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Coup de cœur : Archives

(2010-2017)

Une escale à la rubrique "Coup de cœur"
découvrir un poème qui nous a particulièrement touché
par sa qualité, son originalité, sa valeur

 

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(un tableau de Bruno Aimetti)

 

À Francopolis,
la rubrique de vos textes personnels est une de nos fiertés.
Elle héberge un ensemble de très beaux textes,
d'un niveau d'écriture souvent excellent,
toujours intéressant et en mouvement.

Nous redonnons vie ici à vos textes qui nous ont séduit
que ce soit un texte en revue, en recueil ou sur le web.

***

Poème Coup de Cœur du Comité

Mars - Avril 2019

 

Robert Notenboom, choix Dominique Zinenberg

Marie-Jeanne Heusbourg, choix Éliette Viale

Philippe Jones, choix François Minod

Jean Giono, choix Mireille Diaz-Florian

Eric Chassefière, choix Dana Shishmanian

Marion Lubreac, choix Michel Ostertag

Jean Perron, choix Gertrude Millaire

 

 

 

 

Robert NOTENBOOM

choix Dominique Zinenberg

 

Sorcières

Assises près de la croisée

Elles tricotent des mondes rouges

On les dit folles

Leurs yeux cernés dans leurs visages de citron

Se vrillent dans l’inconnu

On les craint

Leurs bouches aux lèvres qui s’affaissent

Glapissent ou murmurent des paroles très étranges

On les respecte

On les consulte

Car leurs mains dormeuses savent les charment qui guérissent

 

Et on les brûle

 

 

Départ à Port-Tudy

Je t’ai conduite au port ce matin

Après de brefs adieux tu es montée à bord

Au départ du bateau

Pas de mouchoirs agités

Pas de grands gestes

Pas de silhouette qui peu à peu s’éloigne

Et se perde dans la brume

 

Je tourne le dos au Saint-Tudy

Qui franchit les balises et prend le large

Je rentre à la maison

Dans ma pensée

Je te vois toute entière dans ta clarté

 

 

Une bise sur le front

Une bise sur le front

Une brise sur le pont

Le bateau part

Y-a-t-il eu un peu d’amour ?

Ou beaucoup ? le ciel est lourd

Il se fait tard

Je vais rentrer avant la pluie

Avant les larmes

Avant la nuit

 

 

D’où vient ce chemin ?

D’où vient ce chemin ?

Où mène-t-il ?

Le soleil l’inonde

Et les arbres en ombre l’adoucissent

Immobiles et frémissants

 

 

Entre les murs

Entre les murs qui nous séparent

Le mur des ondes

Des mers

Du temps

Reste-t-il une petite fenêtre

 

Juste

Pour nous dire bonsoir ?

 

 

Puisque nous nous quittons

Puisque nous nous quittons

Disons-nous adieu

Tu le sais, les gouttes d’eau se jettent dans la mer

À faire corps avec elle

En elle se confondre

Ô mon amour

Mon éternel amour

Nous ne nous verrons plus

 

 

La poésie

La poésie, c’est comme un peu de notre silence

qui se met à fredonner

 

Extrait du recueil Les Chemins du Silence,

Les Éditions du Puits de Roulle, 2018

 

 

 

Marie-Jeanne HEUSBOURG

choix Éliette Viale

 

Une vague

Vague, née de l’océan, je roule, me déroule, m’enroule, m’écroule sur la plage. Je la caresse de mon étendue limpide faite des larmes de mon cœur qui soupire, qui transpire ce mélange étonnant de sentiments où la folie flirte avec la raison.

Vague, née des profondeurs de la mer, comme une amante déchaînée, je viens lécher, frapper, enlacer, embrasser le rocher qui surplombe la falaise.  De toute sa splendeur, tout en haut, le phare, en pleine nuit, guide les bateaux perdus sur mes flots de passion.

Je vais et je viens dans une robe d’écume blanche séduire les îlots solitaires pour leur laisser dans mon sillage, un gout d’amertume, ce gout de désirs inavoués, avortés par une trop grande sagesse. Alors, je me retire dans un ressac de découragement et je plonge, éperdue dans les abysses de l’incompréhension.

