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Coup de cœur : Archives

(2010-2017)

Une escale à la rubrique "Coup de cœur"
découvrir un poème qui nous a particulièrement touché
par sa qualité, son originalité, sa valeur

(un tableau de Bruno Aimetti)

 

À Francopolis,
la rubrique de vos textes personnels est une de nos fiertés.
Elle héberge un ensemble de très beaux textes,
d'un niveau d'écriture souvent excellent,
toujours intéressant et en mouvement.

Nous redonnons vie ici à vos textes qui nous ont séduit
que ce soit un texte en revue, en recueil ou sur le web.

***

Poème Coup de Cœur du Comité

Mars-avril 2020

 

Alicia Galienne, choix Dominique Zinenberg

François Teyssandier, choix Éliette Vialle

Frédéric Jacques Temple, choix François Minod

Jean-Paul Michel, choix Mireille Diaz-Florian

Claudine Bohi, choix Dana Shishmanian

Marion Lubreac, choix Michel Ostertag

Rita Mestokosho, choix Gertrude Millaire

 

 

 

 

 

Alicia Galienne

choix Dominique Zinenberg

 

 

Singulier- Pluriel

 

L’amour fiévreux comme un châle jeté sur des épaules froides

Moi je ne sais plus et je me relance sans relâche

Peu importent tes sourires mordus de péchés originels

L’amour je le cherche j’aime ses yeux

L’amour grave gravissime

Celui qui ne partira jamais

Et la fièvre descend avec les jambes aiguës d’une femme

Fièvre des cheveux du corps déliés et des mensonges

Je suis perdue d’avance

Quand je regarde les jours vides de murmures

Au détour du chemin les heures reculent et s’amoncellent

Le tas des minutes réservés à ta ressemblance

Je vénère l’aventure qui se déploie qui plonge

Et si je te reconnais un jour sans t’avoir soupçonné

Tes sourires auront la gravité de ton esprit

Promenade dans un jardin lucide et nu

Là où la terre avalera nos baisers

Comme une manne tombée du ciel

Les mains offertes le cœur tourné vers l’intérieur

Pardonne-moi alors de t’aimer trop fort

Pardonne-moi à l’avance une soudaine gravité

Une escapade sombre et masquée

L’amour fiévreux comme une peur mûre à cueillir

La fleur des âges immatures comme un sourire mordu

Vite mords-moi ce sourire

Vite pars de moi le jour la nuit

L’ombre laissée au creux du lit nue dans un châle

L’âge de l’amour cela n’existe pas

Je suis perdue d’avance aux minutes anguleuses

L’amour grave gravissime au contour de l’eau

Cette mer dont on ne revient pas

Dont le labyrinthe se perd en toi

Vite la nuit sur la terre pour couvrir nos amours

Nos amours au singulier au pluriel

Au temps corrompu je décline ma gravité

Sur ta peau sous mes doigts

 

Ton visage s’évanouit dans les lignes de mes mains

 

Extrait de L’autre moitié du songe m’appartient,

Gallimard 2020

 

Ce volume, posthume de 30 ans, vient enfin restituer au public une œuvre inédite déjà légendaire : les poèmes de cette étoile filante de la poésie contemporaine, disparue en 1990. Le Monde écrivait, sous la plume de Pascale Nivelle, le 31 janvier 2020 : « Morte à 20 ans d’une maladie du sang, Alicia Maria Claudia Gallienne a écrit des centaines de poèmes entre 1986 et 1990. "Qu’importe ce que je laisserai derrière moi, pourvu que la matière se souvienne de moi, pourvu que les mots qui m’habitent soient écrits quelque part et qu’ils me survivent", écrivait-elle à Sotogrande, dans la propriété de sa famille maternelle en Espagne. »

Le 8 mars, en prélude au Printemps des poètes – et juste avant le confinement qui a tout gelé – le Théâtre de l’Athénée a accueilli un spectacle poétique et musical consacré à Alicia Gallienne, L’autre moitié du songe m’appartient, avec la participation de Guillaume Gallienne, Marina Hands, Renaud Capuçon et Guillaume Bellom (voir l’article de Marie-Noëlle Tranchant dans Le Figaro).

