ACCUEIL



Coup de coeur : Archives 2010

  Une escale à la rubrique "Coup de coeur"
poème qui nous a particulièrement touché par sa qualité, son originalité, sa valeur.



 
( un tableau de Bruno Aimetti)


A Francopolis, la rubrique de vos textes personnels est une de nos fiertés. Elle héberge un ensemble de très beaux textes, d'un niveau d'écriture souvent excellent, toujours intéressant et en mouvement. Nous redonnons vie à vos textes qui nous ont séduit que ce soit un texte en revue, en recueil ou sur le web.

Décembre 2010 -

Poème Coup de Coeur du Comité

choix de Michel Ostertag......  Michel Butor
choix de Juliette Clochelune... Dorra Chammam
choix de Gertrude Millaire...... Jean Perron

choix de Lilas.......................Gaston Miron
choix d'André Chenet.............Vince Fascian





   MICHEL BUTOR

Michel Butor est un auteur fécond, à l’œuvre immense, aussi bien en poésie, en livres d’artiste, qu’en roman (à ses débuts il était considéré dans la mouvance du Nouveau Roman)

Ce poème intitulé :
LECTURES TRANSATLANTIQUES me plait par son côté descriptif, imaginatif et débridé ; être homme et bête ; oiseau et reptile tout à la fois, quel programme qu’il nous propose là ! Son côté terrien et solaire tout à la fois m’a subjugué ! (Michel Ostertag)


Ramper avec le serpent
se glisser parmi les lignes
rugir avec la panthère
interpréter moindre signe
se prélasser dans les sables
se conjuguer dans les herbes
fleurir de toute sa peau

 

Plonger avec le dauphin
naviguer de phrase en phrase
goûter le sel dans les voiles
aspirer dans le grand vent
la guérison des malaises
interroger l’horizon
sur la piste d’Atlantides

 

Se sentir pousser des ailes
adapter masques et rôles
planer avec le condor
se faufiler dans les ruines
caresser des chevelures
brûler dans tous les héros
s’éveiller s’émerveiller


   

DORRA CHAMMAM

J'ai découvert ce poème sur Facebook, et demandé à son auteur si l'on pouvait le publier sur Francopolis, ce fut un grand oui! Ne sachant rien de Dorra Chammam, je vous livre ce poème tout nu, en cette première neige, espérant qu'il vous déridera le coeur, le réchauffera, qu'il saura se glisser sous le sapin, parmi les gourmandises colorées de Noël et les algorithmes du coeur. (Liette Clochelune)


Cazanovetta


Peinturlurer sur les murs de mon âme
De jaune afin d’y faire pénétrer le soleil
Repeindre l’existence en ocre n’est-ce point merveilleux !
Ma maison sera chaude et brulante sans passions
Car souffrir ne sera plus les clefs de mon cœur ridé
Défiguré, écrasé d’un pays de Cocagnes
Patio / passion
Par les foudres de faux dieux et faux humains
Que j’ai collectionné tous les deux ans et demi
De mes amours scandaleuses et givrées
Ne jardinant jamais
Engloutie dans les affres de l’amour fou et feu de paille
Je sombrais dans la fête et le deuil entre deux huitièmes et la moitié d’une mise en bière
Qui ne me donnaient rien qui vaille 
Tirant au hasard d’une envie humaine des apollons de toutes les tailles 
Aveuglée par moi-même plus que par Eux....
J’ai bu jusqu’à la lie les fruits de la passion
Goûtant à leur liqueur et faire taire Algorithmes de ce sacré cœur…
Dieu qu’il est bon de jardiner
Même de la mauvaise herbe
C’est que l’ortie éveille
Et surtout sommeille






JEAN PERRON


J'ai fait la découverte de Jean Perron, tout à fait par hasard lors d'un Salon du Livre. Son receuil m'a séduite par sa relation avec la nature et  les saisons. Son sens de l'observation et sa façon de se confondre au paysage. Son coup d'oeil  perçant me fascine. Je marche dans ses pas. Je vous partage ici "Flamme Intérieure" avec l'accord de l'auteur. (Gertrude Millaire)

FLAMME INTÉRIEURE

raquettes aux pieds
j’ai élargi le sentier
avant de m’éloigner
de cet espace étroit
sous les arbres blanchis
comme des os rongés
 

derrière les barreaux des ombres
la lumière
une émanation
de source inconnue
traversant les époques

l’enchantement et la misère
des passagers du froid et du rêve
 

sur la musique des vents déçus
leurs voix éraillées montent en moi

je dois trouver
la cadence
pour avancer
même si mes pas s’enfoncent
dans le désert blanc des jours
j’ai le corps en sueur
et le visage glacé
 

je regarde le soleil sombrer dans l’extase
les bourrasques de neige
sur les toits
enlacent la fumée des cheminées

et je veille sur ma flamme intérieure
comme d’autres chauffent leur foyer.

 

Tiré du recueil, Courant de l’après-midi 

                                                                    
                       

VINCE FASCIANi

Vince Fasciani est né en 1950. Il a vécu bord du lac Majeur avant de s'installer sur les rives du lac Léman. Deux lacs, deux cultures, deux langues dans lesquelles il écrit ses poèmes. (André Chenet)

je vais avoir une rude nuit devant moi
je me sens un peu mieux
la tête penchée d'un seul côté

je vais me coucher je cherche l'interrupteur
je crois qu'il y a un nouveau pays sous mon lit
je devrais me rendre là`bas

(In "Poèmes sans plomb" (Ed. L'Age d'Homme, 2006)

 

GASTON MIRON

               Gaston Miron, le grand poète québécois  (Lilas)

      

Vérité irréductible

O ton visage comme un nénuphar flottant
et le temps c'est le choeur des aulnes
à regretter continu sur des rives insensées

ton âme est quelque part
sur les collines de chair oubliée
et le temps c'est mon soulier
à creuser contre le ciel

à vivre mon angoisse poudrait
éclairait l'obscure arête de ma transparence
le temps c'est ton visage à aimer blanc

dans cette ville qui m'a jeté ses mauvais sorts
ton passage dure encore creuset de feu
le temps c'est une ligne droite et mourante
de mon oeil à l'inespéré.


 

coup de coeur de 
Michel Ostertag - Juliette Clochelune -
Gertrude Millaire - Lilas - André Chenet
 
décembre 2010

Pour lire les rubriques des anciens numéros :

http://www.francopolis.net/rubriques/rubriquesarchive.html