J’ondule jusque sur le sable chaud des rêves et je dépose en offrande sur la grève, mes trésors enfouis.  Coquillages et perles précieuses scintilleront en colliers luxueux au cou gracile des dames, délicatement fermés par des doigts masculins…  Les mains viriles, les sens impatients de ces hommes bien trop galants viendront tôt ou tard, s’échouer dans un spasme frénétique sur ma rade des plaisirs.

Vague, née de Poséidon, je tangue, m’affole, frivole dans une houle tempétueuse. Je me déverse en une onde d’extase jusque dans les gorges des paradis perdus, là où il n’existe plus que l’inattendu, l’inconnu, ce monde fascinant, excitant de la créativité absolue.

Vague d’émotions bousculée par une autre vague qui se presse derrière moi, je viendrai mourir à tes pieds nus dans un soupir où toute l’intensité de mon cœur d’artiste incompris se perdra dans une goutte d’oubli.

Il ne restera de moi qu’un peu de sel, ce sel légèrement amer au bord des yeux de cette femme sans âge qui vient sur la côte déserte depuis des années, attendre le retour de son fiancé disparu. Ce soir, pour le rejoindre enfin, elle a décidé de se laisser emporter vers lui, tout en douceur par ma vague… d’éternité.

 

 

Un peu plus vite...

Lorsque l’on voit mourir

L’enfant du silence

Le cœur se serre

Et l’angoisse allume

Aux creux des yeux

Des fanaux de violence…

 

Lorsque l’on voit arriver

Le train gris de l’absence

D’un bout d’horizon terne

On serre les poings et les dents

Sur une injure ou un sanglot

Qui vienne buter en bord de bouche…

 

Lorsque l’on voit naître

Une étoile morte

Ou monter un astre agonisant

On baisse la tête impuissante

Cérémonieux et solennel

Comme aux messes d’enterrement…

 

Lorsque l’on voit l’espérance

Mourir aux berges noires

De l’oubli, de la haine

On se retrouve violent

On pleure, on crie

Et on meurt de trop vivre…

 

Lorsque jours noirs

Et nuits blanches

Se poussent du pied

Que nous reste-t-il ?

Que cette seule liberté

De partir pour mourir…

Un peu plus vite !! Un tout petit peu plus vite !

 

 

 

Philippe JONES

choix François Minod

 

 

À chaque autre matin matin

 

    Il y avait ce temps, ces chemins en tunnel et des mots sans ramures, il y avait une ombre, il y avait ce vide, espace indifférent sans regard ni repéré, il y avait ce gris, au hasard une larve y cherche des anneaux, il y avait l'attente au nœud de chaque phrase

subitement la lune vint sonder nos déserts


*


                      les écluses du jour
                      sont de temps et de lieu
                      le pour suspend le contre
                      et des barges s'en vont
                      un discours se relâche
                      tout un effort s'étale
                      à réfléchir l'instant

                     belle agate moussue
                     avec l'idée en strie

                     ce long étirement
                     pointille et se reflète
                     au jeu de l'incidence
                     chaque temps chaque lieu
                     présente ses miroirs
                     et l'intrus qui fragmente
                     offre le trouble aux heures

*

      et voilà les volets qui s'ouvrent sur la mer, cette respiration qui traverse les blés, et cet agencement de formes en couleur, et voilà que les mots s’en viennent  résonnants, et voilà que  gravite un ensemble de signes, un entrelacs de sens, l'étonnement du corps

      différer tout éclair pour cerner le plaisir

*

            qui recommence à battre
            et du cœur et des mains
            sur l'écume et son âge
            d'appel en devenir

            qui bouge encore là
            les yeux bordés de nuit

            ou caresse ou feuillage
            trace de blanc semence
            et cousu d'hirondelles
            ce corps est ma forêt


 

Poèmes pour Norma Bosquet, Éditions Le cherche midi

(édition hors commerce, exclusivement réservée aux amis d'Alain et Norma Bosquet)

 

 

 

Jean GIONO

choix Mireille Diaz-Florian

 

