Revue « Le Jardin Ouvrier et
"l'enfance". »
Je voudrais vous parler de mon voisin, Ivar Ch’Vavar.
Il habite en haut de ma rue (mais je ne le connais que depuis peu.) Il
écrit de la poésie depuis 30 ans. Il est en lien avec pas mal
d’auteurs, des complices ; certains viennent du Pas de Calais ou de la Somme,
écrivent en français ou en picard, mais il y a des gens qui
vivent aux quatre coins de France ou du monde. Avec eux, il a produit pendant
9 ans une revue qui s’appelait « Le jardin ouvrier » (voir ce
qui en est dit sur le site du «
Matricule des Anges. »)
J’ai découvert tout ça récemment, et depuis, il m’a donné une série de numéros du "
Le Jardin ouvrier".
» C’est comme des cahiers d’écolier, en plus petit, avec une
couverture grise, simple, c’est beau je trouve. Il y en avait 4 par ans et
le dernier numéro date de décembre 2003.
Je me promène avec un numéro ou deux. Quand j’ai un moment,
dans les files d’attente, les trains ou n’importe où, je l’ouvre au
hasard et je lis. Il y a des textes de lui, ou d’un de ses (plus de 100)
hétéronymes. Il y a des textes d’autres habitués (par
exemple Christophe Tarkos a beaucoup écrit dans le J O, mais il y
a aussi Lucien Suel et son fils Thomas, Laurent Albarracin, Pierre Garnier,
Sylvie Nève etc…..) Il y a des écrits de gens un peu bizarres,
un peu fous, des textes africains de tradition orale, des traductions d’auteurs
étrangers (toujours en bilingue), et pas mal de textes en picard avec
leur traduction . Il y a aussi (dans le premier numéro de «
l’enfance ») une
recette pour nettoyer un béret, ou une inscription mystérieuse
relevée sur le mur d’une chapelle. Il y a des « brouillons »
de Bernanos.
Et puis de temps en temps ils s’amusent : des textes en miroir, ou bien l’un
d’entre eux écrit en prenant le pseudo d’un autre. C’est jubilatoire,
surréaliste, labyrinthique, parfois obscène voire crade, très
organique, fulgurant, désarticulé, d’une beauté qui
me fascine devant tant de créativité débridée
et de rigueur sous-jacente. Parce que ce sont des gens qui sont très
passionnés de poésie et que ce qu’ils écrivent est très
travaillé. Plusieurs ont une recherche particulière autour
du style (les « vers justifiés », c'est à dire
des vers dont la taille est déterminée: nombre de mots, nombres
d'espaces typographiques) qui introduit dans les textes des ruptures, une
utilisation particulière des caractères imprimés, de
la ponctuation, des ruptures, qui me semble au service vraiment de la beauté
du texte, de la musique du texte, du rythme et de l’émotion, de la
vision..
Pour des raisons dont Ivar Ch’Vavar (
ça veut dire « Ivar le crabe » en picard)
s’est un peu expliqué, il a mis du temps à la fin du «
Jardin ouvrier » avant de se lancer dans une nouvelle revue. Cette
fois ça s’appelle «
L’enfance »
(qui sera sûrement aussi peu propret et idéalisée que
la campagne ou la mer du « Jardin Ouvrier »). Par ailleurs, un
numéro de
Plein Chant vient
de lui être consacré, qui permet de s’y retrouver encore mieux
dans cet étrange pays assez foisonnant.
Moi, je suis au bord de la cour des grands, je regarde ça de tous
mes yeux, intimidée quand même, et tirée en avant. Comme
il est ouvert, et curieux (et gentil en plus), il a lu pas mal de choses
que je lui ai données, et il a pris six de mes textes dans le premier
numéro de «
L’enfance
» (c’est ma première édition papier!). Mais ça
m’a surtout donné très envie de travailler la forme, sauter
encore plus loin dans ce que serait spécifiquement l’usage poétique
de la langue, dans sa diversité, son étrangeté.
Là où le bât blesse dans tout ça, c’est sur la
question triviale, financière. Après avoir utilisé ses
liens habituels (circuits de revues, éditeurs papiers), il me dit
qu’il a eu assez peu de demandes d’abonnements et qu’il va peut-être
arrêter. «
Je crois que plus personne ne lit de la poésie », me dit-il…… «
bien sûr on sait bien qu’on perd de l’argent en éditant de la poésie, mais quand même…
» et moi de lui parler d’internet, des gens qui s’y retrouvent autour
de la poésie et de l’écriture, des forums, de ces nouveaux
réseaux, peut-être aussi efficaces et plus actuels que les circuits
« normaux ».
Je lui ai dit que j’allais faire de la pub dans les lieux que je connais,
auprès de mes amis et connaissances « virtuels » (pas
tant que ça j’espère).
Claire Ceira
En pratique l’abonnement coûte 10 euros pour 2 numéros annuels.
Vous pouvez lui envoyer un chèque et votre adresse :
Pierre IVART
185 rue Gaulthier de Rumilly 80000 AMIENS
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Rencontrer Ivar Ch’Vavar:
- dans la revue "PLEIN CHANT n° 78-79"
"IVAR CH’VAVAR : « Un horrible Travailleur »
- dans "
chroniques de l'inutile"
-dans "
remue.net"