Revues papiers, revues électroniques,
critiques et coup de coeur du livre.








 
actu  
  archives

 

 

 

Poésie / Première - L'Europe des poètes

 

Au lendemain du référendum sur la constitution européenne, est sorti le dernier numéro de Poésie / première. Sourire en découvrant le titre : L’Europe des poètes. Selon Emmanuel Hiriart, elle existe belle et bien ! Il nous en confie le projet de constitution en guise d’éditorial. L’ édito, parsemé de citations d’auteurs à découvrir au fil de la revue, invite à poursuivre la lecture. Un numéro riche en voix d’ici et d’ailleurs.

En tournant la page, un premier dossier sur la poésie Grecque. Philippe Biget et Alexandre Zotos nous présentent cinq poètes grecs contemporains, cinq approches différentes pour montrer à quel point cette poésie est « polymorphe ». Thanassis Hatzopoulos « pour mieux s’imprégner du mystère lumineux » « nous entraîne sans préalable au plus intime de l’ambivalence de la condition humaine », les poèmes de Katérina Anghelaki-Rooke « vous sautent au cou, vous assaillent de sensations », dans ceux de Stratis Pascalis nous retrouvons des « mythes enfantés il y a quelques millénaires et qui, sans que l’on en ait toujours une conscience suffisante, continuent d’influencer de façon prégnante notre pensée et notre comportement psychosocial », Yorgos Moleskis « rappelle à bon escient que poésie et simplicité ne sont pas antinomiques » et enfin on se laisse conquérir par les poèmes d’Arghyris Chionis« les ressorts de l’humour, voire du comique sont toujours mis en œuvre pour exprimer une certaine gravité ».

Quelques pages plus loin, Le silentiaire ou Marc Alyn dans tous ses « éclats » par Jean-Paul Giraux. L’écriture de Marc Alyn, poète français contemporain est une poésie « qui sait s’envelopper de silence pour prolonger ses vibrations, qui pratique aussi l’humour et la désinvolture et qui dit finalement beaucoup sans encombrer l’espace » avec ce « souci de privilégier la suggestion : laisser au lecteur la liberté de choisir entre deux sens possibles ». Forme brève, petits papiers, aphorismes, sensations, pensées immédiates ou visions de l’instant, sont les éléments forts de cette poésie. S’ensuivent une série de poèmes inédits et une note de lecture d’Emmanuel Hiriart sur Le piéton de Venise, ouvrage de Marc Alyn.

Michèle Duclos fait découvrir les mots d’Eamon Grennan, poète irlandais qui reconnaît une forte influence de la poésie américaine. « Me nourrissant de poètes tels que Merwin, Bishop, Kunitz, Roethke, Snyder, Williams, Berryman, Lowell et spécialement James Wright. Je découvrais des voix qui traitaient du monde d’une manière qui chantait à mon oreille […] » Les poèmes d’Eamon Grennan, traduits par Michèle Duclos, chantent eux aussi à nos oreilles.

Une autre voix d’Europe nous est donnée à explorer à travers un entretien avec Jean-Baptiste Joly et un choix de textes. Il s’agit de Rodica Draghincescu, figure de la littérature roumaine. L’entretien tourne autour du travail d’interviews littéraires de l’écrivaine qui se met « au service de la littérature des autres ». Au fil de l’entretien, Rodica Draghincescu nous révèle sa méthodologie, ses expériences et avant de conclure, elle répond avec émotion à la question « si vous aviez pu vous entretenir avec Arthur Rimbaud [ …] quelles questions lui auriez-vous posées ? »

Une surprise, inattendue à la page 68, des extraits d’Elégies romaines - 69 et 6 prises de positions sur l’amour de Manfred Chobot, auteur autrichien, comme pour un voyage « entre les pierres romaines » et « les stèles égyptiennes », « les quatre murs de la ville » et les trains, le poète a cherché mais ne l’a pas trouvée, mais peut être qu’une fausse crainte, il « pensait s’être perdu » sans oublier que quelque part « un immeuble s’écroule », « une bombe explose ».

La chronique de l’œil voyageur, nous livre celui de Daniel Leuwers avec son article critique Degas contre Mallarmé. Tout débute par l’achat d’un petit livre à un euro consacré à Degas. Daniel Leuwers livre avec passion sa découverte de l’univers de Degas. On en vient à une anecdote au sujet de propos échangés entre le peintre et le poète Mallarmé. Daniel Leuwers défend ici Degas ridiculisé par Mallarmé. Un article vivant et qui donne bien envie de se procurer ce petit livre écrit par Dominique Fourcade sur la vie et les œuvres de Degas.

Laurent Bayart prend la libre parole pour un requiem pour les étoiles qui disparaissent… Il exprime ici sa tristesse pour les revues littéraires et poétiques, cahiers ou feuillets agrafés qui disparaissent de nos boîtes aux lettres avec l’émergence de la toile de l’internet.

Laurent Bayart et l’écrivain, poète Adrien Finck mènent à un carrefour de l’Europe autour d’un entretien. Adrien Finck écrit essentiellement en langue alsacienne, la défend, et c’est bien ce qui intrigue Laurent Bayart !

Avant de se quitter sur des notes de lecture, une nouvelle de Sylvie Huguet, des poèmes de Martine Morillon-Carreau, Danielle Terrien, Philippe Bray, Elif Su Alkan-Labuxière et Stéphane Branger pour retrouver « comme il se doit l’Europe des affaires, la Turquie, la mémoire et d’autres lieux d’amour ».

Jusque dans le quatrième de couverture, Marc Alyn nous rappelle que la poésie n’a pas de frontière :


« Quelles frontières ?
Je suis ce paysage où vibre une rivière
Et l’arbre feuille à feuille et l’œil
De la lumière.»

 

 

S’abonner à Poésie / première (112 pages) :
Pour un an, 3 numéros + 1 ouvrage du catalogue Edinter gratuitement : 25 €
(DOM et CEE : 30€ - Autres pays : 35 €)

Poésie Première

Emmanuel Hiriart
1 avenue du Fronton
64220 Saint-Jean-Pied-de-Port


Par Cécile Guivarch
pour francopolis
septembre 2005 

 

Créé le 1 mars 2002

A visionner avec Internet Explorer