Mon coup de cœur de cette revue printanière sera patrimonial. C’est tendance-Il s’inscrit dans le patrimoine commun d’une page littéraire où l’art de la description convoque toute une palette sensorielle, la métaphore filée, la précision du vocabulaire, le rythme de la phrase, la sureté de la ponctuation. ll fixe subtilement les moments où les objets, les lieux laissent dériver l’imagination. Il restitue aussi cette part du temps du souvenir où nous pouvons, chacun, placer une rue, une boutique disparue, une vieille fille entrevue ou connue. Il nous offre la nostalgie de l’enfance, la nôtre, nourrie de livres, quelle que soit notre histoire familiale. Les livres, comme les cathédrales, brûlent. Je reconstruis à l’identique cette page, frappée à la justesse du clavier.   

Mireille Diaz-Florian

***

 

 

Le voyageur immobile

Jean Giono

La Rondeur des jours

 

J’ai revu cette vieille épicerie, échouée, toute de guingois dans un coude de la ruelle. Le tourbillon des foires ronfle maintenant là-bas loin, sur la place du monument aux morts ; le flot de la vie coule d’autres rues contre la carène d’étincelantes boutiques. Les nouvelles ménagères veulent des machines de précision pour découper le jambon, des balances qu’on lit avec une table de logarithmes, des fioles de carry et des conserves d’anchois à la dynamite. Tant de choses que la petite épicerie n’a pas osé…et, d’abord, c’est une épicerie –mercerie. Alors, elle amené tous ses pavillons et elle meurt, seule, là, dans l’anse vaseuse de la ruelle.

       C’est dans cette épicerie que je venais m’embarquer pour les premiers voyages vers ces pays de derrière l’air… Tous les jeudis soir on me menait chez ma tante. C’était là, dans cette petite rue, une vieille maison obèse qui débordait l’alignement de tout son ventre soutaché de balcons de fer. Le couloir vous saisissait aux épaules avec des mains de glace, vous donnait d’une marche sournoise dans les jambes et, tout compte fait, vous poussait devant la porte de la cave. Je n’ai jamais connu de personne plus énervée et plus aigre que cette porte de la cave. Elle tremblait sans un courant d’air perpétuel qui semblait monter du fond de la terre. Elle grinçait un : » Ah ! bon, c’est ceux-là, ça va bien. » Et alors en étendant les bras, on finissait par toucher la pomme de la rampe.

       Là-haut, c’était une pièce comme un champ de manœuvre avec, au fond, un petit feu d’âtre, un feu jouet, un feu enfant tout gringalet, pas sérieux pour un sou et qui se cachait en sifflant sous des bûches vertes encore humides de toute la sueur de la colline. La tante s’animait dans sa chaise avec un bruit de jupes froissées et de craquements de bois secs. Elle avait en nous regardant un sourd grognement de gros chat qui voit le papier de la boucherie et sa grande voix d’homme se ruait tout de suite dessus ma mère pour un orage de questions et de réponses dont toute une semaine de silence l’avait gonflée.

       En deux temps et trois mouvements, j’étais rejeté vers l’ombre, les épaules endolories et les joues en feu comme picorées par une poule ; la tante avait les mains sèches et les lèvres dures.

       Je redescendais à pattes souples l’escalier, et, dans la rue, tournais le coin. Voilà l’épicerie-mercerie de Melle Alloison. Ah ! Melle Alloison ! Un long piquet avec une charnière au milieu. Ça se ployait en deux, ça se frottait les mains, ça disait : « Ah ! Janot, on est venu chez la tante, alors ? » Ça avait la taille serrée dans la boucle d’une cordelière de moine, et un large ciseau de couturière lui battait le mollet. Elle était tout en soupirs et en exclamations. Un soir, on avait dit, sans se méfier de moi, qu’elle avait été jolie en son jeune âge. Elle était l’entrepositaire du » Bulletin paroissial ». Elle savait par cœur ce que je venais chercher : elle rentrait dans sa cuisine et me laissait seul dans l’épicerie.

