble en temps réel ou
presque.
Que
nous réservent les prochains numéros ?
Ah ben ça, si je le savais...
Non, je plaisante. Le prochain numéro, qui devrait sortir en
janvier, publiera la suite et la fin des "Silences de Soupir", ce magnifique
texte constitué à partir des petits messages
laissés plusieurs années durant par une participante au
groupe "Auteurs Salle
d'Écrivains" en réponse à la question que
j'avais lancée : "Qu'entendez-vous
dans le silence ? " Nous aurons aussi le deuxième tiers
de "Existe en noir",ces
délicieuses chronique de quartier. Un nouvel épisode de "Wan & Ted" nos jeunes chasseurs
de prime dont nous voudrions faire un peu les héros
récurrents de Scribulations. Sans oublier une nouvelle
fournée de "Brèves
nouvelles", ces petits textes entièrement guidés
par le jeu de mot qui leur sert de moralité. Nous aurons aussi,
dans le prochain numéro ou celui d'après, une avalanche
d'objets, improbables ou sentimentaux, issus de la rubrique "magasin d'accessoire" du groupe
Dixit, mais peut-être chinés aussi dans d'autres
brocantes.
Pouvons
nous conseiller à nos lecteurs de vous envoyer des textes ?
Bien sûr, avec plaisir, mais
comme vous l'avez compris, l'idéal pour Scribulations est de
publier des textes issus de la même séquence d'atelier, de
la même consigne d'écriture, avec si possible deux mots
qui présentent le groupe et les auteurs à l'origine des
textes. Parce qu'en définitive, ce que voudrait promouvoir Scribulations, c'est
l'écriture elle-même, en ce qu'elle est un moyen
d'expression individuel qu'il est agréable d'exercer à
plusieurs.
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Le
numéro 01-08 de Scribulations est disponible par commande en
ligne sur le site des Editions La
Madolière.
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publication