 

 

François Teyssandier

choix Éliette Vialle

 

 

Les mots te disent en secret à l'oreille:

"Habite avec nous le poème
Et suis les pas du soleil
Pour que la lumière
Donne à ta chair le goût
Du pain chaud sur la langue des peuples nomades"

Tu n'écriras rien d'autre
Sur les stèles du temps
Qu'une parole neuve et pure
Comme si l'eau et les couleurs du vent
Accordaient un nouveau visage au monde
Dans la blancheur immaculée des songes

Les mots te diront aussi dans ton sommeil:

"Sois pleinement celui que tu es
Que ta soif et ta faim d'infini
Ne rassasient jamais ton envie de vivre
Ici-bas au plus près de l'herbe
Et bien plus haut que les cimes les plus hautes
Dans le ciel de tes désirs inassouvis"

***

L'orage gronde
Au faîte du toit

Inaccessible
A la clarté des lampes

Lente
La marche du vent

Glisse
Sur les tuiles

Qui s'ombrent
De lumière

Un arbre tombe sans bruit
Dans le creux de ta main

La terre escortée de feux
S'envole au matin

Capturée par le bec d'un oiseau

***

 

Souffle
Ce que nous fûmes

Et flamme sera
La lumière demain

Sur nos visages
Vigilants

 

 

 

Frédéric Jacques Temple

choix François Minod

 


CALENDIER DU SUD

 

Janvier

Soleil d’acier

à l’apogée du froid

le ciel

bleu de cristal

à pleins poumons.

 

 

Février

 

Tel un autour

le gel noir

tombe

dans l’olivaie.

Une volée de grives

foudroie les genévriers,

les cailloux tintent

sous les troupeaux.

 

 

Mars

 

Sarments de cendre

à l’orée des vignes.

La terre invite les ondées.

La fleur de l’amandier

célèbre le regain.

 

 

Avril

 

Pariades, pépiements :

les taillis frétillent.

La montée des sèves

Illumine les asphodèles.

 

 

 

Mai

 

Ave Maïa

qui es dans les cieux

Pléiade,

dressons pour toi

l’arbre de mai.

 

 

Juin

 

De sa crête royale

la huppe honore le soleil.

Quand il est mort

Nous sautons les feux

Du solstice.

 

 

Juillet

 

Six mille six cent six

cigales

scient le ciel

semant

la sciure

solaire.

 

 

Août

 

Le mois de ma naissance.

Invincible torpeur

dans la sueur pesante.

L’aigre violon du moustique

perce la nuit molle.

Il faut durer

jusqu’à l’orage.

 

 

Septembre

 

Odore di femmina

des figues mûres.

La vague d’équinoxe

Inonde d’iode

La vendange.

 

 

Octobre

 

Triomphe de la rouille

et gloire des renards

le cuivre et l’or

incendient les herbages.

 

 

Novembre

 

Le ciel tire ses rideaux

d’averse grise

sur le deuil des oiseaux.

 

 

Décembre

 

Guettons la venue

du solstice

ornant le déclin

de l’an

d’un phénix nouveau.

 

 

Extrait de La chasse infinie et autres poèmes, NRF, Poésie/Gallimard, 2019.

 

Une biobibliographie détaillée et à jour sur Frédéric Jacques Temple est parue sous la plume de Christophe Dauphin, sur le site de la revue Les hommes sans épaules.