       Il n’y avait qu’une lampe à pétrole pendue dans un cadran de cuivre. On semblait être dans la poitrine d’un oiseau : le plafond montait en voûte aiguë dans l’ombre. La poitrine d’un oiseau ? Non, la cale d’un navire. Des sacs de riz, des paquets de sucre, le pot de la moutarde, des marmites à trois pieds, la jarre aux olives, les fromages blancs sur les éclisses, le tonneau aux harengs. Des morues sèches pendues à une solive jetaient de grandes ombres sur les vitrines à cartonnages où dormait la paisible mercerie, et, en me haussant sur la pointe des pieds, je regardais la belle étiquette du « fil au Chinois ». Alors, je m’avançais doucement, doucement : le plancher en latte souple ondulait sous mon pied. La mer, déjà, portait le navire. Je relevais le couvercle de la boîte à poivre. L’odeur. Ah ! cette plage aux palmiers avec le Chinois et ses moustaches. J’éternuais. «  Ne t’enrhume pas, Janot. – non mademoiselle. » Je tirais le tiroir au café. L’odeur. Sous le plancher l’eau molle ondulait : on la sentait profonde, émue de vents magnifiques. On n’entend plus les cris du port.

       Dehors le vent tirait sur les pavés un long câble de feuilles sèches. J’allais à la cachette de la cassonade. Je choisissais une petite bille de sucre roux. Pendant que ça fondait su ma langue, je m’accroupissais dans la logette entre le sac des pois chiches et la corbeille des oignons. L’ombre m’engloutissait : j’étais parti.

 

 

 

Eric CHASSEFIÈRE

choix Dana Shishmanian

 

 

Je marche dans le spectacle de mon absence

je désire ma présence à cette absence

et en même temps m’en détache

me laisse glisser dans un abandon du corps

aux formes à peine esquissées

nuages dunes reflets

que le paysage prend au lointain

plus près rochers et parcs à huîtres

dessinent de petits temples noirs

sur la surface brillante de la mer

retirée si loin

qu’on n’en distingue pas le bord

on entend les voix des promeneurs

étrangement proches

dans pareille immensité

il faut chaud dans la lumière

les chemins se croisent

la terre s’arrondit

la mer lointaine

ne fait aucun bruit

la mouette immobile entre les casiers

paraît un relief ancien

 

***

Écrire tenir haut la parole

être frémissement de la nuit

silence du matin

être le chant de la sève

où tout brille d’être

dans l’éclat du dernier soleil

tenir haut les mots

où chant est silence

lumière nuit

se tenir là au seuil

invisible et silencieux

spectateurs de notre propre absence

écrire ce mouvement sans fin du dire

qu’aucune écoute ne clôt

comprendre que le temps n’est pas le fleuve

mais le chant de la source

 

***

Le murmure est en moi

le scintillement des fins feuillages

est envers de ma paupière

la surface brillante du champ

étincelle du silence de mon sang

je n’écris plus les mots

mais la nuit de mon corps

que j’abandonne là

au creux du dur désir d’être

il y a des mains d’oiseaux

dans la lumière

le miroir gris de l’eau

aux constellations de ciel

l’attente est sans fin

au bord des gouffres

 

Extraits de L’Arbre de Silence,

éditions Sémaphore, 2018 (collection Arcane)

 

 

 

Marion LUBREAC

choix Michel Ostertag

 

Je t’écrirai la nuit

Je t’écrirai la nuit, moi

Je t’écrirai la nuit

Est-ce que tu me liras ?

Est-ce que tu m’entendras

A l’encre de tes nuits,

Quand je viendrai te dire

Tout mon manque de toi ?

Et tu prendras ma main, dis ?

Ma main, tu la prendras ?

La porteras à tes lèvres ?

Comme on vient en escale

Ou qu’on vient échouer

Après une tempête ?

 

Je t’écrirai la nuit, moi

Je t’écrirai, la nuit.

J’écrirai pour que s’effacent

Toutes les lignes.

Toutes les phrases.

Les fausses notes,

Les discordances,

Les souvenirs aussi.

Nous rejoindrons l’océan.

Le ciel sera paisible…

Couchés côte à côte

Au limon du passé

Nous fleurirons ensemble,

Dans notre renouveau.

 

Il m’écrira, la nuit,

Il m’écrira…

Il m’écrira

à l’encre de mes rêves.

