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Coup de coeur : Archives 2010-2011

  Une escale à la rubrique "Coup de coeur"
poème qui nous a particulièrement touché par sa qualité, son originalité, sa valeur.



 
( un tableau de Bruno Aimetti)


A Francopolis, la rubrique de vos textes personnels est une de nos fiertés.
Elle héberge un ensemble de très beaux textes, d'un niveau d'écriture souvent excellent, toujours intéressant et en mouvement.
Nous redonnons vie à vos textes qui nous ont séduit que ce soit un texte en revue, en recueil ou sur le web.


Poème Coup de Coeur du Comité
janvier 2012


choix d'Eliette Vialle...         José Chanly
choix de Gertrude Millaire
...   Félix Leclerc
choix de Michel Ostertag...  Paul Éluard
choix d'André Chenet...       Davertige
choix d'Aurore Delrieu...       Fernando Pessoa 
                





FÉLIX  LECLERC
Félix Leclerc, ce poète bien enraciné dans le sol québécois, se dresse droit devant nous comme un chêne sous lequel on se repose à l'abri des intempéries et des imbécillités des hommes.
(Gertrude Millaire)




Félix Leclerc - Notre sentier


NOTRE SENTIER


Notre sentier près du ruisseau est déchiré par les labours
Si tu venais, dis-moi le jour, je t'attendrai sous le bouleau
Les nids sont vides et décousus
Le vent du nord chasse les feuilles
Les alouettes ne volent plus, ne dansent plus les écureuils
Même les pas de tes sabots sont agrandis en flaques d'eau

Notre sentier près du ruisseau est déchiré par les labours
Si tu venais, fixe le jour, je t'attendrai sous le bouleau
J'ai réparé un nid d'oiseau, je l'ai cousu de feuilles mortes
Mais si tu vois sur tous les clos, les rendez-vous de noirs corbeaux
Vas-tu jeter en flaques d'eau, tes souvenirs et tes sabots?

Tu peux pleurer près du ruisseau, tu peux briser tout mon amour
Oublie l'été, oublie le jour, oublie mon nom et le bouleau.



Félix Leclerc : poète et chanteur rebelle

PAUL  ELUARD

Paul Éluard, est un des mes poètes préférés. Du recueil « Les Mains libres » datant de 1937, j’ai extrait ce poème intitulé Belle main que j’affectionne particulièrement. En son temps, Paul Eluard a été mon voisin de Charenton-le-Pont ce qui a fait qu’un certain lien s’est établi entre lui et moi en plus de mon intérêt pour sa poésie.
(Michel Ostertag)



Belle Main

Ce soleil qui gémit dans mon passé
N’a pas franchi le seuil
De ma main de tes mains campagne
Où renaissaient toujours
L’herbe les fleurs des promenades
Les yeux toutes leurs heures
On s’est promis des paradis et des tempêtes
Notre image a gardé nos songes


Ce soleil qui supporte la jeunesse ancienne
Ne vieillit pas il est intolérable
Il me masque l’azur profond comme un tombeau
Qu’il me faut  inventer
Passionnément
Avec des mots.

* Présention et plus de poèmes sur PierdeLune


FERNANDO PESSOA
 
Fernando Pessoa, dans l'anthologie de Fernando Pessoa "Je ne suis personne", les différentes personnalités de cet écrivain du Portugal, sont mises à l'honneur. Parmi elles, Ricardo Reis, "hétéronyme" gracile, précieux où sa façon si particulière de regarder les choses devient intemporelle... ( Aurore Delrieu)


Au souvenir de qui je fus

Au souvenir de qui je fus, je vois un autre,
Et le passé n'est le présent qu'en la mémoire.
Qui je fus est un inconnu que j'aime,
Et qui plus est, en rêve seulement.
De nostalgie blessée mon âme se languit
Non pas de moi-même, ou du passé que je vois,
Mais de celui que j'habite
Derrière mes yeux aveugles.
Rien, hormis l'instant, ne sait rien de moi.
Même mon souvenir n'est rien, et je sens bien
Que celui que je suis et ceux-là que je fus
Sont rêves différents.

Ricardo Reis (« hétéronyme » de Fernando Pessoa)


* Sa présentation sur Biblio-Monde

 


                   JOSÉ CHANLY

José Chanly, né à Namur, poète et peintre. Ses haïkus sont frais et pleins de vie. (Éliette Vialle)

HAÏKUS ET TANKAS DE DECEMBRE 2003




Du bas du village

où serpente une rivière

aux bords blancs de givre

s'élève la fumée grise

d'une chaumière, Serville



Des pruniers veillaient
dans le verger de ma tante
cri de la hulotte


Derrière le vieux prunier
la lune a les cheveux
ébouriffés


Fenêtre emperlée
de pluie ciel tout gris, et si
je me recouchais?
Un soir de décembre
le vent chantonne dans l'âtre
sursaut d'une flamme


Sous un ciel bleu clair
la cloche égrenait ses notes
au-dessus du givre





Il ne comptera
guère mais je le célèbre
ce Jacques Leclef
natif de Weillen et mort
en dix huit cent vingt et un


Dans le ciel les cris
d'un oiseau de proie, sur l'eau
marche un fier corbeau
il a fait si froid la nuit
qu'il se prend pour Jésus-Christ


Sa vie se résume
à deux dates sur un  arbre
généalogique


Le cormoran vole
en frôlant l'eau de la Sambre
au grand dam des sandres


Comme s'il n'y avait
assez de grisaille
une cheminée fume


* Plus de haïkus sur metamorphause


                           DAVERTIGE

Davertige (Villard Denis) de Port-au-Prince, peintre et poète, a beaucoup voyagé en Europe et en Amérique,
il est décédé à Montréal en 2004. (André Chenet)


Anacaona


Magicienne de la confiance au fond des bois
Tu n'es plus fétiche aujourd'hui car ce dialecte
Lèche tes pampres de lait pur Tes yeux me broient
L'image déferlée hors sur les mares infectes

L'innocence avant le déluge ton corps vit
Sur la merveille assez de ma vierge fragile
L'immense Ô tendresse aux fumants doigts il est dit
Pour cette source claire un hymne dans leur ville

Je t'évoque rosée algues à travers la tour
Un seul soleil qui fuit où fouine la matière
Diamant miraculeux ton feu a fait le jour

De l'herbe et le serpent d'été mur de lumières
Quand la fumée aura construit son arche bleue
J'inscrirai sur ma porte Agi-Aya Bombé


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coup de coeur de

 Éliette Vialle,Gertrude Millaire,
  Michel Ostertag, Aurore Delrieu, André Chenet

  janvier
2012

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