À lire aussi les confessions révélatrices de ce poète et écrivain presque centenaire sur son site, où pour se définir, il répondait ainsi à  Pierre-Marie Héron, dans un entretien du 17 juin 2016: « Non, pas "réaliste" du tout, mais écrivain du réel, dans la mesure où, comme le disait Novalis, "plus une chose est poétique, plus elle est réelle". Dans l’écriture, rien ne peut exister en dehors de ma subjectivité. »

Et aussi, dans l’onglet Poésie de son site, cet autre mot de lui, en guise de définition de la poésie, dans un entretien de 2013, à la réception du prix Apollinaire : « Souvent se pose la banale question : qu’est-ce que la poésie ? Si on ne me le demande pas, je crois le savoir ; si on me le demande, je ne le sais plus. L’essentiel est qu’elle soit. Je crois bien qu’elle est inutile, mais je suis sûr qu’elle est nécessaire. Reste à savoir à quoi. Peu importe. Chaque poète a sa propre musique qui, par une sorte d’alchimie, peut devenir celle de ceux qui la reçoivent ou la transmettent. »

 

 

Jean-Paul Michel

choix Mireille Diaz-Florian

 

 

« Nous ne sommes

que trop éloignés déjà de la source… »

 

Nous ne nous sommes que trop éloignés déjà de la source

disposant devant le regard toute chose en son éclat

Nous voulions davantage, mieux. Nous eûmes

moins. Davantage que le tout de l’être cela

ne se peut.

 

Battu des mains devant

les nappes blanches après la fête

Les convives en petits groupes vont

dans la grande prairie

En mai, les rhododendrons brûlent comme des

flammes. les enfants se poursuivent à la lisière du

bois.

Davantage que le don de cette douceur cela

ne se peut

 

C’était mal croire mal vouloir savoir comprendre aimer bénir

Qu’imposer à la langue la herse

d’une angoisse

jusqu’à perdre et par là perdre

le tout de l’être en sa fraîche présence offerte quand

on le chassait du seul gîte où il peut

reposer, briller de son éclat complexe

évident de lumière donnée.

 

Pour valoir parfaitement un poème

doit atteindre à la haute objectivité sensible d’un visage

des effets de la lumière dans

un feuillage en mai. Non pas donner à entendre la plainte

d’un malheureux séparé de soi mais

la parole dans laquelle bondissent en échos justes

ce qui exactement, bat

comme un cœur au cœur de tant

de beautés données et

resplendit

 

 

Tout est là. il suffit de prendre.

Un être intermittent, voilà ce que procurent

le mauvais vouloir, l’angoisse mais

par chance

chaque être nouveau venu reçoit

toute beauté avec l’absence

de justification qui la baigne,

sans malheur dès lors que, d’un cœur d’enfant chacun,

d’abord, l’accueille

 

Les poèmes dont s’est perdue la source

s’ils gardent, des choses qui sont, la surprise,

la perte du souvenir de leur occasion humaine les augmente.

Ils tombent à leur heure dans

la déclinaison des éclats, allument

des feux dans les profonds de

l’inconnu

 

Puissè-je aller maintenant dans la douceur

d’une langue re

connue chance-

après tant de malheurs avoir

erré, fouillant jusqu’aux entrailles l ‘acte

béni de nommer

renaître !

Car tout advient à nouveau

pour chaque homme nouveau venu

entier, pur, riche de ses mille destins éclatants

Rien ne s’use, corrompt, perd

des feux du soleil des ombres de

l’insondable alentour

Non. Le poème les

conserve intacts inentamés baigne

de grâce l’épreuve de dire

sans crainte

 

 

 

Chaque hôte à nouveau prend place. On tend la nappe

blanche. Les mais se pressent à l’heure.

La joie d’accueillir et d’être reçu, de donner,

les plus pauvres même la connaissent. Elle

suffit

 

L’excès de l’être ne peut se dire par du défaut.

Bondisse la cascade du poème Ô qu’elle

sacre d’embruns dans la lumière toute chose

nommée !

