A
Francopolis,
la rubrique de vos textes personnels est une de nos fiertés.
Elle
héberge un ensemble de très beaux textes, d'un niveau
d'écriture souvent excellent, toujours intéressant et en
mouvement.
Nous redonnons vie à vos textes qui nous ont
séduit que ce soit un texte en revue, en recueil ou sur le web.
Poème Coup de Coeur du Comité janvier 2012
choix d'Eliette Vialle... José Chanly
choix de Gertrude Millaire... Félix Leclerc choix de Michel Ostertag... Paul Éluard choix d'André Chenet... Davertige choix d'Aurore Delrieu... Fernando Pessoa
FÉLIX LECLERC
Félix Leclerc,
ce poète bien enraciné dans le sol
québécois, se dresse droit devant nous comme un
chêne sous lequel on se repose à l'abri des
intempéries et des imbécillités des hommes.
(Gertrude Millaire)
Félix Leclerc - Notre sentier
NOTRE SENTIER
Notre sentier près du ruisseau est déchiré par les labours
Si tu venais, dis-moi le jour, je t'attendrai sous le bouleau
Les nids sont vides et décousus
Le vent du nord chasse les feuilles
Les alouettes ne volent plus, ne dansent plus les écureuils
Même les pas de tes sabots sont agrandis en flaques d'eau
Notre sentier près du ruisseau est déchiré par les labours
Si tu venais, fixe le jour, je t'attendrai sous le bouleau
J'ai réparé un nid d'oiseau, je l'ai cousu de feuilles mortes
Mais si tu vois sur tous les clos, les rendez-vous de noirs corbeaux
Vas-tu jeter en flaques d'eau, tes souvenirs et tes sabots?
Tu peux pleurer près du ruisseau, tu peux briser tout mon amour
Oublie l'été, oublie le jour, oublie mon nom et le bouleau.
Paul Éluard, est un des mes poètes préférés. Du recueil « Les Mains libres » datant de 1937, j’ai extrait ce poème intitulé Belle main que
j’affectionne particulièrement. En son temps, Paul Eluard a
été mon voisin de Charenton-le-Pont ce qui a fait qu’un
certain lien s’est établi entre lui et moi en plus de mon
intérêt pour sa poésie.
(Michel Ostertag)
Belle Main
Ce soleil qui gémit dans mon passé
N’a pas franchi le seuil
De ma main de tes mains campagne
Où renaissaient toujours
L’herbe les fleurs des promenades
Les yeux toutes leurs heures
On s’est promis des paradis et des tempêtes
Notre image a gardé nos songes
Ce soleil qui supporte la jeunesse ancienne
Ne vieillit pas il est intolérable
Il me masque l’azur profond comme un tombeau
Qu’il me faut inventer
Passionnément
Avec des mots.
Fernando Pessoa,
dans l'anthologie de Fernando Pessoa "Je ne suis personne", les
différentes personnalités de cet écrivain du
Portugal, sont mises à l'honneur. Parmi elles, Ricardo Reis,
"hétéronyme" gracile, précieux où sa
façon si particulière de regarder les choses devient
intemporelle... ( Aurore Delrieu)
Au souvenir de qui je fus
Au souvenir de qui je fus, je vois un autre,
Et le passé n'est le présent qu'en la mémoire.
Qui je fus est un inconnu que j'aime,
Et qui plus est, en rêve seulement.
De nostalgie blessée mon âme se languit
Non pas de moi-même, ou du passé que je vois,
Mais de celui que j'habite
Derrière mes yeux aveugles.
Rien, hormis l'instant, ne sait rien de moi.
Même mon souvenir n'est rien, et je sens bien
Que celui que je suis et ceux-là que je fus
Sont rêves différents.
Davertige (Villard Denis) de Port-au-Prince, peintre et poète, a beaucoup voyagé en Europe et en Amérique,
il est décédé à Montréal en 2004. (André Chenet)
Anacaona
Magicienne de la confiance au fond des bois
Tu n'es plus fétiche aujourd'hui car ce dialecte
Lèche tes pampres de lait pur Tes yeux me broient
L'image déferlée hors sur les mares infectes
L'innocence avant le déluge ton corps vit
Sur la merveille assez de ma vierge fragile
L'immense Ô tendresse aux fumants doigts il est dit
Pour cette source claire un hymne dans leur ville
Je t'évoque rosée algues à travers la tour
Un seul soleil qui fuit où fouine la matière
Diamant miraculeux ton feu a fait le jour
De l'herbe et le serpent d'été mur de lumières
Quand la fumée aura construit son arche bleue
J'inscrirai sur ma porte Agi-Aya Bombé