L'atelier de l'agneau
ou quand deux d'entre eux sortent de la bergerie...
Denis Ferdinande et Sylvie Nève
Ce mois d’octobre à Nantes
a eu lieu la 7ème édition de Midi/Minuit
poésie à la maison de la poésie.
Eh oui, vous avez bien compris, douze heures de poésie
non stop. De quoi rameuter tous les poètes du
coin et tous ceux qui s’intéresse à ce
genre littéraire. Je n’ai pas pu à mon
grand regret assister aux douze heures. J’en suis déçue
car j’aurai vraiment aimé écouter le poète
irakien Salah Al Hamdani (lecture bilingue
avec Isabelle Lagny). Mais néanmoins, je ne suis
vraiment pas déçue par la partie du programme
à laquelle j’ai assisté. Notamment, j’ai
découvert ou plutôt redécouvert la
petite maison d’édition L’atelier de
l’agneau et deux de ses auteurs Denis
Ferdinande et Sylvie Nève.
Tombée sous le charme totale. Et je ne crois pas être
la seule, car les personnes qui m’accompagnaient
ont été autant séduites. Alors comment
ne pas vous en causer après ça ?
L’atelier de l’agneau est une maison d’édition
créée en 1973. Les lecteurs de l’époque
connaissent peut être une revue qui s’appelait
M 25. Revue très estimée pour les amateurs
de poésie underground. Cette revue était
le point d’entrée de la maison d’édition
entre autre. Elle n’existe plus depuis le début
des années 90. Mais L’atelier de l’agneau
a poursuivit sa route grâce au professionnalisme, la
grande énergie de Françoise Favretto. Ce
qui m’a vraiment séduite dans son discours, est
bien le fait de ne pas classer la poésie dans
une boite en carton, son ouverture à tous les
genres, même ceux qui ne sont pas classifiables
(et d’ailleurs elle n’aime pas vraiment les classifications).
Sa volonté de trouver des voix originales qui
n’hésitent d’ailleurs pas à être
des architectes de la langue, comme Denis Ferdinande
par exemple. Françoise Favretto n’hésite
pas non plus à utiliser ses petites mains, pour
coudre des livres à l’ombre des arbres. Et en
même temps n’est pas réfractaire à
utiliser nos moyens modernes, l’internet pour faire connaître
ses auteurs: http://www.at-agneau.fr/
et une revue Archives. Parmi les auteurs publiés
: Pélieu, Valprémy, Izoard, Bobillot,
Messagier, Maison, Di Manno et j’en passe.
J’ai particulièrement apprécié
d’entendre la lecture de Denis Ferdinande. Une lecture
d’autant plus intéressante, que j’avais
feuilleté auparavant ses recueils…Recueils qui
m’avaient interpellé car le texte semblait très
difficile à lire de part sa syntaxe, sa disposition
dans la page, etc. et pourtant Denis Ferdinande sait
parfaitement le mettre en voix ! et de manière
fascinante en plus ! Vous pourrez d’ailleurs lire une
critique de son recueil théoriRe, actes (essai)
ici :
http://nouvellerevuemoderne.free.fr/creation-recreation_oct2006.htm
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/?l=14562
Je ne peux malheureusement pas vous retranscrire ici
un extrait, car ça me parait un peu compliqué,
mais n’hésitez pas à vous procurer un de
ses recueils, ou à l’emprunter à votre
médiathèque. Ca vaut le coup d’œil et d’oreille
!
Et j’ai adoré la lecture de Sylvie Nève.
Bonne élocution pas à dire. Elle nous a lu
3 textes en rapport avec la terre. Le terril, le terreau
et la bande de gaza.
C’est une voix originale. Un coup de cœur pour
moi. Un vrai travail de la langue. De l’émotion
aussi. Du choc. Du rire. De la tendresse aussi.
Petit extrait…
Parfois j’ébruite
tantôt j’ébruite le père
tantôt j’ébruite la mère
j’ébruite les p’tites culottes, les pissenlits
les noms même, des fois, que j’ébruite
:
la nuit, tous les chats sont mauves
la vie, tous les insectes sont familiers,
surtout dévalant les terrils.
Les terrils, par exemple
qui sont dans ma vie
grains de beauté crevant les champs
collines de noir sur la plaine
paysage de charbon revenu du fond
de la mémoire de l’homme
montagne de nuit en plein jour
et quoi encore
(extrait de Suite en sept petits secrets)
On peut la lire sur Sitaudis : http://www.sitaudis.com/Auteurs/sylvie-neve.php
Et puis ici : http://www.la-poesie-elementaire.net/Contemporains%20favoris/oeuvrescompletes.htm
Et ailleurs, je vous laisse fouiner, la découvrir.
Cécile Guivarch
pour Francopolis
novembre 2007
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