 

Rien n’est perdu. Viendront de véridiques joueurs

très hauts

Ils feront bondir en cascade

ce qui est

 

Une autre fois ce qui fut

demeure. Apaisé tu

souris

 

11 mai 95

 

Extrait de : Je ne voudrais rien qui mente, dans un livre,

Poésie/Flammarion, 2010

 

Cette proposition est fondée sur une re-lecture de poèmes de Jean Paul Michel. Je connaissais les très beaux ouvrages des éditions William Blake and CO. J’ignorais tout de son fondateur et a fortiori du poète.

J’assistai il y a quelques années à une rencontre à la Maison d’Amérique latine avec pour seule intention d’y écouter l’intervention Yves Bonnefoy. J’y découvris Jean Paul Michel.

Entrer dans l’œuvre de Jean Paul Michel suppose d’accepter une résistance, de rester parfois sur le seuil avent d’entrer. Mais le geste même de recopier le texte que je vous propose pour le coup de cœur, permet d’en mesurer la puissance et peut-être de s’installer à lire d’autres pages. Le lire à haute voix lui donne toute sa résonance : celle de tenter d’aborder le sens de l’écriture poétique.  

Vous trouverez ici un extrait d’un entretien au salon du livre qui dit assez sur quel chemin sont engagés l’éditeur et le poète.

 

Salon du livre 2016

Parlez-nous en quelques mots des éditions William Blake and Co. bien connues du monde de l’édition aquitain 

« Créées en 1976, les éditions William Blake and Co. ont toujours été depuis lors le « radeau pour quelques solitudes violentes » qu’elles étaient à l’origine. Notre goût nous porte vers des textes intenses, non moins soucieux de leur forme que de leur force, tournés vers le réel avec loyauté, chargés de la mémoire sensible de sa rencontre. En présence de textes qui nous touchent, notre désir est de leur donner la lisibilité qu’ils réclament. De là notre souci de la qualité, et même de l’élégance que nous apportons à tous les stades de la production. »

 

Jean Paul Michel est né en Corrèze. Il est agrégé de philosophie. Son premier ouvrage C'est une grave erreur que d'avoir des ancêtres forbans (1975) est remarqué par Roland Barthes et Michel Foucault. Il fonde en 1976, les éditions William Blake and Co dont il est le directeur littéraire. Il collabore durant plusieurs années à la NRF. Ses poèmes et écrits sur la poésie sont rassemblés en quatre volumes chez Flammarion. Il a publié une dizaine de titres de Yves Bonnefoy avec qui il a gardé des relations de travail et d’amitié. En 2019, lui est consacré un colloque à Cerisy.

 

 

 

Claudine Bohi

choix Dana Shishmanian

 

 

le mot

tu le tends

 

tu le partages

 

tu le murmures

 

tu berces le vide

avec

 

c’est juste un peu

 

pour vivre

tu fais parole

 

c’est dans la bouche

que tu tentes

d’habiter

 

***

 

ce qui naît dans la bouche

est-ce baiser 

est-ce parole ?

 

cette sorte de chair

verbale

qui nous met au monde

 

qui révèle

de vieilles rives du sens

 

qui se donne

dans les bras des mots

 

qui nous conduit

et l’un

par l’autre

 

*** 

 

cocon des mots

bulles de silence

verbales

 

une ligne se tend

qui s’arrondit

tendresse

 

la pluie des mains

sur l’asphalte des corps

 

tu touches la nuit

avec tes lèvres

tu l’effaces d’un coup

 

dans le bruit de la parole

elle est

le baiser du sens

 

*** 

 

peur sous la peur

 

visage

sous visage

encore

blotti

 

dans l’ineffable absence

 

le regard seul

est la demeure

 

dans le regard

est la parole

 

*** 

 

l’œil se ferme

qui a refusé

 

la parole seule

est lampe dans la nuit

 

 

la voix

ouvre le signe

 

la voix seule

 

et qui le met au monde

 

 

Extraits de Naître c’est longtemps,

éditions la tête à l’envers, 2018

 

J’avais choisi mon précédent coup de cœur dans l’œuvre de Tristan Tzara, dont j’affectionne tout particulièrement, comme une sorte de devise pour nous, poètes, le vers suivant, extrait d’un poème de jeunesse publié à 18 ans dans une des toutes premières revues d’avant-garde roumaine (c’était en 1915), et dont nous avons fait le sous-titre de notre édition de décembre 2015 (un siècle après…) : « Il fait si noir que les paroles seules sont lumière ».