Soulèvera

Chacune

des mèches

de mes cheveux ;

me regardera dormir,

paisible,

au creux de son épaule lointaine.

Mon âme,

à la houle des vagues de ses reins,

S’enroulera

Sous l’écume de ses doigts.

Nous serons

L’océan

Le ciel sera paisible.

Couchés

au limon

de notre amour,

Nous fleurirons ensemble,

Dans notre renouveau.

 

Tu m’écriras,

La nuit,

À l’encre de tes rêves.

Tu me diras tes larmes

Me raconteras tes pleurs

Me narreras tes peurs

Et moi je saurai lire

Entre les lignes

Entre les phrases

Et entendre

Tout ce que tu n’as pas dit

J’écouterai

Tous les sons

Toutes les dysharmonies

J’effacerai les fausses notes

Gommerai les discordances

Nous serons

L’océan.

Le ciel sera paisible.
Couchés

Au limon

de nos souvenirs

Nous fleurirons ensemble,

Dans notre renouveau…

 

On s’écrira,

la nuit,

à l’encre de nos rêves.

On se murmurera

Tout ce qu’on ne se s’est pas dit

Par manque de temps
Ou par oubli ;

Par trop de certitude.

Et par orgueil aussi !

Oui

Par orgueil aussi

 

Je t’écrirai la nuit, moi

Je t’écrirai la nuit

Est-ce que tu me liras ?

Est-ce que tu m’entendras

A l’encre de tes nuits

Quand je viendrai te dire

Tout mon manque de toi ?

Tu prendras ma main, dis ?

Ma main, tu la prendras ?

La porteras-tu à tes lèvres ?

Comme on vient en escale

Ou qu’on vient d’échouer

Après une tempête ?

 

Je t’écrirai la nuit, moi

Je t’écrirai !

Je t’écrirai pour que s’effacent

Toutes les lignes

Toutes les phrases

Les fausses notes

Les discordances

Les souvenirs, aussi.

Nous rejoindrons

L’Océan !

Le ciel sera paisible.

Couchés

Côte à côte,

Au limon de notre passé…

 

Et nous mourrons ensemble.

Nous mourrons à la vie

Délivrés de ce monde

Pour vivre épanouis

De l’autre côté de la porte

Ta main dans ma main

Ensemble

Épanouis

Ensemble unis

A l’infini !

Ensemble

Délivrés de ce monde

Pour vivre épanouis

De l’autre côté de la porte

Ta main dans ma main

Ton cœur contre mon cœur

Ensemble

unis

A l’infini !

 

©Marion Lubreac
05/03/2019

 

 

 

Jean PERRON

choix Gertrude Millaire

 

 

soudain la course change de but

une communauté se mobilise

pour retrouver une enfant disparue

 

ici les enfants ne disparaissent pas

ne sont pas censés disparaître

comme ses dommages collatéraux

dus aux défectuosités humaines

 

la vie revient à ses sens

l'innocence reprend ses droits

retrouve sa pureté

 

même si les chercheurs ont perdu

le sentier du ruisseau

et ne trouvent plus

que l'autoroute des larmes

 

****

 

la fin du monde arrive tous les jours

rien n'est plus banal

 

la fin d'une entreprise

d'une époque

d'un pays

la fin d'un couple

la fin d'une vie

 

et il reste toujours

quelque part

des arbres et du vent

 

 

Extraits du recueil Le vent dans les arbres,

aux éditions Écrits des Forges

 

Jean Perron, écrivain québécois - musicien - artiste visuel.

Sa poésie est affichée dans le parc de la Francophonie à Gatineau, les autobus de Trois-Rivières et le métro de Montréal.

 

 

 

 


Coup de cœur

Robert Notenboom, choix Dominique Zinenberg

Marie-Jeanne Heusbourg, choix Éliette Viale

Philippe Jones, choix François Minod

Jean Giono, choix Mireille Diaz-Florian

Eric Chassefière, choix Dana Shishmanian

Marion Lubreac, choix Michel Ostertag

Jean Perron, choix Gertrude Millaire

 

Francopolis mars-avril 2019