Claudine Bohi a fait, elle, sa devise pour son recueil d’un autre vers de Tzara : « La pensée se fait dans la bouche. » C’est le fil rouge qui a guide mon choix de ces quelques poèmes aussi clairs que denses extraits de ce recueil de Claudine Bohi qui a eu le prix Mallarmé 2019. Voir la notice sur elle par Paul Farellier sur le site de la revue Les hommes sans épaules, et la très belle chronique à ce dernier recueil par Angèle Paoli sur Terres des femmes (pour d’autres notes de lecture voir la page dédiée au recueil sur le site des éditions la tête à l’envers).

 

 

Marion Lubreac

choix Michel Ostertag

 

 

Elle planta au jardin tous ses plus beaux sourires
Du bout des lèvres
Pour qu’il soit embrassé
Chaque fois qu’il passerait.
Et puis elle enfonça bien profond dans la terre
Tous ses éclats sonores
Pour qu’il entende,
légers,
les grelots de son rire
Tintinnabuler :
Qu’il se souvienne d’elle
chaque fois
qu’il ramasserait une feuille endormie.
Les oiseaux pépieraient
Joyeux
Autour de ses cheveux,
lui siffleraient son nom...
Son nom d absente.
Et alors
Chaque fois
il se souviendrait d’elle.

Elle en planta beaucoup
Parmi les campanules, l’euphorbe, la marguerite
Elle posa la lavande au seuil de sa maison,
accrocha des chansons aux vrilles de la treille où il s’asseyait pour raconter au vent toute sa solitude.

Et elle s’en est allée.
Vers d’autres bras
D’autres horizons
A l’orée d’un bois
Où un homme
Souriant
S était mis à rêver d’elle.
Il a ouvert les mains
Elle a offert les siennes.

Au loin
Le vieil homme pleurait.

 

 

 

Rita Mestokosho 

choix Gertrude Millaire

 

 

POURQUOI NUKUM

Pourquoi ne m’as-tu rien dit
Quand j’avais besoin d’entendre ?
Un seul mot aurait suffi
Pour que je puisse te comprendre

Pourtant quand j’étais petite
Tu me racontais des histoires;
Maintenant que j’ai grandi
J’ignore en qui je dois croire

Car tu vis tellement éloignée
Avec tes rêves, tes souvenirs
Que je n’arrive pas à te parler
Que je n’arrive pas à te saisir.

Vais-je te retrouver un jour ?
Si ce n’est pas sur cette terre
Ou vais-je cultiver mon amour
Pour l’offrir à ma douce grand-mère


tiré de son recueil
Née de la pluie et de la terre

Rita Mestokosho

Rita Mestokosho est la première poète innu à avoir publié un recueil au Québec, Eshi uapataman Nukum. Comment je perçois la vie, Grand-Mère (1995).

Elle est née dans la communauté d’Ekuanitshit (Mingan) en 1966, où elle réside encore aujourd’hui.

(photographie Patricia Lefebvre)

 


Coup de cœur

Alicia Galienne, choix Dominique Zinenberg

François Teyssandier, choix Éliette Vialle

Frédéric Jacques Temple, choix François Minod

Jean-Paul Michel, choix Mireille Diaz-Florian

Claudine Bohi, choix Dana Shishmanian

Marion Lubreac, choix Michel Ostertag

Rita Mestokosho, choix Gertrude Millaire

 

Francopolis mars-avril 2020